Qui suis-je ?
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Qui suis-je ?
Le thème qui a donnée vie à ce dessin et l'histoire qui s'en suit est : Fantasy.
Et voici pour la petite histoire qui s'intitule : "Qui suis-je ?
- Vous ai-je déjà raconté la légende de l’arbre Inodis, les enfants ?
- Non ! firent-ils en cœur.
J.P. s’installa confortablement au fond du canapé, vidant le fond de sa bière.
- Tout commence par la plus belle des sangs impurs, une hybride, fit-il sur un ton plein de mystère.
Les enfants étaient pendus à ses lèvres. Un « Ohh » général se fit entendre.
- Aélys était un magnifique mélange de race humaine et féerique. Elle était aussi grande que la maman de Léoris (son regard se dirigea vers la cuisine où se trouvait Tylianys). Ses traits étaient fins et sa peau aussi lisse qu’un brugnon.
- Papy ? C’est quoi, un Bunon ? fit Léoris.
J.P. ne put s’empêcher de lâcher un sourire. Léoris n’avait que 8 ans. Il avait encore l’âge béni où tout était curiosité, tout était rêverie. « Quelle période extraordinaire », pensa-t-il.
- Un BRUGNON, mon cher petit fils. C’est un fruit exquis, je t’en ferais goûter un demain si tu le souhaites.
- Si c’est un fruit, je suis d’accord. Moi, je ne veux PAS de légumes, surtout s’ils sont verts.
J.P. se mit à rire aux éclats. Les enfants et leur énergie, leur naturel. Sur un air de nostalgie, il continua.
- Aélys avait été bercée dès sa tendre enfance par des histoires incroyables et beaucoup d’entre elles étaient sur l’arbre Inodis. Sa grand-mère, avant de mourir, lui avait mainte fois raconté qu’il était à l’origine de toutes créatures fantastiques, les non-humains. Mais Aélys n’avait jamais cru en ce conte. Son père aussi. La grand-mère était souvent prise pour une folle, mais Aélys l’apprécie beaucoup.
- Mais, monsieur le papy de Léoris ? Cela veut dire que les fées étaient créées par l’arbre ?
- Appelle-moi Papy, ma petite Gaëlle. Pour répondre à ta question, c’est plutôt la magie que ces créatures possédées qui était due à Inodis. Il transmettait ces forces à tout être dit surnaturel. Les fées, les elfes, mais aussi la nature environnante. Les plantes profitaient aussi de cette essence merveilleuse, qu’est la magie. Aélys devenait de plus en plus humaine, force de côtoyer que notre monde. Elle était née dans un hôpital, comme nous tous. Elle allait à l’école, comme vous, les enfants.
- Ohh, la pauvre, fit Gaëlle.
- L’école n’est pas une punition, fit J.P. sur un ton amusé. Bien au contraire, elle s’y fit pleins d’amis, tous aussi gentils les uns que les autres.
- Ce n’est pas comme Paul, il n’arrête pas de m’EMBÊTER. Les garçons, de toute façon, c’est méchant !
Léoris regarda Gaëlle d’un air gêné. Il se savait gentil, mais il était tout de même un garçon. Gaëlle remarqua qu’elle avait blessé son plus tendre ami d’enfance.
- Mais pas toi, Léoris, rassure-toi. Il n’y a que toi, que j’adore comme garçon.
Léoris se mit à rougir, ne sachant que dire. J.P. continua sur sa lancée.
- Aélys ne sut qu’à l’âge de l’adolescence, que du sang de fée coulait dans ces veines. Elle n’avait jamais connu sa mère. Sa disparition fut expliquée par le fait qu’elle était atteinte d’une maladie très grave, emportant sa vie. Aélys n’en sut jamais plus.
- C’est triste, elle n’a pas de chance, fit Gaëlle. Moi, je ne saurai pas ce que je deviendrai sans ma maman et mon papa. Je les adore. Même s’il m’oblige à toujours faire mes devoirs, et de me dire, TOUS LES JOURS, que je dois faire mon lit, les aider à la maison, débarrasser la table…. C’est un ENFER.
- C’est la dure loi de la vie, ma chère Gaëlle, fit J.P. un rire en coin.
- Qu’est-ce qui se passa après Papy ? (Fit Léoris impatient)
J.P. se servit un verre d’eau pour en boire une gorgée, et continua.
- À ces dix-huit ans, le jour de son anniversaire, Aélys reçut une curieuse lettre. Aucun cachet de la poste. Aucun nom d’expéditeur. Rien. Elle hésita à l’ouvrir. Un soudain malaise lui prit. Avant de déchirer l’enveloppe, d’un jaune passé comme vieilli par le temps, elle demanda à son père qui lui avait remise. Celui-ci lui répondit simplement qu’il avait récupéré sur le bas de la porte. À moitié en sueur, elle décida de l’ouvrir plus tard.
