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Hildegarde de Bingen

Hildegarde de Bingen

Veröffentlicht am 23, Juni, 2024 Aktualisiert am 23, Juni, 2024 Kultur
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Hildegarde de Bingen

 

 

Hildegarde de Bingen, abbesse bénédictine allemande du XIIe siècle, fut une femme exceptionnelle dont l'influence perdure jusqu'à nos jours. Visionnaire, écrivaine, musicienne, scientifique et guérisseuse, elle a laissé une œuvre riche et variée qui témoigne de son génie et de son époque.

Son enfance et ses premières visions mystiques

Hildegarde de Bingen nait en 1098 à Bermersheim vor der Höhe, près d'Alzey dans la Hesse rhénane, au sein d'une famille noble du Palatinat. Elle est la dixième et dernière enfant de Hildebert et Mechtilde (Mathilde), probablement issus du comté de Spanheim.

Dès sa plus tendre enfance, Hildegarde est marquée par des expériences mystiques extraordinaires. Elle affirme recevoir ses premières visions dès l'âge de 3 ans, déclarant, plus tard :

— Dans la troisième année de mon âge j'ai vu une telle lumière que mon âme en a été ébranlée, mais à cause de mon enfance, je n'ai rien pu en dire.

Ces visions précoces vont définir le cours de sa vie. Ses parents, reconnaissant sa nature particulière, la vouent au service de Dieu dès sa naissance. À l'âge de 8 ans, conformément à la pratique de l'oblation, Hildegarde est confiée aux soins de Jutta von Sponheim au monastère bénédictin de Disibodenberg. 

Malgré la richesse de ses expériences mystiques, Hildegarde garde longtemps le silence sur ses visions. Ce n'est qu'à l'âge de 42 ans, en 1141, qu'elle reçoit ce qu'elle décrit comme un ordre divin de transcrire ses visions. Cette injonction céleste marque un tournant dans sa vie, l'incitant à partager ses expériences mystiques et à commencer la rédaction de ses œuvres majeures.

Il est important de noter que les visions d'Hildegarde ne sont pas de simples hallucinations, mais des expériences complexes et riches de sens. Elle les décrit comme une "lumière vivante" qui l'instruit sur les mystères de la foi, la nature de l'univers et les voies de Dieu. Ces visions, qui l'accompagnent tout au long de sa vie, forment la base de sa théologie, de sa cosmologie et de sa compréhension de la nature humaine.

 

Son éducation au couvent de Disibodenberg

À l'âge de 8 ans, Hildegarde de Bingen est ainsi confiée aux soins de Jutta von Sponheim au monastère bénédictin de Disibodenberg. Sous sa tutell, elle reçoit une formation complète, typique de l'éducation monastique de l'époque. Cette éducation est basée sur le travail manuel et intellectuel, l'étude de la Genèse et la liturgie. Jutta lui enseigne les psaumes et les principaux livres de l'Ancien et du Nouveau Testament. Cet apprentissage repose probablement sur une forte mémorisation des textes, car Hildegarde déclare plus tard qu'elle sait lire, tout en ne maitrisant pas l'interprétation des mots, ni l'emploi des cas et des temps.

En plus de l'étude des textes sacrés, Hildegarde apprend également à jouer du décacorde, un instrument utilisé au XIIe siècle pour accompagner les psaumes. Cette formation musicale va plus tard influencer ses compositions liturgiques.

Il est important de noter que, malgré cette éducation, l'utilisation du latin par Hildegarde est parfois approximatif, ce qui suscite dans les siècles suivants des critiques à l'encontre de son style d'écriture. Cependant, cette apparente limitation linguistique n'empêche pas Hildegarde de devenir une écrivaine prolifique et influente.

L'éducation reçue au couvent de Disibodenberg est le socle de toutes ses connaissances. Elle y puise non seulement un savoir théologique, mais aussi son approche holistique de la spiritualité, de la nature et de la santé. Cette formation, combinée à ses expériences mystiques, lui permet de développer une vision unique du monde, alliant foi, science et art.

