Chapitre II : "L'Île des Noyés"
Auf Panodyssey kannst du bis zu 10 Veröffentlichungen im Monat lesen ohne dich anmelden zu müssen. Viel Spaß mit 8 articles beim Entdecken.
Um unbegrenzten Zugang zu bekommen, logge dich ein oder erstelle kostenlos ein Konto über den Link unten.
Einloggen
Chapitre II : "L'Île des Noyés"
J'avance à travers la végétation de cette île. Une végétation remarquable, ce n'est pas tout les jours que l'on peut apprécier une telle diversité. J'entend du bruit, non loin. Un animal s'enfuit. Qu'importe, du moment que ce n'est pas un prédateur. J'ai déjà rechargé mon arme avec des cailloux. J'en ai ramassé d'autres au cas ou, en emportant un peu de poudre avec moi. J'aimerai éviter d'avoir à me servir de mon tromblon. En poursuivant mon chemin jusqu'au manoir que j'avais aperçu, j'arrive près d'un cimetière, un petit village est situé juste à coté. Malgré le nombre d'habitations, je ne croise personne dehors. D'ailleurs, les habitations situées près du cimetière semblent abandonnées, vu leur état. Je remarque aussi que le sol qui recouvre les tombes est étrange, je préfère prendre mon arme en main pour toquer chez les gens. Personne ne répond à part ce qui semble être un médecin épuisé. Après l'avoir avertit de la situation, il part chercher de l'aide en m'affirmant que des gens allaient venir nous aider, je fonce donc rejoindre notre épave. Plus tard, des gens viennent. Ils semblent assez surpris de nous voir. Ou plutôt, relativement effrayés. Seule une dizaine de personnes sont venues, n'y a-t-il donc que ça?
- Où sont les autres ? demandais-je.
- Quels autres ? se demande un homme. Toutes les personnes en état d'aider sont venues.
- Mais vous n'êtes pas nombreux du tout.
- Nous n'avons jamais été nombreux. Et ne vous inquiétez pas, nous sommes habitués à ce genre de situation. Vous n'êtes pas le premier navire à venir s'échouer ici, et probablement pas le dernier.
Le médecin s'avance.
- Bienvenue sur l'Île des Noyés.
- C'est le nom de cette île ? Demandais-je. Bon sang, mais pourquoi n'est-elle pas répertoriée sur la carte ? Notre Capitaine n'a pas survécu au voyage.
- Vous avez été enveloppés par la brume, n'est-ce pas ? demande le médecin.
- Oui, comment le savez vous ?
- C'est toujours le cas. Les récifs sont traitres, et de plus ils sont aidés par la brume. C'est comme si l'île voulait vous attirer ici.
Je reprend mes distances... Qu'entend-t-il par là ? Un homme nous avertit que les cadavres des noyés ont flotté trop loin pour prendre le risque de les récupérer. Dommage, nous ne pourrons pas les enterrer. Noémie et Théodore parviennent enfin à me rejoindre, m'informant qu'ils ont discrètement caché notre coli pour éviter tout soupçons. Le cuisinier du village, lui aussi présent, nous propose de venir manger afin de reprendre des forces. Il n'a pas vraiment l'air d'être quelqu'un de propre, je doute donc du goût de sa cuisine, mais qui sommes nous pour refuser un repas gratuit ? Tout les autres survivants nous rejoignent. Il y a donc le bourgeois, plus stressé que jamais, et une femme, étrangement sereine. Elle tient une sorte de protection religieuse. Avec un peu de chance, c'est ça qui nous a sauvés. Il y a aussi deux personnes, plutôt louches. Je pense que leur robustesse les a aidés. Ils ne devaient probablement pas aller voir quelqu'un qu'ils aiment, en Angleterre. Serait-ce eux qui étaient sur le pont au moment de la mort du Capitaine ? Après tout, à deux, ils pouvaient avoir un plus grand rayon d'action, ce qui avait probablement affolé le Capitaine. Mieux vaut se méfier.
Vient encore un musicien, dont l'instrument était définitivement hors d'usage. Ses vêtements ne semblaient pas vraiment usés, je suppose donc qu'il n'est pas dans la pauvreté. Enfin, il reste un jeune garçon que je ne me souviens pas avoir vu lorsque nous montions à bord. Il est peut-être monté sans permission, clandestinement. Tout les autres passagers sont, hélas, morts. La noyade n'est pas une mort agréable, loin de là. Sur le chemin, le cuisinier nous fait part de sa joie d'enfin avoir des survivants. Une chose qui ne rassure aucun d'entre nous. Il nous raconte que très rares sont les naufragés ayant échappé à la noyade. La dernière fois que c'est arrivé, le survivant est mort quelques jours plus tard en tombant de la falaise. Certains l'ont vu courir près du bord, comme s'il fuyait un animal, et le malheureux aurait glissé. Mais d'habitude, nous assure-t-il, les navires n'approchent jamais aussi près du rivage. En général, les récifs s'en chargent bien avant. Et bien peut-être que si la brume ne compliquait pas la tâche à ce point, plus de navires approcheraient cette île, hésitais-je à répondre.
