Ne dites plus base sous-marine mais Bassins de Lumières
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Ne dites plus base sous-marine mais Bassins de Lumières
Elle était à Bordeaux, aux bords de la Garonne, abandonnée depuis de nombreuses années. Plus personne ne s’y intéressait. Mais cette base sous-marine, construction hors norme, vilaine et dégradée, monstre de béton presque octogénaire s’est métamorphosée par la magie du numérique.
Une construction gigantesque et indestructible
Au nord de Bordeaux, dans le quartier Bacalan, en 1939, le port est réquisitionné. La ville marchande avec ses échanges de coton, de sucre, de cacao est à l‘arrêt.
Les Allemands s’installent, la guerre est là.
De septembre 1941 à 1943, les Allemands veulent édifier une nouvelle base sous-marine, la cinquième du « mur de l’Atlantique ». Il faut faire vite, très vite. La construction ne dure que 22 mois. Sur 40 000 m2, 11 alvéoles de près de 115 mètres de long, épaisses de 5 mètres voient le jour. 600 000 m3 de béton ont été versés par plus de 6 000 travailleurs, dont un tiers de prisonniers réfugiés espagnols. Epuisés, certains laisseront leur vie au fond des caissons. Cette base accueillera une quarantaine de sous-marins.
En 1943, les Américains décident de bombarder la base de Bacalan. Cinq sous-marins seront échoués, la dizaine de bombardements qui suivra n’égratignera même pas ce colosse de béton. Après la guerre, jusqu’à la fin des années 60, la base sous-marine se transforme en friche, en squat. Elle est même pillée par les ferrailleurs.
Quelques artistes y voient un lieu d’exposition, sans trop de succès. Certains pensent la transformer en marina, en conservatoire international de la plaisance. La musique s’y invite parfois, mais la foule n’est pas au rendez-vous.
Une base sous-marine transformée en bassins de lumières
Le défi a pu paraitre un peu fou. La métamorphose a bien eu lieu. De vilains murs gris ont miraculeusement revêtu des habits de lumière.
Culturespaces, spécialiste des expositions immersives a opéré sa magie à Bordeaux, Les tristes murs s’animent de tableaux mouvants, créant ainsi le plus grand centre d’art numérique au monde. « Nous devions aux Bordelais et aux visiteurs, confie Bruno Monnier, président de Culturespaces, de raconter l’histoire de cette construction hors norme. »
Une installation des plus perfectionnée
Des équipements technologiques de pointe ont été installés. Des caissons étanches ont dû être réalisés contre l’humidité et la salinité de l’eau. Les tableaux des artistes s’animent, mêlant tout à la fois musique et jeux de lumière. Une mise en scène qui pourrait en dérouter plus d’un avec ce mélange dans l’espace, le tout en totale immersion. Le visiteur déambule, passe d’une alvéole à l’autre. Il compose lui aussi sa visite.
Quelques chiffres :
- 12 000m2 de projection -murs et sols-
- 4 bassins de 100 m de projection
- 4 passerelles
- 100 projecteurs
- 16 millions d’Euros
- 800 millions de pixels
- 3 000 m² de surface de déambulation –
- 90 vidéos projecteurs et
- 80 enceintes
- 100 km de fibre optique
Les installations
Autour des quatre immenses bassins sont présentés en continu un cycle d’expositions numériques et immersives alternant une création longue, consacrée aux grands artistes de l’Histoire de l’art, et une création moderne, d’une durée plus courte.
La Citerne immersive, espace de 155 m² et de 7 m de haut, permet de s’asseoir et s’allonger afin de découvrir les expositions numériques autrement. Une application mobile, disponible gratuitement, permet de découvrir et d’en apprendre davantage sur les œuvres présentées dans l’exposition.
Dans le Cube, espace de 220 m², dédié aux artistes contemporains de l’art immersif, sont présentées parallèlement des créations de talents confirmés ou émergents du numérique.
Un espace dédié à l’histoire de la Base : au centre des Bassins de Lumières, un espace, en accès libre, réalisé avec l’aide de l’historien de l’art bordelais Mathieu Marsan, retrace l’histoire du lieu au passé fort à travers huit panneaux. En poussant les portes de l’espace « Histoire de la Base », le visiteur part à la découverte de cet immense vestige naval. Grâce à des images d’archives, à des extraits de film contemporains et à une spectaculaire projection de sous-marin allemand, le visiteur voyage depuis la construction de la Base durant la Seconde Guerre mondiale jusqu’à sa reconversion en centre d’art numérique.
