Us et coutumes...
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Us et coutumes...
La période estivale m’amène à évoquer un sujet qui nous fait voyager.
Curieuses ces habitudes, indiscutablement géographiques et culturelles, qui ne cessent d’interpeller et de surprendre les praticiens.
Combien de fois avons-nous entendu à notre consultation une maman nous préciser avoir instillé quelques gouttes d’huile d’olive à son enfant se plaignant de l’oreille en attendant de nous voir…
Ajoutant aussitôt, comme pour s’excuser :
C’est une recette de ma grand-mère.
Laquelle grand-mère est toujours originaire du Proche-Orient.
Et cela fonctionne…un peu du moins et les gouttes tiédies d’huile d’olive apaisent le bambin qui se rendort (peut-être avec l’appoint de quelque antalgique).
Nous n’avons pas ce remède chez nous sinon notre cher Daudet n’aurait pas manqué, je pense, de l’introduire dans un des chapitres de ses « Lettres… » D’autant que le moulin de Fontvieille a certainement pressé, en son temps, nos olives provençales.
Quoi qu’il en soit, l’huile d’olive a cette vertu de soulager (tiédie) la douleur d’oreille de l’enfant.
On a vite fait d’étendre ses qualités et elle soigne désormais pour certains les acouphènes et les bouchons de cérumen !
L’ail semble avoir les mêmes propriétés. Cette fois-ci la provenance géographique est tout autre et ces propos m’ont été rapportés par une famille originaire de Belgique et bien évidemment par des patients venus d’Europe Centrale…
Si dans le premier cas le mystère demeure pour les sources de cette famille belge convaincue des qualités sanitaires de l’ail écrasé, parfois mélangé à une goutte d’huile d’olive, l’ensemble soignant là encore douleurs et acouphènes, il m’a semblé que les propos entendus par les patients d’Europe Centrale étaient davantage fondés.
Vlad Tepes, qui inspira le Dracula de Bram Stoker, hante encore les Carpates et l’usage de l’ail pour éloigner les vampires est bien connu…
A-t-il d’autres bienfaits ?
On connaît les propriétés hypotensives de cette plante ; on lui rajoute maintenant des vertus antioxydantes, très à la mode en cette époque où les traitements anti vieillissement sont de plus en plus prisés.
Encore faut-il bien sûr ingérer la gousse !
Les aborigènes introduisent de l’eau de mer dans les conduits pour laver leurs oreilles et cet usage, très répandu, est efficace. Je l’ai utilisé une fois avec une poire à oreilles pour un plongeur avec quelque succès. La même population utilise des décoctions de racines de citronnelle pour les maux d’oreilles.
Dans un épisode de « The Island » à la télévision, la spécialiste en survie de l’émission proposait une instillation de bouillie de cafard dans le conduit auditif pour traiter une infection. Je reprends la formule d’un collègue qu’il prête à Michel Audiard « Ça ose tout ». Il s’agissait de l’introduction d’urine dans l’oreille censée tout guérir. La dose n’avait pas dû être la bonne, car il venait le voir en urgence après une nette aggravation des symptômes.
L’oignon, comme l’ail, aurait des vertus anti-inflammatoires en introduction locale. On sait, en tous les cas, qu’en ingestion il présente aussi des pouvoirs hypotenseurs.
Nombreuses sont les plantes dotées de vertus médicinales utilisées depuis l’Antiquité et l’oto-rhino-laryngologie n’échappe pas à la règle.
Elles reposent en général sur l’observation de la nature chez nos anciens et ont toutes en général une explication plus ou moins rigoureuse.
Cependant certaines habitudes entendues restent, pour moi du moins, totalement incompréhensibles.
Je repense à cette femme venue me consulter pour des épistaxis répétées et qui introduisait dans la bouche des glaçons pour arrêter l’hémorragie !
Il est vrai que Démosthène, affublé, dit-on d’un bégaiement gênant, déclamait avec des cailloux dans la bouche pour s’exprimer avec aisance quand il le fallait.
L’histoire ne nous dit pas si la méthode était efficace, mais il fut l’un des plus grands orateurs grecs de son temps.
Mais miel et citron pour adoucir la voix restent de nos jours encore utilisés.
Je voudrais conclure sur une réponse que j’entends plusieurs fois par mois.
Il m’arrive de proposer une intervention chirurgicale lorsque celle-ci m’apparaît nécessaire. L’essentiel du temps le patient accepte sans rechigner le geste salvateur. Mais pas toujours et lorsqu’ils renâclent à se faire opérer on me répond invariablement :
« On m’a dit que ça ne se faisait plus » ou parfois une variante « On m’a dit que c’était dangereux »
Il est exceptionnel qu’il s’agisse de leur médecin traitant et là, je pourrais comprendre, mais l’empêcheur reste dans la très grande majorité des cas, l’entourage – toujours d’excellent conseil - ou l’ami qui a déjà « subi » l’agression chirurgicale totalement injustifiée.
Certains d’entre eux en effet, investis d’un savoir qui nous rend jaloux, décident ou non du bien-fondé de la décision médicale !
Photo: histogames.com