Hildegarde et Moi
Auf Panodyssey kannst du bis zu 30 Veröffentlichungen im Monat lesen ohne dich anmelden zu müssen. Viel Spaß mit 29 articles beim Entdecken.
Um unbegrenzten Zugang zu bekommen, logge dich ein oder erstelle kostenlos ein Konto über den Link unten.
Einloggen
Hildegarde et Moi
Sa docilité se teintait souvent de l'allure du prisonnier qui de toutes les manières finirait par s'échapper.
Dans ces moments là, sa mâchoire se révélait à mes yeux la plus grande qui soit; tel un mur infranchissable. Elle mastiquait comme l'on attend une mauvaise nouvelle. Préparer une tartine était bien là sa cérémonie du thé. Je n'ai jamais vu un beurre s'étaler avec autant de précaution.
Ce beurre c'était elle finalement, comme elle aurait souhaité que d'elle on s'occupe. La confiture; la place du plaisir qu'elle attendait dans sa vie. Elle offrait dans ces moments un spectacle qui s'éternisait comme sa mélancolie. Elle jouissait autant de ce moment qu'elle le détestait.
Elle prenait soin de sa solitude comme l'on prend soin de son église. Son silence était un temple et elle passa sa vie à m'initier pour y pénétrer. Jamais elle ne m'en donna les clés.
Dans le jardin de ce temple elle avait fait pousser les haies touffues d'un labyrinthe verdoyant dans lequel elle s'amusait autant qu'elle s'inquiétait de m'y voir perdue.
Nos moments heureux se déroulaient au cloître. Elle avait fait de la spiritualité un enclos où il fallait tourner en rond et ne poser que des questions. Elle craignait au fond la réflexion, SA, réflexion. Mais pour moi c'était à chaque fois une parenthèse presque enchantée. Dans ces moments à déambuler c'était la trêve hivernale mais je ne pouvais m'y habituer parce que même son calendrier changeait.
Une torture que de l'attendre m'inviter, une béatitude que ces moments où elle acceptait de me montrer au loin le jardin de curé. Parce qu'elle savait soigner mais pas partager. Transmettre faisait partie des mots qu'elle ne connaissait pas. Cela n'existait pas dans son monde. Alors comment lui en vouloir? Puisqu'elle ne savait pas.
Ses peurs et ses démons elle me les laissaient en gardiennage comme un animal de compagnie pas trop sage. Malheur, ils avaient fini par devenir autant les miens que les siens.
Des haies j'ai fini par en faire des bouquets.
Yasmina Zakrani vor 2 Jahren
Alexia Monrouzeau vor 2 Jahren
Yasmina Zakrani vor 2 Jahren
Alexia Monrouzeau vor 2 Jahren
Yasmina Zakrani vor 2 Jahren
Alexia Monrouzeau vor 2 Jahren