Nous n’échangions pas un mot!

Une niniche dans la bouche, elle s’était collée à la machine, et mon bras droit, en mettant des pièces, frôlait à chaque fois sa poitrine rebondie. Je sentais qu’elle me fixait mais je ne voulais pas me laisser déconcentrer et continuais donc dans mon élan. Une pièce après l’autre, comme par magie, je fis sauter la banque et dans un vacarme assourdissant, je remportais l’ultra-jackpot.

Les gens criaient, les pièces tombaient de toute part et les gyrophares hurlaient ma victoire. J’avais l’impression d’être la star d’un jeu TV !

Avec cérémonie, les gérants m’offrirent le gros lot : Un pass pour une nuit dans une suite de l’Hermitage.

Je n’avais qu’à rentrer un code spécial dans l’application du site du palace et mon pass était activé, quand je le désirais…

Une fois le lot remis, la foule se dispersa et je m’approchais des barrières longeant le chenal pour me remettre de mes émotions… J’imaginais déjà la tête des copains quand j’allais leur raconter tout ça ! Pris dans mes pensées, je ne remarquai pas tout de suite une silhouette s’avancer et se planter à côté de moi :

c’était la MILF !

D’une voix sévère, telle une maîtresse qui va faire la morale à son élève, elle me demanda si j’étais à l’aise avec l’idée d’avoir volé la victoire à ses enfants.

Eberlué, j’allais contrer ses dires quand elle colla son doigt sur mes lèvres en me chuchotant à l’oreille : « On peut peut-être s’arranger à l’amiable… en partageant le lot ? ».

J’hallucinais en me voyant partager la chambre de luxe avec ses gamins de 10 ans, quand elle ajouta : « Mes enfants dorment chez leur père ce soir. On peut en profiter ! ». Je regardais alors le ciel et vit l’étoile du berger se mettre à briller, c’était le signe que j’attendais depuis le début de la semaine.

Je dégainais sans un mot mon portable et activais le pass de la suite et lui montra l’écran : « Votre chambre n°13 est prête».

Elle mit une nouvelle niniche dans sa bouche et me prit par la main pour la suivre vers le parking bondé près des quais.

Elle monta, dans une Austin Mini vintage et nous partîmes vers La Baule.

Nous n’échangions aucune parole dans la voiture. Elle était concentrée sur la route et moi j’enregistrais chaque détail de son visage et de son corps. Elle devait avoir dans les 40 ans, brune aux yeux bleus, avec une belle bouche au rouge à lèvre carmin, en harmonie avec son vernis à ongles.

Elle avait une poitrine à se damner, des hanches étroites et des jambes qui semblaient interminables par rapport à la petitesse de sa robe azur et de la hauteur de ses talons compensés. Elle n’était ni bimbo ni cougar, c’était une femme qui savait ce qu’elle voulait, et ce soir-là, je pense que c’était moi… et mon gros lot !

Elle gara son Austin devant l’entrée de l’imposant édifice, lâcha sa niniche et le voiturier s’empressa d’aller la garer à l’abri des regards.

A la réception, je me rendis compte du grotesque de la situation en nous voyant dans les miroirs du hall d’entrée.

Moi, en campeur, toujours en tong et bermuda et elle, super classe, comme si elle était habituée à ces décors de princesse.

Je tendis mon smartphone au concierge qui me félicita, plutôt deux fois qu’une, pour ma chance de débutant !