S...inusite
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S...inusite
C’est l’inflammation du sinus. Il s’agit en fait plus précisément de son infection.
Il n’y a pas que deux sinus (un de chaque côté de la face). Ils sont nombreux.
Les sinus maxillaires sous les globes oculaires sont les plus souvent affectés et les plus connus des patients. Les cellules ethmoïdales se situent de part et d’autre des globes oculaires en regard de la partie supérieure du nez, les sinus frontaux au-dessus des orbites et les sinus sphénoïdaux, beaucoup plus rarement infectés se trouvent à l’intérieur du crâne, au centre de la base crânienne.
Ce sont des cavités aériennes réparties dans le crâne.
À quoi peuvent-elles servir ?
Une sinusite se traduit par des maux de tête avec sensation de lourdeur du crâne. C’est normal puisque la cavité normalement emplie d’air est pleine de pus. Cela alourdit d’autant le poids du crâne. On peut donc sans se tromper et pas simple bon sens, affirmer que les sinus allègent le poids du crâne. C’est important chez l’Homo sapiens qui a vu le poids de son cerveau doubler par rapport à celui de ses ancêtres. Il fallait une adaptation.
Je me souviens d’une nouvelle d’Alphonse Daudet, lue tout gamin et dont le sens profond m’avait échappé. Il s’agissait de l’homme à la cervelle d’or. Notons simplement qu’au fur et à mesure qu’il se délestait de son cerveau d’or au profit des uns et des autres sa pesanteur de crâne et ses maux de tête s’en trouvaient logiquement diminués…
What else ?
Beaucoup de scientifiques affirment que des cavités osseuses creuses sont plus résistantes que des cavités pleines… Peut-être…
On leur a également prêté le pouvoir de réchauffer et humidifier l’air ambiant…
Autant les cornets des fosses nasales remplissent sans le moindre doute cette fonction (mais là, la forme même de ces cornets, dirigeant les courants aériens et tapissés de cellules muqueuses et ciliées est tout à fait appropriée pour cette fonction, autant on la comprend mal pour nos sinus).
L’un de nos ancêtres, l’homme de Néandertal, dont la lignée s’est éteinte il y a plusieurs milliers d’années, ne laissant la place qu’à l’homme de Cro-Magnon comme seul ancêtre possible, ne présentait pas des sinus plus développés que l’Homo sapiens. Pourtant, il vivait dans des contrées froides. Cela infirmerait l’hypothèse invoquée.
La symptomatologie clinique est faite d’une triade caractéristique :
Céphalées (on a vu pourquoi).
Mouchage sale (le sinus communique avec les fosses nasales et le pus s’extériorise par le nez).
Fièvre bien souvent (il y a infection justifiant l’antibiothérapie).
Comment s’infectent-ils ?
Le plus souvent ce sera une infection de voisinage, notamment nasale qui se propage aux cavités sinusiennes parfois mal aérées. Une infection dentaire est également classique.
Dans la très grande majorité des cas, le traitement reste médical, fait d’antibiotiques, d’anti-inflammatoires et d’antalgiques.
Il est rare qu’il faille intervenir (c’est alors le cas de « vieilles » sinusites résistantes aux traitements médicaux).
Un collègue mentionnait il y a longtemps dans un site consacré aux échanges ORL, un traitement un peu particulier que lui aurait confié un vieux patient des années plus tôt, pratiqué pendant le premier conflit mondial.
Son médecin militaire devant une sinusite rebelle lui avait conseillé des lavages de nez à l’urine. ( La pénicilline découverte par Fleming ne fut utilisée qu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale).
Le collègue raconte :
Je pense qu’outre les problèmes d’odeurs, les dérivés ammoniaqués avaient fait leur œuvre et que sa pauvre pituitaire avait lâché l’affaire depuis longtemps (rhinosinusite chronique avec muqueuse nécrosée).
Certes ce traitement n’avait pas dû améliorer les choses et on peut comprendre l’importance de l’antibiotique quand il est nécessaire.
Un peu d’histoire :
Notre Roi-Soleil, beaucoup le savent, fut opéré avec succès d’une fistule anale – réussite très rare à l’époque- par son chirurgien Charles-François Félix. Cette fistule, handicapante, l’empêchait de monter à cheval, impensable pour ce chasseur passionné. Il vécut aussi durant des années avec une sinusite chronique, très marquante olfactivement parlant pour l’entourage, dont son premier médecin Antoine Daquin fut en partie responsable…
Ce mangeur infatigable, ce nouveau Pantagruel goûtait en effet fort peu l’hygiène du corps et encore moins l’hygiène dentaire.
Il s’en suivait des caries dentaires et des digestions nocturnes difficiles.
En 1680, une molaire cariée et douloureuse est extraite par ce médecin. La dent devait communiquer avec le sinus et cette extraction se compliqua d’un abcès sinusien rendant la douleur encore plus pénible.
Ne sachant que faire, Daquin va extraire toutes les dents de la mâchoire supérieure de son royal sujet, aggravant de façon importante la communication bucco - sinusienne et, par là même, l’infection chronique du sinus.
Louis XIV vivra ainsi 35 ans, jusqu’à sa mort avec une infection sinusienne et une communication bucco - sinusienne entretenant l’infection, l’empêchant de mastiquer ses aliments –lui qui aimait tant manger – occasionnant parfois une sortie d’aliments par le nez.
L’histoire (du moins je le pense) ne dit pas s’il fut proposé un palais occlusif pour pallier ce problème, palais qui lui aurait été peut-être plus utile que celui de Versailles.
À ce malheur se rajoutait une odeur pestilentielle de la bouche, gênant le roi et ses sujets, obligeant Louis XIV à faire ouvrir les fenêtres de Versailles en toutes saisons, prétextant qu’il avait trop chaud.
En ce siècle où la monarchie absolue n’était pas un vain mot, on assistait en effet à Versailles au défilé ininterrompu de tout ce que le pays comptait de seigneurs importants tenus d’être au lever, au diner et au coucher du grand homme sans oublier leur présence aux décisions politiques prises sur la chaise percée où l’on imagine fort bien qu’une nouvelle odeur se mariait à la précédente.
Le grand siècle…
Est-ce si sûr ?
Certes, un rayonnement mondial de la France en Europe, mais une France ruinée par les excès du Monarque et les guerres.
Un peuple plus misérable que jamais.
La révocation de l’Édit de Nantes et les conséquences que l’on connaît. Le code noir…
La famine des années 92 à 94 qui tua plus en deux ans que le premier conflit mondial en quatre ans, bien que la France comptât beaucoup moins d’habitants.
L’hiver 1709, tellement rigoureux que les loups après le tristement célèbre hiver 1438 entrèrent une nouvelle fois dans Paris et firent d’autres victimes que celles, fort nombreuses, qui périrent du froid.
Une haine inextinguible pour la France chez nos voisins à qui l’on ne cessait de faire la guerre. Et pour solde de tout compte, à la fin de sa très, très longue vie, un simple mea culpa du monarque, encensé par tous les manuels d’histoire : J’ai trop aimé la guerre.
Photo: Louis XIV, peint en 1701 par Hyacinthe Rigaud - Musée du Louvre -