J.P. fit à nouveau une pause pour boire. Il vit les enfants bouche bée, attendant la suite. Leur silence dû à leur curiosité était vraiment mignon à voir. J.P. reprit de plus belle, ne voulant pas abuser de leur patience.
- Le lendemain, Aélys demanda au facteur ce qu’il savait de la lettre. Il fut tout autant surprit. Jamais il n’avait vu d’enveloppe de ce type de toute sa carrière. Le format, la couleur, une sorte d’odeur fleuris, la parfumée, rien qui n’était conforme avec leur lettre habituelle. C’est seulement bien des jours plus tard, qu’elle prit la peine de l’ouvrir. Comme pour chercher un soutien, elle le fit dans le salon, un soir sans lune, pendant que son père regardait un film d’action. Un de plus. Elle décolleta l’enveloppe doucement. Peur qu’elle soit piégée ? Peur de découvrir ce qu’elle refermait ? Certainement.
- Papyyy… !!! Dis-nous ce qu’il y avait sur cette lettre ! Arrête avec tes questions ! fit Léoris en grimaçant.
- Oui, mon chéri, j’y viens, ne t’inquiète pas. Elle prit enfin la lettre entre ces mains. Des symboles apparaissaient en en-tête. Des caractères runiques ? Ce qui était sûr, c’est qu’elle n’avait jamais vu ce genre de symboles de toute sa vie. Pourtant, cela lui semblait familier. Pourquoi, se demanda-t-elle ? Interloquée, elle descendit ces yeux sur le reste du courrier. Le texte devenait visible au fur et mesure qu’elle le lisait. Incroyable ? Non, elle avait mis cela sur le coup de la fatigue.
- Oui, moi aussi, quand je suis très fatiguée, je crois ne plus voir correquement, fit Gaëlle.
- Correctement, ma chère Gaëlle, correctement. Oui, la fatigue peut faire cela. Voici ce que la lettre disait :
« Ma chère et tendre Aélys .
Dire que c’est moi qui t’ai donné ce nom, et que je n'ai jamais eu l'occasion de le prononcer devant toi.
Ce que tu vas lire ici te surprendra, j’en suis sûre. Tu n’auras pas envie d’y croire. Tu ne voudras peut-être même pas la lire jusqu’au bout. Mais sache que tout est vrai. Tout. Si tu en trouves le courage, je saurais te le prouver à la fin de celle-ci.
Je ne sais pas par quoi commencer. Par le début, ça serait déjà mal, je suppose.
Aélys, tu n’es pas comme les autres. Tu n’as pas encore pu t’en apercevoir, car il te manque quelque chose d’essentiel pour que tu t’éveilles enfin. Si tu le souhaites, je ferais de toi le papillon qui doit sortir de son cocon. »
Aélys arrêta un instant sa lecture. Qu’est-ce que c’était que toutes ces bêtises ? Une farce ? Elle ne reconnaissait aucunement l’écriture d’une quelconque amie, et encore moins une personne de la famille. Elle interrompit son père, qui était comme happé devant la télé. Celui-ci vint à la joindre, non sans râler. Quand elle lui demanda qui avait pu écrire cette lettre, son père resta figé. « Ma fille, tu vas bien ? Ta lettre…, elle est vierge. Il n’y a rien dessus. Absolument rien », lui répondit-il. Le temps qu’elle réagisse aux paroles de son père, celui-ci avait déjà rejoint le canapé pour regarder son film.
- Il n’y avait rien sur la lettre, mais ce n’est pas possible, elle a lu quelque chose dessus. C’est encore un coup de la fatigue ? fit Gaëlle.
- Non, mademoiselle, non… fit J.P. avec un soupire long et plein de mystère. Aélys était prise de panique, des sueurs froides lui vinrent, mais elle se sentait obligée de continuer.
« Ton père ne peut pas lire ce qui est écrit ici, et non, tu n’es pas folle »
Pas folle, pensa-t-elle ? Mais, comment cette lettre pouvait-elle savoir dans quel état elle se trouvait ? Comment avait-elle pu savoir qu’elle allait demander à son père de la lire ? Et surtout, comment et pourquoi, lui, il ne voyait rien ?
Les enfants étaient de plus en plus absorbés par l’histoire. La mère de Léoris tenta un « C’est l’heure du goûter, les enfants », mais rien n’y fit. Personne ne réagit. « Quand ils sont à l’écoute de papa, c’est dingue comme plus rien n’existe autour d’eux », pensa-t-elle.
- Aélys fit machinalement les cent pas dans le salon, mais elle se remit à sa lecture. Un besoin irraisonné de savoir.
« Ma belle, tu dois avoir dix-huit ans au moment où tu lis cela. Tu dois être une merveilleuse jeune femme. Mon plus grand regret est celui de ne pas t’avoir vu grandir ».
Plus elle avançait dans la lettre, et plus Aélys sentait le sol se dérober sous ces pieds. Il prit une chaise et s’assit dessus, lui évitant ainsi de tomber.
