Les Hirondelles de Kaboul (Zabou Breitman et Eléa Gobbé-Mévellec, 2019)
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Les Hirondelles de Kaboul (Zabou Breitman et Eléa Gobbé-Mévellec, 2019)
Techniquement, rien à dire, "Les hirondelles de Kaboul" est superbe. Il faut dire que la France a du savoir-faire en matière de cinéma d'animation et que cela se ressent dans le film, avec les délicates aquarelles de Eléa Gobbé-Mévellec qui avait auparavant travaillé sur "Les Triplettes de Belleville" (2003) et "Ernest et Célestine" (2012) et qui a co-réalisé le film aux côtés de Zabou BREITMAN. Et bien qu'elles soient trop rares, il y a de belles idées poétiques qui émanent de cette animation comme les burquas qui se muent en hirondelles dans le ciel (cela m'a rappelé un livre de jeunesse, "Djinn la malice" dans lequel une petite fille jouait à faire l'oiseau avec les pans de son tchador).
Cependant cela ne suffit pas à faire de ces "Hirondelles de Kaboul" un film marquant. Tout simplement parce que l'histoire relève de l'art d'enfoncer les portes ouvertes et que l'intrigue est cousue de fils blancs. Rien ne m'agace davantage que les occidentaux qui s'achètent une bonne conscience en conspuant les civilisations dites obscurantistes, islamiques, forcément. Il est vrai que nos civilisations occidentales chrétiennes sont tellement éclairées qu'elles sont juste en train de détruire toute vie sur terre. Bizarrement, les réalisateurs ne se bousculent pas au portillon pour parler des sécheresses à rallonge, des méga-feux, des pandémies ou de la sixième extinction de masse. Non seulement on ne fait pas de bons films avec de bons sentiments mais on aboutit à l'inverse à stigmatiser les autres cultures. De vieux réflexes moralisateurs post-coloniaux qui ont la vie dure. Plutôt que de parler "sur" un peuple privé des moyens de produire ses propres films, il aurait mieux valu évoquer la situation des femmes en occident, il y avait largement de quoi dire. Quant à l'histoire, j'avais deviné la fin au bout de dix minutes de film, c'est dire si elle est convenue.