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D’où vient la noirceur de l’âme des méchants dans les contes ?
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D’où vient la noirceur de l’âme des méchants dans les contes ?
Cet été, j’ai participé au challenge initié par Anne Bellefontaine sur LinkedIn ; une sorte d’atelier d’écriture en ligne.
L’une des consignes proposait de revisiter un conte du point de vue d’un méchant personnage. Pourquoi est-il méchant justement ? Pourquoi tant de cruauté ? Peut-on trouver une justification à ce comportement ?
La démarche est intéressante qui permet de plonger dans les tréfonds de l’âme de ces vilains personnages pour y puiser le fait générateur de tant de vilenies.
J’ai repris l’idée à l’occasion d’un récent atelier d’écriture et les participants ont produit des textes très intéressants et très inspirés.
Je vous propose ici de lire celui que j’avais composé pour le challenge d’Anne.
Il s’agit de comprendre pourquoi la belle-mère de Blanche-Neige est si exécrable.
Grimhilde avait donné rendez-vous à son garde-chasse dans un estaminet éloigné. Un lieu sombre où se côtoyaient de jeunes laquais venus tenir compagnie des bourgeois libidineux, des femmes faciles dont la seule vertu était d’aider un clergé engoncé et un brin jésuite à tenir sa charge, des brigands en mal d’affaires à régler… bref, un endroit où l’on ne se soucierait pas de leur présence.
En attendant Humbert, Grim’ avait déjà descendu quelques pintes, et sa prestance en avait pris un coup.
Elle continuait à consulter compulsivement son Insta qui l’assurait d’être la plus capée des influenceuses avec 1,3 million de followers. Mais Blanche était toujours celle qui recevait le plus de likes.
Elle jeta son iPhone 15 sur la table en pestant.
Humbert s’excusa pour son retard et, voyant l’état avancé de Grimhilde, proposa de continuer à la vodka, histoire de la dérider un peu plus. L’heure des confidences arriva bien vite.
— Tu sais, lorsque tu m’as trahie, j’ai voulu te tuer.
— Ô, ma reine, je l’imagine bien. Mais je ne pouvais pas. Une force supérieure m’a empêché de tuer la princesse ; je ne sais pourquoi.
— À bien y réfléchir, je ne t’en veux pas. J’aurais eu plus de peine si tu avais réussi.
— Pardon ? Mais heu… je ne comprends pas… vous sembliez déterminé ?
— C’est que tu ne connais pas toute l’histoire.
Et Grimhilde commença à raconter que, tout jeune, le Roi qui n’était alors qu’un jeune prince en pinçait pour elle. Ils ont fait les cent coups ensemble, et eurent une aventure. Mais la famille avait déjà décidé que le prince épouserait la « gentille Odile ». Et le jour où cette dernière se piqua en cousant, faisant perler trois gouttes de sang qui tombèrent sur la neige, d’où la légende
« … Ah ! se dit la reine, si j’avais une petite fille, à la peau blanche comme la neige, aux lèvres rouges comme le sang et aux cheveux noirs comme le bois d’ébène ! »
Ce que l’on sait moins, c’est que la piqûre lui causa une infection qui rendit la gentille Odile infertile. Et que le Roi se consola dans la couche de Grim’, qui tomba rapidement enceinte. Pour sauver les apparences, elle enfanta dans le secret et la petite fut déposée dans la chambre de la gentille Odile, juste avant qu’elle ne meure. Tout le royaume crut alors qu’elle en était la mère et qu’elle avait rendu l’âme en couches.
Le temps du deuil passé, le Roi consentit à épouser Grimhilde, mais la petite prit aussitôt sa belle-mère (en réalité sa mère) en détestation.
Alors qu’elle se versait le dernier verre de la bouteille, Grimhilde ajouta :
— Lorsque tu as échoué, et que je me suis transformé en sorcière, j’ai étalé sur la pomme un élixir de vérité. Blanche-Neige, la croquant, devait avoir la révélation de qui est sa vraie mère. Malheureusement, un vilain corbeau a fienté dans le chaudron lors de la cuisson, modifiant la composition du breuvage et causant ce sommeil prolongé.
Un beau jour, pourtant
Arriva Prince Florian
Aux nains il acheta le cercueil,
De ses mains il écarta le linceul,
Déposa un baiser sur Neige,
Et ainsi agissant tel un meige,
La sortie de sa torpeur.
Ils se marièrent et eurent de nombreux enfants,
sans qu’aucun ne sache le vrai nom de leur mère-grand.
CP : image Juan Palacios via Pexels
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Yann Rigo vor 8 Stunden
très intéressant !