Vers l'âge de 15 ans, Hildegarde prononce ses vœux pour devenir religieuse à Disibodenberg, suivant la règle bénédictine. Cette étape marque son engagement définitif dans la vie monastique et le début de sa carrière en tant que religieuse, qui va la mener à devenir l'une des figures les plus influentes de son époque.

 

Hildegarde, l’Abbesse

En 1136, à l'âge de 38 ans, Hildegarde de Bingen est élue abbesse du monastère de Disibodenberg par ses sœurs, succédant ainsi à sa mentore Jutta von Sponheim. Cette élection marque un tournant décisif dans sa vie : elle acquiert ainsi une autorité et des responsabilités accrues au sein de la communauté monastique.

Hildegarde assume ce rôle d'abbesse avec une grande compétence, malgré les défis inhérents à cette position. Sous sa direction, le monastère connaît une période de croissance et de rayonnement spirituel. Elle veille à la formation intellectuelle et spirituelle des moniales, encourageant une éducation variée qui inclue la musique, la danse, le théâtre, les enluminures, la reliure, la gravure, l'étude des plantes, le travail manuel, la lecture et la copie de manuscrits, ainsi que l'architecture.

Cependant, l'élection d'Hildegarde comme abbesse coïncide avec une période de profonde transformation intérieure. Trois ans après son élection, en 1141, elle reçoit ce qu'elle décrit comme un ordre divin de transcrire ses visions. Cette injonction céleste marque le début de son activité d'écrivaine et de visionnaire reconnue.

Malgré son rôle d'autorité, Hildegarde conserve une profonde humilité. Elle se décrit souvent comme une "pauvre petite femme", soulignant ainsi son sentiment d'inadéquation face à la tâche qui lui était confiée. Cette humilité, combinée à sa sagesse et à ses dons spirituels, contribue à renforcer son influence et son rayonnement bien au-delà des murs de son monastère.

 

La conseillère de l'empereur

Hildegarde de Bingen entretient une relation complexe et significative avec l'empereur Frédéric Barberousse, illustrant son influence considérable dans les sphères politiques et religieuses de son époque. En tant qu'abbesse et conseillère respectée, Hildegarde n'hésite pas à s'adresser directement à l'empereur, lui prodiguant des conseils et des avertissements. Leurs échanges sont fréquents et substantiels. 

Hildegarde écrit à Barberousse à au moins quatre reprises, démontrant une liberté d'expression remarquable pour une femme de son temps.  Ces correspondances révèlent la vision d'Hildegarde sur le rôle idéal de l'empereur, qu'elle considère comme un instrument de la volonté divine. 

Un épisode particulièrement notable de leur relation est leur rencontre entre Hildegarde et Barberousse à Ingelheim. Lors de cette entrevue, Hildegarde y joue un rôle de conseillère et de prophétesse. Cette interaction directe entre une abbesse et l'empereur témoigne de l'estime et du respect dont jouit Hildegarde, même auprès des plus hautes autorités séculières. Il est important de noter que la position de Hildegarde n'est pas simplement celle d'une alliée inconditionnelle. Elle n'hésite pas à critiquer les actions de l'empereur lorsqu'elle les juge contraires à la volonté de Dieu. Dans une de ses lettres, elle avertit Barberousse qu'il risque un "naufrage" s'il persiste dans certaines de ses actions.
La capacité de Hildegarde à s'adresser si librement à l'Empereur s'explique en partie par ses connexions familiales avec la haute noblesse allemande. Son neveu, Arnold de Trèves, est un prince d'Église influent, et elle a des liens avec la famille des comtes de Stade, proche de l'entourage de Barberousse.

