autobiographies #05 | Le Bouleau (x3), titre plus que provisoire
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autobiographies #05 | Le Bouleau (x3), titre plus que provisoire
crédit photo: détail de Paul.schrepfer, CC BY-SA 4.0 <https://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0>, via Wikimedia Commons.
Si j’ai bien compris, reprendre un texte (de#1 à #3, pour avoir laissé le temps de maturer et de reposer), le réécrire trois fois (ordi ou manuscrit ?), puis noter ce qui vient. Moments d’écritures.
Celui de l’arbre me semble bien puisque je me sentais frustrée de sa brièveté, je sentais les « vides » prêts, juste là.
Pour l’exercice de réécriture, j’ai choisi l’ordi. J’ai donc réécrit le texte deux fois en mettant en italiques les ajouts à chaque réécriture. La troisième réécriture, que je sens “finale”, ou “étapale” à tout le moins, je la garde pour plus tard.
Je ne me souviens pas de la première fois où je l’ai vu. Mais je me souviens qu’il se tenait seul au milieu des Zautres. Seul parce que blanc. Les Zautres étaient couleur arbre. Sa présence, son existence, je la sentais tout le temps. De temps en temps, je le regardais par la fenêtre. Surtout l’hiver. Je lui disais de tenir bon. Il était encore plus visiblement esseulé l’hiver, pas de manteau de feuilles pour cacher sa différence. Je lui parlais vraiment. Avec des mots, dans ma tête. Pas à voix haute, je ne pouvais pas. On ne parle pas aux Zarbres à voix haute. Encore moins à celui-là. Je ne voulais pas qu’on me voit lui parler, de peur qu’on ne me voit être seule aussi. Heureuzement pour lui, les Zautres n’avaient pas le corps nécessaire à quelques pressions physiques. Pourtant, je le sentais bien, il se battait. Il résistait. En silence. Qu’aurait-il pu faire d’autre, me demanderez-vous, c’est un arbre.
Je ne me souviens pas de la première fois où je l’ai vu. Il y a beaucoup de choses dont je ne me souviens pas. En fait je n’ai que des Zimages fugaces, des instants. Peu de « films entiers ». Mais je me souviens qu’il se tenait seul au milieu des Zautres. J’ai plusieurs Zimages distinctes de lui seul, plusieurs moments où le croisant du regard, j’avais l’impression en le voyant seul de l’être un peu moins moi-même. Ou plutôt de n’être pas la seule à être seule. On se raccroche à ce qu’on peut. De temps en temps, je le regardais par la fenêtre. Surtout l’hiver. Je lui disais de tenir bon. Je lui parlais sans mots. Je parlais sans mots à cette époque-là. J’ai longtemps parlé sans mots. Il était encore plus visiblement esseulé l’hiver, pas de manteau de feuilles pour cacher sa différence. Je lui parlais vraiment. C’est faux. En tout cas, ce n’est pas vrai. Avec des mots, dans ma tête. Ce n’étaient pas des mots. Qu’est ce que c’était ? SI j’arrivais à le décrire. Des couleurs, des nuages de couleurs, de l’air de couleur. Pas à voix haute, je ne pouvais pas. Ca, c’est vrai. Je ne pouvais pas parler à voix haute. A quoi bon ? Personne pour m’écouter. Sauf pour « Oui. », sec, rapide, du type « j’ai compris, je le fais immédiatement », robotique. On ne parle pas aux Zarbres à voix haute. Encore moins à celui-là. Je ne voulais pas qu’on me voit lui parler, de peur qu’on ne me voit être seule aussi. C’est que j’ai compris très tôt qu’il valait mieux se taire quand on n’est pas sûre de pouvoir gagner. Ou plutôt quand on est sûr qu’on va perdre. Qu’en face, c’est plus fort. Physiquement, mentalement, peu importe. Quand on sent qu’en face c’est plus fort, on se tait. Surtout. Au moins éviter de se prendre des coups évitables. Heureuzement pour lui, les autres n’avaient pas le corps nécessaire à quelques pressions physiques. Faux. Ou en tout cas, pas vrai. La preuve : pourtant, je le sentais bien, li se battait. Il résistait. En silence. En tout cas, je n’avais pas les instruments de perception nécessaires à entendre ses « cris ». Qu’aurait-il pu faire d’autre, me demanderez-vous, c’est un arbre. Qu’aurais-je pu faire d’autre, …, je suis un enfant.
Je ne me souviens pas de la première fois où je l’ai vu. Il y a beaucoup de choses dont je ne me souviens pas. Il y a beaucoup de choses dont je ne veux pas me souvenir. En fait je n’ai que des Zimages fugaces, des Zinstants. Peu de « films entiers ». Pas de films entiers. Dans la tête en tout cas. Parce que la mémoire du corps, c’est autre choze. J’ai plusieurs Zimages distinctes de lui seul, plusieurs moments ( définition physique de moment voir https://fr.wikipedia.org/wiki/Moment_cin%C3%A9tique ) où, le croisant du regard, j’avais l’impression en le voyant seul de l’être un peu moins moi-même. Ou plutôt de n’être pas la seule à être seule. On se raccroche à ce qu’on peut. De temps en temps je le regardais par la fenêtre. Je lui disais de tenir bon. Pas vrai-ment. Pas « bon ». C’est pas le mot. Je lui parlais sans mots. Je parlais sans mots à cette époque-là. J’ai longtemps parlé sans mots. Il était encore plus visiblement esseulé l’hiver, pas de manteau de feuilles pour cacher sa différence. Je lui parlais vraiment. C’est faux. En tout cas, ce n’est pas vrai. Avec des mots dans ma tête. Ce n’étaient pas des mots. Qu’est ce que c’était ? Si seulement j’arrivais à le décrire. Des couleurs, des nuages de couleur, de l’air de couleur. Pas à voix haute, je ne pouvais pas. Ca, c’est vrai. Je ne pouvais pas parler à voix haute. A quoi bon ? Personne pour m’écouter. Je n’avais même pas idée qu’on puisse m’écouter. Je ne le concevais pas. C’est pas facile à décrire, l’absence de. Sauf pour « oui. », sec, rapide, du type « j’ai compris, je le fais immédiatement », robotique. On ne parle pas aux Zarbres à voix haute. Encore moins à celui-là. Je ne voulais pas qu’on me voit lui parler de peur qu’on ne me voit être seule aussi. C’est que j’ai compris très tôt qu’il valait mieux se taire quand on n’est pas sûr de pouvoir gagner. Ou plutôt quand on est sûr qu’on va perdre. Qu’en face c’est plus fort. Physiquement, mentalement, etc., peu importe. Quand on sent qu’en face c’est plus fort, on se tait. Surtout. Au moins éviter de se prendre des coups évitables. Heureuzement pour lui, les Zautres n’avaient pas le corps nécessaire à quelques pressions physiques. Faux. En tout cas, ce n’est pas vrai. Penser à essayer de traduire les Auguries de Blake, http://blogs.spsk12.net/1003/files/2013/09/blake_auguries_of_innocence.pdf ) La preuve: pourtant, je le sentais bien, il se battait. Il résistait. En silence. En tout cas, je n’avais pas les instruments de perception nécessaires à entendre ses « cris ». Qu’aurait-il pu faire d’autre, me demanderez-vous, c’est un arbre. Qu’aurais-je pu faire d’autre, …, je suis un enfant. Et maintenant, j’ai faim d’innocence. Très faim.