Nous finissons par arriver au village. "Bienvenue à Sinisbourg", nous fait le cuisinier avant de nous mener à son établissement. L'endroit est miteux. Je me demande bien comment ils font. Le cuisinier nous demande de ne pas être fâchés envers ceux qui ne sont pas venus aider. La plupart des hommes et des femmes ne sont pas vraiment en forme, en ce moment. Le médecin a beaucoup de travail. Je demande qui peut bien vivre dans le manoir que j'avais aperçu.
- Le Manoir ? s'étonne le cuisinier. Ceux qui y vivent sont là depuis longtemps. C'est la famille Esterion qui y vit. Les grands-parents, le couple et l'enfant. Leur gosse a toujours été bizarre, c'est une fille vraiment étrange.
- Il vous arrive souvent de les voir ? demande Noémie.
- Oui, je leur apporte des plats, parfois. Quand ils me le demandent.
- Il n'y a qu'eux, là-bas ? demande Théodore.
- Oui, leur serviteur est décédé il y a quelques mois. Hélas, il rangeait une caisse lorsqu'il a glissé et s'est rompu le cou. La seule chose que la famille a entendu, c'est son cri de peur avant de toucher le sol. Quelle tragédie, le pauvre n'avait pas mérité ça. Mais bon, il a toujours été maladroit, il fallait bien que cela arrive un jour.
Hélas, il a raison. Les accidents arrivent n'importe quand, sans jamais prévenir. Théodore, Noémie et moi sortons. Voilà qui va grandement compliquer notre livraison, voir même tout simplement notre retour. J'observe les lieux. Les bâtiments sont tout de même assez délabrés, dans le coin. Tant pis. Nous nous dirigeons vers une maison abandonnée, dont le plafond est troué, afin de nous installer. Nous partons récupérer nos bagages à tour de rôle. Je remet le tromblon dans le coffre, je n'en ai plus vraiment besoin, désormais. La nuit va bientôt tomber. Je remarque que ni Théodore, ni Noémie ne sont à l'aise avec la situation actuelle. C'est, hélas, aussi mon cas.
- Ce n'est tout de même pas normal, fait remarquer Noémie. Le Capitaine avait bu, avant de partir ? comment aurait-il pu dévier à ce point ?
- Je n'en sais rien, répondais-je. Il ne me semblait pas réellement affecté par la boisson. Quoique, il semblait tout de même délirer. Mais avec le temps qu'il faisait, n'importe qui aurait pu paniquer.
- Et tu dis qu'il a subitement fait une crise cardiaque ? demande Théodore.
- Oui, cela s'est passé sous mes yeux. D'un coup, il a eu mal au cœur et puis il s'est effondré.
- Et tu es sûr que vous étiez seuls sur le pont, à ce moment là ? continue Théodore, soupçonnant quelque chose.
- Je... Je n'en sais rien.
J'hésite un peu, tentant de me remémorer l'instant en détails.
- Je ne suis pas sûr. Je n'ai rien vu, mais le Capitaine disait entendre quelque chose, comme des grincements. Peut-être que de là où il était, il a vu quelqu'un. Maintenant que tu le dis, lorsqu'un éclair nous illumina, à sa mort, j'aperçu une ombre sur lui, qui disparut en un instant. Peut-être que quelqu'un était là.
- Peut-être que ce n'était pas une crise cardiaque, mais qu'on l'a empoisonné, ou bien transpercé à l'aide d'une dague, suppose Noémie.
- Noémie, tu m'accompagneras demain afin que nous examinions les lieux. Théodore, en revanche, il faudra que tu surveilles nos affaires.
Les rôles étant répartis, nous essayons de dormir. C'est à la fois facile car l'action nous a fatigués, mais aussi difficile car la situation actuelle est tout sauf agréable. Être coincés sur une île sans réel moyen de partir nous fait réfléchir. La mort du Capitaine n'avait rien de naturelle, il faut mener l'enquête. Si un tueur se trouve parmi nous, il faut vite le démasquer.