 

Ses relations complexes avec la Papauté

Hildegarde de Bingen entretient des relations importantes avec le Saint-Siège, qui jouent un rôle crucial dans la reconnaissance et la diffusion de son œuvre. 

En 1147, elle sollicite l'approbation papale pour ses visions, une démarche essentielle pour établir sa légitimité au sein de l'Église.

Le pape Eugène III, lors du synode de Trèves en 1147-1148, examine personnellement les écrits de Hildegarde, notamment une partie de son ouvrage "Scivias". Impressionné par la profondeur et l'orthodoxie de ses visions, le pape lui accorde son approbation officielle, lui ordonnant de "révéler tout ce qu'elle reconnait dans l'Esprit Saint". Cette validation papale est un tournant décisif dans la carrière de Hildegarde, lui conférant une autorité spirituelle considérable et lui permettant de diffuser plus largement ses écrits.

Par la suite, Hildegarde maintient une correspondance avec plusieurs papes, particulièrement Anastase IV et Adrien IV. Ces échanges témoignent de l'estime dont elle jouit auprès des plus hautes autorités ecclésiastiques et de son influence croissante dans les affaires de l'Église.

Malgré cette reconnaissance de son vivant, le processus de canonisation de Hildegarde est long et complexe. Bien que vénérée localement comme sainte peu après sa mort, sa canonisation officielle n’a lieu qu'en 2012, sous le pontificat de Benoît XVI. Cette même année, elle est également proclamée Docteure de l'Église, devenant ainsi la quatrième femme à recevoir ce titre prestigieux.

Il est intéressant de noter que, malgré son influence et sa renommée, Hildegarde doit souvent faire face à des obstacles au sein de l'Église. Par exemple, vers la fin de sa vie, elle est temporairement interdite de célébrer l'office divin et de recevoir la communion pour avoir enterré un excommunié dans le cimetière de son monastère. Cet épisode illustre la complexité de ses relations avec la hiérarchie ecclésiastique, oscillant entre reconnaissance et tensions occasionnelles.

La relation de Hildegarde avec le Saint-Siège témoigne ainsi de la position unique qu'elle occupe en tant que femme visionnaire et intellectuelle dans l'Église médiévale, naviguant habilement entre autorité spirituelle et contraintes institutionnelles.

 

Bernard de Clairvaux, une amitié malgré de nombreux différends

Hildegarde de Bingen et Bernard de Clairvaux entretiennent une relation de respect mutuel, malgré leurs différences d'approche spirituelle.

Bernard de Clairvaux joue un rôle crucial dans la reconnaissance des visions d'Hildegarde. En 1147, Hildegarde sollicite l'appui de Bernard pour obtenir l'approbation papale de ses visions. Cette démarche témoigne de l'estime qu'Hildegarde portait à Bernard et de l'importance qu'elle accorde à son opinion. Bernard, reconnaissant la valeur spirituelle des écrits d'Hildegarde, lui assure que ses visions sont des "grâces du ciel". Ce soutien de Bernard est déterminant pour la légitimation des expériences mystiques d'Hildegarde au sein de l'Église.

Les deux religieux partagent une vision commune de la vie monacale : ils s'opposaient tous deux à une Église de plus en plus riche et puissante, préconisant une approche plus authentique et spirituelle de la foi.

Cependant, leurs approches spirituelles présentent des différences notables. Alors que Bernard est connu pour son ascétisme rigoureux et son mysticisme centré autour du Christ, Hildegarde adopte une vision plus holistique, intégrant la nature, la musique et la médecine dans sa spiritualité. 

Il est intéressant de noter que malgré leurs échanges, Hildegarde et Bernard ne se sont probablement jamais rencontrés en personne. Leur relation se développe principalement à travers une correspondance et des échanges indirects.

L'influence de Bernard sur Hildegarde se manifeste également dans son approche de l'écriture. Comme Bernard, Hildegarde dicte ses œuvres à des secrétaires, une pratique courante à l'époque pour les figures religieuses importantes. Cette méthode lui permet de produire une œuvre considérable malgré ses limitations en latin.