Jusqu’au 2 janvier 2022
Voyages en Méditerranée le long des bassins :
(de 10h à 18h)
Un parcours de l’impressionnisme à la modernité révèle le lien entre la création artistique et les rives méditerranéennes, bassins majeurs de la modernité. Une immersion dans les chefs-d’œuvre d’une vingtaine d’artistes : Renoir, Monet, Pissarro, Signac, Derain, Vlaminck, Dufy, Chagall…
Un programme réalisé par Gianfranco Iannuzzi, Renato Gatto, Massimiliano Siccardi.
- L’Impressionnisme : l’exposition immersive débute avec des chefs-d’œuvre incontournables de Claude Monet et Auguste Renoir comme Les nymphéas (1914-1926) et Femme à l’ombrelle tournée vers la droite (1886) de Monet, et Bal du Moulin de la Galette (1876) de Renoir.
- Les lumières de la Méditerranée : Considéré comme le doyen des impressionnistes, Camille Pissarro (1830-1903) est une figure clé du mouvement. Il s’installe et peint Paris de 1855 ou il côtoie notamment Claude Monet et Paul Cézanne. À partir de 1857, le train PLM relie Paris à Marseille en passant par Lyon. Les villages colorés de la côte méditerranéenne deviennent facilement accessibles et émerveillent le Tout-Paris.
- Les fauves : C’est une véritable révolution de la couleur qui trouve son apogée avec le fauvisme. Venant pour la plupart du nord de la France et de l’Europe, les peintres Charles Camoin (1879-1965), André Derain (1880-1954), Maurice de Vlaminck (1876-1958), Othon Friesz (1879-1949), Henri Manguin (1874-1949), Albert Marquet (1875-1947), Louis Valtat (1869-1952) sont à leur tour séduits par le climat et les contrastes entre éclat et douceur qu’offre la Méditerranée. André Derain (1880-1954) rejoint notamment Matisse à Collioure en juillet 1905. Ensemble, exposés à la lumière méditerranéenne, ils bousculent les codes picturaux. Ils font le choix de couleurs pures et arbitraires dans une série de vues maritimes fondatrices au sable rouge ou aux arbres orange ou bleus. Les paysages de l’Estaque, de Collioure ou Saint-Tropez sont leurs sujets de prédilection.
« Yves Klein, l’infini bleu » : Originaire de Nice, Yves Klein admire le ciel de la Méditerranée et y voit sa première œuvre, l’origine de son inspiration. Avec Yves Klein, la couleur prend une dimension spirituelle et métaphysique. Cette création d’une dizaine de minutes plonge le visiteur dans les œuvres de l’artiste, au-delà de son célèbre bleu IKB (International Klein Blue). On y découvre, entre autres, l’empreinte du corps avec ses Anthropométries ou de la nature avec ses Cosmogonies et ses Reliefs Planétaires. Réalisation et mise en scène Cutback.
Deux artistes de Lumières
(de 18h à 20h )
« Gustav Klimt, d’or et de couleurs »
Gustav Klimt (1862-1918) est le peintre phare du symbolisme autrichien, précurseur de la peinture moderne. Le visiteur est immédiatement plongé dans le Vienne de la fin du XIXe siècle, avec ses portraits, ses paysages, ses nus, tout en couleurs et en dorures. Aucun musée au monde n’offre une telle dimension d’exposition. Toutes ces œuvres s’emparent des murs, des bassins et des passerelles des quatre alvéoles de la base.
« Paul Klee, peindre la musique »
Paul Klee (1879-1940) et ses œuvres plus graphiques tout aussi colorées. Il faut voir aussi ce joli pied de nez à l’histoire. Les œuvres de Paul Klee furent interdites d’exposition à l’arrivée au pouvoir d’Hitler et l’artiste contraint de quitter le pays. Le voici qui règne en maitre sur des murs allemands.
Les visiteurs seront plus d’une fois surpris et envoûtés. Bordeaux peut vraiment être fière de ses bassins.
www.bassins-lumières.com
Base sous marine
Boulevard Alfred Daney
33300 Bordeaux
Tel : 05 35 00 00 90