Vos intuitions sont-elles pertinentes ?
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Vos intuitions sont-elles pertinentes ?
Nous avons appris à accumuler l’information. Plus nous en "avons" sur un sujet et mieux nous pensons le connaître. L’étendue de ces connaissances est supposée refléter notre maîtrise sur le sujet étudié. Il est bien ancré qu’il ne faut pas parler sans savoir, qu’il faut s’informer avant de penser. Une bonne documentation permet ensuite de réfléchir valablement. Toutes ces évidences nous font passer à côté d’une chose toute simple : la recherche d’informations est déjà le reflet d’une construction du monde. Pourquoi suis-je plus sensible à telle information qu’à telle autre? Pourquoi celle-ci, quoique sur ma route, devrait-elle être considérée comme négligeable et sans valeur ?
A priori, toute information est importante. Le problème est toujours le même, c’est celui de l’interprétation qu’on en fait. Chaque « mouvement » dans un système reflète le rapport des forces qui y agissent. Il contient donc toute l’information nécessaire, mais sous une forme tellement compactée qu’il est difficile de savoir exactement quelle valeur lui donner. Tout élément, tout détail, est pertinent, à condition de le contextualiser et de le vérifier. Ici, chaque mot, chaque geste est signifiant.
Contrairement à la démarche qui consiste à accumuler de l’information avant de réfléchir, je conseille de prendre le risque de penser des choses à partir de peu et de se tromper. Ce qui est dommageable n’est pas l’erreur, c’est la non-correction de l’erreur par les informations contradictoires apparues ultérieurement. Quand nous réfléchissons en termes de système, nous ne sommes pas dans une logique d’exclusion. Bien au contraire, nous cherchons à repérer ces contradictions qui animent et dynamisent un équilibre. Si les informations doivent être hiérarchisées, aucune n’est à exclure.
Par exemple, une rumeur – type même de l’information probablement fausse – est à intégrer dans un cadre plus large qui met en cause les valeurs et les mythes du système, les intérêts des uns et des autres, des dimensions de peur ou d’inquiétude qui viennent se cristalliser dans cette vraie « fausse » information. Pour inexacte qu’elle soit, elle n’en a pas moins été créée, diffusée, reprise, amplifiée par la participation du bouche à oreille et par le besoin de donner sens à un « quelque chose » qui reste à identifier.
Le problème essentiel est donc de repérer, parmi toutes les stimulations que le monde nous propose, celles qui « méritent » d’accéder au statut d’« information », c’est-à-dire celles dont le contenu oblige, en même temps qu’il nous le permet, le remaniement de ce que l’on croyait savoir.
Les questions qui se posent autour de toute nouvelle information sont :
– d’où, de qui, vient cette information ?
– pourquoi me la donne-t-on maintenant ?
– quel sens lui accorder ?
– que vise-t-elle à me faire faire ?
– quel type de relation celui/celle qui me la donne essaye-t-il/elle de construire avec moi en me la fournissant ?
Ces questions visent à contextualiser la circulation de l’information, et pas seulement son contenu. Leurs réponses sont en partie intuitives et en attente de vérifications concrètes. D’où l’importance d’être attentif, et confiant, envers ses intuitions, tout en étant rigoureux sur la différence entre une intuition et une confirmation.