 

Ses ouvrages majeurs

Hildegarde de Bingen est à l’origine d’ une œuvre écrite considérable, couvrant divers domaines tels que la théologie, la médecine, les sciences naturelles et la musique :

  • Scivias (Connais les voies) : Achevé en 1151, cet ouvrage majeur décrit 26 visions mystiques d'Hildegarde. Il présente l'histoire des rapports entre Dieu et les hommes, de la création à la fin des temps. Le Scivias est considéré comme l'écrit spirituel principal d'Hildegarde.
  • Liber vitae meritorum (Le livre des mérites de la vie) : Rédigé entre 1158 et 1163, ce livre traite de psychologie chrétienne. Il présente une liste détaillée de 35 vices et vertus, constituant un traité sur le combat spirituel et une école d'harmonie intérieure.
  • Liber divinorum operum (Le livre des œuvres divines) : Écrit entre 1163 et 1173, cet ouvrage est son ultime recueil de visions. Il offre une cosmologie divine ancrée dans une théologie rigoureuse, reflétant la complexité de son époque.
  • Physica et Causae et Curae : Ces deux ouvrages, souvent regroupés sous le titre "Liber subtilitatum diversarum naturarum creaturarum", traitent de médecine et de sciences naturelles. Ils explorent les propriétés curatives des plantes, des pierres et des animaux, démontrant les connaissances approfondies d'Hildegarde en matière de santé et de nature.
  • Lingua Ignota : Un langage artificiel créé par Hildegarde, comprenant un alphabet de 23 lettres et un vocabulaire d'environ 1000 mots. Bien que son utilité précise reste débattue, il témoigne de la créativité linguistique d'Hildegarde.
  • Ita Sancti Disibodi et Vita Sancti Ruperti : Deux hagiographies écrites par Hildegarde, démontrant son intérêt pour l'histoire religieuse.

 

Ses œuvres musicales

Hildegarde de Bingen est une compositrice prolifique et innovante, dont l'œuvre musicale occupe une place importante dans l'histoire de la musique médiévale. Ses compositions, principalement des chants liturgiques, se distinguent par leur originalité et leur profondeur spirituelle.

Les œuvres musicales d'Hildegarde sont regroupées dans deux recueils principaux : la "Symphonia harmoniae caelestium revelationum" (Symphonie de l'harmonie des révélations célestes) et l'"Ordo Virtutum" (Le Jeu des Vertus). La "Symphonia" comprend 77 chants liturgiques, tandis que l'"Ordo Virtutum" est considéré comme le plus ancien drame musical connu.

Le style musical d'Hildegarde se caractérise par sa grande liberté mélodique, presque improvisatoire, et son ambitus très large qui explore la totalité de l'espace sonore disponible. Ses compositions sont construites sur un nombre réduit de fragments mélodiques progressivement combinés, transposés et enrichis de mélismes. Cette approche crée des mélodies simples, élégantes et raffinées, d'une concision magistrale, qui évoluent dans un mélange de solennité et de ravissement.

Hildegarde considérait la musique comme un moyen de retrouver la voix pure de la louange divine, perdue par Adam après la chute. Pour elle, la musique, tant vocale qu'instrumentale, est un chemin vers la louange éternelle de Dieu. Cette conception spirituelle de la musique imprègne toute son œuvre musicale.

Hildegarde ne se considère pas comme une musicienne professionnelle ayant acquis son art par de longues études. Sa musique est plutôt le fruit de longues méditations et d'une écoute intérieure profonde. Cette approche intuitive et spirituelle de la composition a donné naissance à une musique unique et profondément émouvante.

L'œuvre musicale d'Hildegarde connaît un regain d'intérêt ces dernières décennies, avec de nombreux enregistrements de qualité réalisés. Deux approches principales d'interprétation se sont développées : l'une privilégiant un style virtuose, délié et aérien, et l'autre optant pour une interprétation plus terrestre et incarnée. 