« Ne sois pas inquiète, et reprends ton calme. Je vais revenir au fait, car, il faut que tu saches.
Oui, tu l’as bien devinée, je suis ta mère. Je ne suis pas morte comme ton père ou le reste de la famille te l’a dit. Surtout, ne leur en veux pas. Ils sont comme toi, ils ne connaissent pas le réel motif de ma disparition. Il fallait trouver une raison. La maladie. Ils ne savent pas non plus qui je suis vraiment ... ni qui tu es.
Ne m’en veux pas non plus, même si c’est plus facile à écrire, que de te le dire en face.
Toi et moi, nous avons un point en commun. Une force que tu dois dévoiler. Que tu le croies ou non, moi, ta mère, je suis une fée. »
Aélys fit un bond sur sa chaise. Son père la regarda, inquiet, et lui demanda aussitôt si tout allait pour le mieux. Elle fit mine que ce n’était qu’un simple sursaut et monta dans sa chambre. Elle ne voulait pas que son père se pose trop de questions. Une fois allongée dans son lit, elle reprit la lettre entre ses mains.
« Tu as bien fait d’écarter ton père de cette histoire, le pauvre n’y peut rien. Tu sais, je l’ai tant aimée. »
Comment pouvait-elle savoir à nouveau qu’elle s’était mise à l’écart ?
« Ne te pose pas trop de questions, ma fille. Tu auras bientôt les réponses que tu attends, si cela reste toujours ton désir. Je viens d’un monde, interdit aux humains. Un monde étroitement attaché à l’arbre de Inodis, fondateur de toutes essences de vies magiques. Oui, tu as du sang de fée, le mien, qui coule dans tes veines. La magie peut imprégner ton corps, mais, pour cela, il faut que tu lui en laisses l’occasion.
N’aie aucune crainte. Si tu veux me rejoindre, savoir qui tu es vraiment, prends la plume qui est posée sur ton bureau. »
Aélys savait pertinemment qu’elle n’avait pas de plume, elle écrivait toujours au stylo bille. Mais, avec tous les mystères qu’elle venait d’endurer, plus rien ne la surprenait. Quand elle alla à son bureau, en effet, une belle plume noire y était. Un encrier se trouvait juste à côté. Elle était entre affolée et excitée. Tout ceci ne pouvait être une blague. La magie existe ? Ma vie n’était qu’un grand lot de mensonge, pensa-t-elle ? Amenant la lettre sur le bureau, elle prit la plume et continua de lire, comme si elle voulait en venir à bout.
« C’est bien ma fille, je savais que tu serais courageuse. Pour me rejoindre, c’est simple, il te suffit d’écrire ton nom, juste à la fin de ce courrier. Ton corps et ton âme seront instantanément téléportés jusqu’à nous. Si tu signes, je te dis … à bientôt.
Ta mère, qui t’aime. »
- Et elle a signé Papy ? Elle l’a fait ?
- Oui, Monsieur le Papy de Léoris, elle l’a fait ? Elle est partie ? Elle a écrit son nom sur la feuille ?
- Doucement les enfants, doucement. Écoutez sagement la suite. Aélys ne sut quoi faire. Croire en tout cela ? Tout ceci ressemblait à un rêve. Un mauvais rêve. Et, d’un coup d’un seul, elle signa, se disant qu’elle devait le faire. Elle ne pouvait pas lâcher l’opportunité de savoir qui elle était vraiment.
- Ohhh… Mais que s’est-il passé ? Elle a disparu ? Ou alors c’était vraiment un rêve ? (Fit Léoris, tout agité)
- Cela, mon cher petit fils, personne ne le sut.
- Comment ? Mais, comment ? Mais, on ne sait pas ce qu’il sait passé ? fit Gaëlle, presque agacée de cette fin si abrupte.
- Aélys avait disparu, oui, les enfants. Mais, personne ne sut vraiment ce qu’elle était devenue. La seule trace qu’elle laissa derrière elle, à son père bien aimé, était un dessin mystérieux dans un paysage totalement inconnu. Aélys se tenait comme en lévitation au-dessus d’un lac couleur pourpre. Des sortes d’ailes dans son dos, tellement translucides qu’on les discernait à peine, lui permettaient certainement de voler. Elle était habillée très légèrement. Le décor qui lui faisait face était encore plus énigmatique. Elle semblait être dans une grotte, habitée par une végétation très particulière, du jamais vu. Il n’y avait qu’un seul point lumineux, qui éclairait l’ensemble de la grotte. On put y apercevoir, sur des morceaux de stalactites, des inscriptions runiques, similaires à ceux de la lettre. Elle y était. Inodis se tenait là, devant elle. La source de lumière émanait de lui. Cet arbre, ressemblant à un étrange mélange entre une méduse et un saule pleureur, avait en son sommet, une sorte d’orbe délivrant une puissance phénoménale. Aélys était sûrement devenue … une fée.