Buena Vista Social Club
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Buena Vista Social Club
Revival
Film documentaire signé Stascha Bader et intitulé : Rocksteady : Aux origines du reggae, sorti, de mémoire, en 2009, mais rediffusé plusieurs fois sur les chaînes de France Télévision depuis. C'est le Buena vista Social Club jamaïcain : on y croise les vieilles gloires du rocksteady (66-68) évoquant leurs belles années plus de quarante ans après. Certains ont des cannes, des lunettes qui pendent autour de leur cou, le geste est moins sûr, ils avancent moins vite, se reposent plus souvent, mais l'envie et l'humour sont toujours là.
Le point de départ est le suivant : il va y avoir un concert revival rocksteady et les chanteurs et musiciens de l'époque (dont beaucoup avaient quitté la Jamaïque) se retrouvent à Kingston. Le réalisateur en profite donc pour les choper tous en même temps. Sont présents, de mémoire toujours, je vais sans doute en oublier quelques uns en route : Stranger Cole, Derrick Morgan, Ken Boothe, Judy Mowatt, Sly Dunbar, Ernest Ranglin.
Le film mélange images d'archive, interviews contemporaines dans le nouveau Kingston et extraits du concert (pas assez, bien sûr, mais j'imagine que l'intégralité doit pouvoir se trouver, et puis le format d'un docu télé n'est pas extensible à volonté, il faut bien faire des choix).
À mon sens, deux éléments valent vraiment le coup dans le film : les anecdotes livrées par les chanteurs et chanteuses sur leur vie et leur carrière, et les séquences de chant. Par exemple, Stranger Cole nous apprend que c'est son père qui l'a surnomme « l'étranger » car bébé, il ne ressemblait à aucun membre de sa famille. À un moment, on apprend aussi pourquoi le groupe Carlton and His Shades (Carlton et ses ombres) est devenu Carlton an His Shoes (Carlton et ses chaussures) : erreur typographique sur une affiche de concert : le nouveau nom est resté. C'était sans doute moins cher de modifier le nom du groupe que de réimprimer toutes les affiches.
Dansez le rocksteady
Les séquences chantées en studio comme sur scène sont juste terribles, elles sont l'âme du film. On y voit tour à tour un chanteur entonner la chanson d'un autre (Derrick Morgan qui chante du Stranger Cole) accompagné par les musiciens dont Sly et Ernest Ranglin, et les copains se mettent aux chœurs. Ça le fait. C'est tout sourire, la rigolade entre vieux potes. C'est l'effet rocksteady, des chansons douces parlant d'amour, mais sans oublier le côté social.
Il y a aussi une méchante séquence de danse en studio où un danseur explique la différence entre le ska, plus rapide, et le rocksteady, plus nonchalant. Et pendant qu'il explique, il fait quelques pas sans musique. Rien qu'à le voir se trémousser, on comprend la différence, et au-delà, on comprend que le reggae, tous genres confondus, est une musique créée pour les danseurs de sound-system avant tout.
Stranger Cole est le visage du film. C'est lui que l'on voit en premier dans un studio, un drapeau jamaïcain en arrière-plan, lui qu'on entend en premier. Ensuite on voit beaucoup Derrick Morgan, un peu macho, mais toujours en train de se marrer, puis Judy Mowatt, un Ken Boothe complètement habité par ses chansons. Et tous ceux-là sont encore debout pour chanter à 70 piges passées, la vague d'excès et de violence qui a balayé la génération suivante les a miraculeusement épargnés.
Esprits criminels
Une dernière petite chose : c'est bien Derrick Morgan, et pas Dereck Morgan. Derrick, c'est le chanteur de rocksteady, Dereck l'agent beau gosse du FBI dans la série « Esprits criminels ». Si vous avez du mal à faire la différence, c'est facile : Derrick Morgan a une canne.
Hervé Fuchs vor einem Jahr
Je pensais que Ken Boothe était avec des gens comme Laurel Aitken les grands-pères du ska
Benjamin Mimouni vor einem Jahr
Il est de la génération suivante (20 ans de moins que Laurel Aitken), toujours vivant.