L'"Ordo Virtutum", en particulier, mérite une mention spéciale. Ce drame musical, composé vers 1151, met en scène le combat entre les vertus et le diable pour l'âme humaine. Il est considéré comme une œuvre pionnière dans l'histoire de la musique occidentale, préfigurant le développement ultérieur de l'opéra.

En conclusion, l'œuvre musicale d'Hildegarde de Bingen témoigne de sa vision spirituelle unique et de sa créativité artistique. Sa musique, qui allie profondeur théologique et beauté mélodique, continue d'inspirer et d'émouvoir les auditeurs contemporains, faisant d'Hildegarde une figure incontournable de l'histoire de la musique médiévale.

 

Une femme en harmonie avec la nature

Hildegarde de Bingen entretien un rapport profond et unique avec la nature, qu'elle considère comme une manifestation directe de la création divine. Sa vision de la nature est à la fois scientifique et spirituelle, reflétant une approche holistique, particulièrement en avance sur son temps.

Dans ses écrits, notamment dans le "Liber subtilitatum diversarum naturarum creaturarum", connu aujourd'hui sous la forme de deux traités, "Physica" et "Causae et curae", Hildegarde démontre une connaissance approfondie du monde naturel. Elle y décrit en détail les propriétés des plantes, des animaux, des pierres et des métaux, ainsi que leurs utilisations médicinales potentielles. Cette œuvre témoigne de son observation attentive de la nature et de sa compréhension des interconnexions entre les différents éléments de la création.

Pour Hildegarde, la nature n’est pas simplement un objet d'étude, mais un miroir de la sagesse divine. Elle voit dans l'ordre et l'harmonie de la nature un reflet de l'ordre cosmique voulu par Dieu. Cette vision est particulièrement évidente dans son "Liber divinorum operum", où elle développe longuement sur les proportions régissant le cosmos et le corps humain.

Hildegarde considère que l'être humain entretient un lien particulier avec la nature et la création. Elle met en avant la relation étroite entre les mouvements internes du corps et les forces vitales de la Nature. Cette conception holistique l'amène  à voir la santé humaine comme intimement liée à l'équilibre avec le monde naturel.

Hildegarde encourage une approche respectueuse et attentive envers la nature. Elle invite à "ouvrir les yeux sur la nature", considérant que l'observation du monde naturel offre une voie d'accès à la compréhension des "merveilles de Dieu". Cette attitude d'émerveillement et de curiosité envers la nature est pour elle une forme de louange divine.

Bien qu'Hildegarde ne soit ni médecin, ni botaniste au sens moderne du terme, sa connaissance de la nature et ses applications pratiques sont remarquables pour son époque. Son approche, combinant observation empirique et interprétation spirituelle, jette les bases d'une compréhension plus holistique de la nature et de la santé humaine.

 

Son héritage spirituel

Dans les dernières années de sa vie, Hildegarde continue à être active malgré son âge avancé. Elle poursuit son travail d'écriture, achevant notamment son "Liber divinorum operum" (Livre des œuvres divines) vers 1173. Elle maintient également sa correspondance et son rôle de conseillère auprès de personnalités importantes de son époque.

Peu avant sa mort, Hildegarde est impliquée dans une controverse avec les autorités ecclésiastiques. Elle échappe de peu à la répudiation, après avoir permis l'enterrement dans le cimetière de son monastère d’un excommunié. Cette décision lui vaut alors une interdiction temporaire de célébrer l'office divin et de recevoir la communion. Cet épisode illustre la force de caractère d'Hildegarde, qui n'hésite pas à défendre ses convictions même face à l'autorité ecclésiastique.

