

Rencontre d'un mentor
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Rencontre d'un mentor
Mais qu’est-ce que je fous dans une taverne ?
C’est vrai : dehors, il fait froid et on ne peut pas dire que les distractions abordent à Boundarie. Particulièrement au plein cœur de l’hiver. Mais les cris, l’odeur, l’agressivité des mercenaires, la mauvaise humeur des villageois… Il y a bien Rosa, Lucile et Adèle, les accortes serveuses, mais elles sont déjà accaparées par les soiffards de toute sorte, pendant que Maître Grammel, le tavernier, m’incendie du regard alors que je tente désespérément de choisir quel alcool va peut-être me permettre de dormir cette nuit.
Je finis par commander une « mort subite » sous le regard incrédule du tavernier et quitte le comptoir en quête d’une place assise dans un coin. Je me faufile à côté d’une table où se joue une partie de cartes intéressée, les couteaux traînant au milieu des mises. Ça va sans doute mal finir. J’évite soudain un soudard couvert de cicatrices, qui me domine de deux têtes.
— Dégage ! Tu gênes ! hurle-t-il avec véhémence.
Charmant ! J’esquisse un sourire d’excuses et m’écarte jusqu’à une petite table disponible, où je m’assois enfin, surpris que mon godet soit encore plein. Je hume l’odeur de l’alcool, qui m’agresse les narines ! Pas sûr que je survive à cette mixture, mais ne serait-ce pas la solution ? Je déglutis difficilement, prêt à tenter l’expérience. Il y a trop longtemps que mes nuits sont troublées par des rêves incompréhensibles et effrayants. Il faut que je dorme.
Soudain, j’ai l’impression d’être happé par la porte, cinq pas plus loin. Une goutte de sueur glacée me coule dans le dos, tandis que brouhaha infernal de l’établissement semble passer au second plan. La porte s’ouvre, dévoilant la présence d’une silhouette revêtue d’une houppelande de soie, couverte de motifs runiques étranges. Un bâton orné d’une pierre cristalline précède la nouvelle venue qui s’avance d’un pas altier. La porte se referme derrière elle, me laissant juste apercevoir l’absence de traces dans la neige, tandis que le regard azur de la femme parcourt la salle avant de s’arrêter sur moi.
D’un pas décidé, elle reprend son avancée, alors que le son revient à la normal. J’ignore si j’ai rêvé, mais un sentiment de panique me submerge. Je me lève, prêt à déguerpir, mais le bâton de l’inconnue bloque ma trajectoire.
— Rassieds-toi, déclare-t-elle d’une voix autoritaire.
D’un geste de la main, elle convoque une serveuse malgré la foule et commande un vin chaud aux épices, qu’elle se fait servir promptement.
— Charmant village, commente-t-elle. As-tu des personnes à saluer avant de partir ?
Partir ? Je viens d’arriver… On m’a dit que je trouverais sans doute du travail ici.
— Parfait. Le temps de finir mon verre et nous pourrons y aller. Ne bois-tu donc pas le tien ?
Mon verre ? J’avais oublié…
— Et pourquoi partirai-je avec vous ?
— À cause de tes rêves, répond-elle. Il te faut des réponses et une formation. Pas ce suicide liquide, ajoute la femme d’un air dédaigneux.
Je distingue à présent ses cheveux châtains veinés d’argent dans l’entrelacs de sa cape. Ses yeux bleu pâle me regarde sans animosité. Ses lèvres roses et fines prononcent des mots qui m’atteignent malgré le vacarme ambient. Elle finit son verre et se lève.
— Viens !
Malgré moi, je me lève, abandonnant ma boisson.
Soudain, un des joueurs de carte roule jusqu’à l’étrangère. Son vis-à-vis furieux l’accuse de tricher et se prépare à se faire justice. La femme lève son bâton dans sa direction pour indiquer que c’est terminé.
— Occupe-toi de tes affaires, vieille folle !
L’autre se relève à son tour et sort un couteau.
— Dégagez ! Je vais me le faire !
La femme mystérieuse soupire, avant de s’avancer volontairement entre les deux hommes ulcérés, les défiant de s’affronter dans ces conditions
— Tu cherches à mourir ?
Les autres joueurs s’approchent à leur tour, menaçants. Apparemment, ils me mettent dans le même lot que la femme. Derrière moi, les clients s’écartent, peu empressés de prendre un coup de couteau. Que dois-je faire ?
La violence éclate comme l’éclair. Les assaillants se jettent sur leur proie dans un grognement de rage. Le bâton frappe le sol, résonnant comme le gong d’une gigantesque cloche. La scène semble se figer et d’un simple geste de la main, la femme renvoie ses deux agresseurs à leur place autour de la table.
— Viens, ajoute-t-elle sans un regard.
J’hésite, mais ai-je vraiment le choix ? Sous le regard ébahi de la salle, je la rejoins dans le froid de l’hiver.

