Un amant, un couteau.
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Un amant, un couteau.
Elle était de celles qui n’avaient peur de rien. Et pour cause ! Elle passait la majeure partie de sa vie attachée à ces roues en bois (vous savez, ces roues qui tournent très vite), le temps que le gugusse, en face, lançât tous ses couteaux, faisant en sorte de l’éviter. Elle n’avait jamais eu aucune inquiétude, certainement plus encore parce qu’elle n’avait rien à perdre que par le fait qu’il ne manifestait jamais aucune hésitation. Elle avait toujours un peu le tournis, mais elle en avait pris l’habitude.
Un soir, après une énième représentation, il l’invita à sortir. Un verre, deux verres, et son tournis reprit. Pourtant, la raison de son vertige n’était pas l’alcool. Elle était conquise. Ce cabotin qui, jusqu’à présent, ne lui envoyait que des couteaux, devenait homme à ses yeux.
Le matin suivant, la chambre témoignait la fougue des deux amants : des vêtements jetés à même le sol, un lit chamboulé, froissé.
Une séance d’entraînement les attendait bien sûr. Pourtant, elle ne put jamais se résoudre à tourner de nouveau, et lui, à lancer des couteaux. Il n’était plus question de se perdre.