Hildegarde de Bingen s’éteint le 17 septembre 1179 au monastère de Rupertsberg, à l'âge vénérable de 81 ans. Sa mort marque la fin d'une vie extraordinaire consacrée à la spiritualité, à la science et aux arts.

Des phénomènes lumineux sont observés au-dessus de sa tombe pendant plusieurs jours après son décès. Ces récits, bien que non vérifiables historiquement, témoignent de l'aura mystique qui entoure  Hildegarde, même après sa mort.

Après son décès, Hildegarde fait l’objet d’une véritable vénération. Bien qu'elle n'ait pas été officiellement canonisée à l'époque, elle est rapidement considérée comme sainte par ses contemporains. Son culte se répand rapidement, en particulier dans la région rhénane.

Malgré cette vénération populaire, la canonisation officielle d'Hildegarde n’est prononcée que plusieurs siècles plus tard, en 2012, par le pape Benoît XVI. Cette même année, elle est  également proclamée Docteure de l'Église, reconnaissant ainsi l'importance durable de sa contribution à la théologie et à la spiritualité chrétiennes.

 

Le mystère Hildegarde

 

Malgré sa renommée et l'abondance de ses écrits, plusieurs aspects de la vie et de l'œuvre d'Hildegarde de Bingen restent entourés de mystère, suscitant des débats parmi les historiens et les théologiens.

L'un des principaux mystères concerne la nature exacte de ses visions. Hildegarde décrivait ses expériences mystiques comme une "lumière vivante" qui l'instruisait sur les mystères de la foi, la nature de l'univers et les voies de Dieu. Cependant, la nature précise de ces visions reste sujette à interprétation. Certains chercheurs ont suggéré qu'elles pourraient être liées à des migraines, tandis que d'autres les considèrent comme des expériences purement spirituelles.

Un autre aspect mystérieux de l'œuvre d'Hildegarde est sa "Lingua Ignota" (langue inconnue), un langage artificiel qu'elle a créé. Comprenant un alphabet de 23 lettres et un vocabulaire d'environ 1000 mots, l'objectif et l'utilisation de cette langue restent incertains. Certains spéculent qu'il s'agissait d'un code secret pour son couvent, tandis que d'autres y voient une tentative de recréer la langue originelle d'Adam avant la chute.

L'étendue réelle des connaissances médicales d'Hildegarde est également source de débat. Bien que ses écrits sur la médecine et les sciences naturelles soient remarquables pour son époque, certains historiens s'interrogent sur l'origine de ces connaissances. Étaient-elles le fruit de ses propres observations et expériences, ou s'appuyaient-elles sur des sources antérieures non identifiées?

Le processus de création de ses compositions musicales reste également énigmatique. Hildegarde affirmait que sa musique lui était directement inspirée par Dieu, mais la question de savoir comment elle a développé son style musical unique, sans formation formelle, continue d'intriguer les musicologues.

Un autre mystère concerne la rapidité avec laquelle Hildegarde a acquis sa renommée et son influence. Comment une religieuse relativement isolée a-t-elle pu devenir si rapidement une figure d'autorité reconnue par les plus hautes instances de l'Église et de l'État? Cette ascension rapide soulève des questions sur les réseaux d'influence et les dynamiques de pouvoir dans l'Europe médiévale.

Enfin, le long délai entre la mort d'Hildegarde et sa canonisation officielle en 2012 reste un sujet de curiosité. Bien que vénérée localement comme sainte peu après sa mort, pourquoi a-t-il fallu près de neuf siècles pour que l'Église reconnaisse officiellement sa sainteté?

Ces mystères contribuent à l'aura fascinante qui entoure Hildegarde de Bingen, faisant d'elle une figure qui continue d'intriguer et d'inspirer, près de neuf siècles après sa mort. Ils soulignent également la complexité de l'interprétation historique des figures médiévales, en particulier lorsqu'il s'agit de comprendre leurs expériences spirituelles et leurs contributions intellectuelles dans le contexte de leur époque.

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