Inspiré par un professeur de mathématiques (forcément!)

La sonnette qui retentit me réveilla de la torpeur dans laquelle je m’engonçais progressivement.

J’ouvris la porte. Une jeune femme brune, qui devait avoir dans la trentaine, me faisait face très calmement.

<< Bonjour Monsieur. Je suis venue pour vous tuer. >>

Eh bien ! Voilà autre chose.

<< Bien entendu. Maintenant, au revoir. >>

J’allais refermer la porte mais je n’en eus pas le temps, elle pointait le canon d’une arme vers moi – un revolver bien menaçant.

<< Vous n’avez pas compris. Je vais devoir vous tuer.

- Et pourquoi cela ?

- Parce que c’est ainsi, c’est votre destin.

- Mais je n’en ai aucune envie. Vous avez dû vous échapper…

- Vous me prenez pour une folle, échappée de je ne sais quel institut psychiatrique ? Ce n’est pas du tout le cas et vous allez devoir me suivre.

- J'en déduis que vous ne voulez pas me tuer ici.

- Ici ? Certainement pas. Nous faisons les choses proprement. Veuillez me suivre et restez poli, sans geste brusque, s’il vous plait. Ainsi tout se passera bien. >>

Tout se passera bien…

Je n'eus d'autre choix que de sortir et suivre cette jeune femme élégante mais déterminée.

Nous étions à l’orée d’une forêt, le choix de ma maison ne devait pas être dû au hasard. Et personne aux alentours.

Nous nous enfoncions dans les bois, et nous finimes par arriver près d'une sorte de clairière, devant laquelle se tenaient plusieurs personnes, qui semblaient nous attendre avec une certaine impatience.

<< Enfin vous êtes là.

- Oui, monsieur est prêt pour son sacrifice.

- Mon sacrifice ? je n’ai jamais dit que j’étais prêt.

- Vous l’êtes : il ne peut en être autrement.

- Ainsi vous faites partie d’une secte….

- Nous devons absolument offrir une personne à notre Dieu. Il se trouve que vous n'habitez pas loin de notre lieu de cérémonie. Vous devez maintenant vous prosterner devant lui, vous mettre à genou et implorer pardon pour vos péchés ; votre exécution aura lieu quelques minutes après, surtout ne vous inquiétez pas. >>

Je n’allais pas m’en sortir. Il me fallait trouver une idée, très rapidement.

<< Ecoutez moi bien ! C’est impossible ! Vous ne pouvez attenter à ma vie! Je fais moi-même partie d’une secte, mais bien plus puissante que la vôtre : la secte du Dieu 'Mathématiques'

Tous me regardèrent avec une forte inquiétude.

<< Ce Dieu ne pardonne pas. Si vous me tuez, sa vengeance sera impitoyable, ses sous-Dieux, Pythagore et Thalès, n’auront de cesse de vous torturer : vous devrez faire des équations tous les jours, connaitre toutes les formules trigonométriques par coeur, apprendre tous les théorèmes connus, faire des exercices de géométrie dans l’espace sans relâche. Et si vous rechignez à vous y mettre, alors vous subirez d’atroces souffrances, plus grandes encore. Par exemple, vous ne recevrez plus que des publications facebook traitant de problèmes mathématiques à résoudre impérativement (parfois de français pour varier un peu). Vous allez vivre un calvaire dont vous ne pourrez jamais vous défaire. >>

Tous devinrent blêmes.

La jeune femme qui était venue me chercher, et qui semblait être la chef, dut prendre une décision.

<< Tu nous as convaincu. Je vois que nous ne pouvons rien faire contre le Dieu Mathématiques. Nous devons te relâcher. Tu as la vie sauve, mais tu ne dois parler de notre cérémonie à personne.

- Je fais aussi partie d’une secte, vous comprenez que jamais je ne trahirai vos petits secrets.

- En effet. Vous pouvez partir.>>

Je pus ainsi regagner ma demeure, et bien entendu, prévenir les autorités.

Le Dieu Mathématiques n’aimait pas qu’on lui fasse concurrence.