L'ordre des choses
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L'ordre des choses
Je sais bien que dans notre inconscient, le temps n'existe pas vraiment. Les choses sont posées là, comme sur une scène de crime, enfin c'est nous-même qui, au fil de notre développement psycho-affectif et sexuel, les avons posées ici et là. Et c'est avec tout ça qu'on fait de notre vie un film plus ou moins tordu, lacrymal ou bien glamour.
Et c'est pareil dans les rêves, le temps n'a pas cours mais, jusqu'à présent, chaque fois que j'en retrouvais un sur le divan, je pensais que la chronologie des faits était vraiment importante. Je m'accrochais beaucoup à ça comme si, désorienté, faute de boussole, le sens caché du rêve tenait à ça. Une clé des songes.
Sauf que ça fait un moment qu'à mon réveil, je ne retrouve que des morceaux de rêve ; une ou deux scènes, sans vraiment de trame alors.
Et c'est là que l'autre jour, ma psy me lance qu'on se fout de l'ordre des choses au fond. De cet ordre-là en tout cas. Bien sûr, elle ne dit pas ça exactement comme ça, mais c'est ce que je comprends tout d'un coup. Tout ça parce que, d'un côté, je parlais d'une scène où je savourais une chose – une assiette de frites, dorées, bien craquantes, comme en enfance, mais qui sortaient d'un bain de végétaline – je me demandais si la végétaline je ne l'avais pas ajoutée au réveil pour atténuer tout mon plaisir du maternel. Du dégoût sur le goût, à cause des acides gras saturés.
Bref, et dans un autre morceau du rêve, juste avant ou bien après ça – c'est là que je me mélangeais les pinceaux – il y avait un type au volant d'une fourgonnette qui me regardait, et que je regardais... Il était bâillonné.
– Si vous avez mis cet homme-là comme ça, sans parler, vous aviez tout le temps de prendre votre plaisir.
C'est ma psy qui a ajouté ça quand je me débattais avec l'ordre des choses et du désir.
Comme quoi, tout se passait en même temps au fond.
***
La photo, là, c'est un matin après les rêves, cet instant où l'on fabrique une sorte de scénario justement, pour nos rêves de la nuit. Toute une trame qui ajoute de la censure à nos désirs.