Le lendemain, Noémie et moi partons pour l'épave du Navire. Une barque est encore présente, ce qui nous permet d'aller enquêter sans avoir à se mouiller. Bigre, le récif ne nous a vraiment pas épargné, le bateau est impossible à réparer. Certains bagages flottent encore. Nous les fouillons, à la recherche d'indices pouvant indiquer si quelqu'un avait l'intention d'assassiner qui que ce soit... Mais il n'y a rien.
- Et le bourgeois ? demande Noémie. Il était tout de même bien pressé, ce n'est pas normal.
- Je ne pense pas, et puis il n'était pas sur le pont au moment des faits.
- Mais il y était avant, non ? Peut-être qu'il a injecté au capitaine un poison dont l'effet est lent à venir.
- Peut-être. Il faudra le questionner.
Nous continuons de chercher. L'endroit est assez bancal, ce qui complique nos fouilles. Après un certain temps, je me décide à aller sur le pont, là où le Capitaine a rendu l'âme. Son corps n'est pas là, je suppose qu'il a du tomber dans l'eau. Dommage. Aucune trace de quoi que ce soit, nulle part. C'est dingue, il n'y a aucun indice. Soudain, je me rappelle... Il disait que le bois grinçait à certains endroits. Le suspect fait donc son poids. Je soupçonne de plus en plus les deux costauds qui avaient embarqués avec nous. Seulement, ça s'arrête là, je n'ai aucune preuve de quoi que ce soit...
- Adam !
- Oui ? Répondais-je. Qu'y a-t-il ?
- Je crois que j'ai retrouvé le Capitaine.
- Comment ça, tu crois ?
- J'ai du mal à le reconnaitre, avoue Noémie.
Je m'approche. Un corp semble flotter, au loin. Une zone accessible sans plonger dans l'eau. Je ne reconnait rien d'autre que le vêtement qu'il portait. Nous le rejoignons au plus vite, avant que les vagues ne l'éloignent. J'utilise un morceau de bois pour le rapprocher de nous, puis l'examine... Bon sang, il est complètement desséché. Il a la peau sur les os, il ne semble même plus avoir la moindre goutte de sang dans son corp.
- C'est étrange, fit remarquer Noémie. Regarde, on dirait que du sang est allé sur ses vêtements, là.
- Près de son torse?
J'utilise le bâton pour bouger ses vêtements et voir ce qu'il y a en dessous. La surprise est de taille quand on s'aperçoit que quelque chose a transpercé son corp pour arracher son cœur. Il a un trou dans la poitrine. Pourtant, on dirait que le sang n'a pas coulé tant que ça, ce qui soulève beaucoup de questions. Peut-être qu'il était dans l'eau à ce moment là? Le mystère s'épaissit.
- Tu penses que c'est une bête sauvage qui a fait ça ? Demandais-je.
- Je n'en sais rien. Peut-être, après tout, mais je ne comprend pas l'état de son corp. Il faudrait questionner le médecin à ce sujet.
- Sans doute.
Nous mettons le cadavre du Capitaine sur son navire, afin de le retrouver si besoin. Au loin, nous apercevons d'autres corps flotter, mais ils sont trop éloignés pour prendre le risque d'aller les récupérer. Les vagues s'en chargeront, comme pour le Capitaine. Lorsque nous revenons au village, les deux lourdauds que je suspecte semblent se méfier de nous. Je sens qu'ils nous observent. Seraient-ils en train de comprendre que je les soupçonne ? L'un d'eux s'avance vers moi.
- Alors, on rôde près de l'épave ? demande-t-il, suspicieux. Quelque chose à y faire ?
- En quelque sorte, oui, répondais-je.
- Joue pas au plus malin avec moi. Si tu te mêle de ce qui ne te regarde pas, tu risque de le regretter.
- Qui vous êtes, vous ? demande Noémie.
- Je m'appelle Marcus, et mon ami se nomme Herman. Vous devriez éviter de trop fouiller dans les affaires encore présentes sur le navire.
Ils repartent juste après vers l'endroit où ils se sont installés. Je les trouve de plus en plus louches, mais cette histoire ne s'arrange pas. Un arrêt cardiaque, ce n'est pas simple à provoquer. Si l'assassin a effectivement utilisé du poison, alors il doit encore en avoir quelque part. Peut-être que des fouilles approfondies de l'épave nous permettrait d'en trouver des traces, mais cela attirerait bien trop l'attention. Noémie retourne voir Théodore tandis que je me dirige chez le médecin du village... Absent. Il n'est pas là. Un villageois m'indique qu'il est allé rendre visite à la famille Esterion. Au manoir, donc. Pas de temps à perdre, je m'y rend aussi.
C'est un trajet relativement long pour atteindre le manoir. Il est situé en bord de falaise, et le terrain pour y accéder est rempli d'obstacles, comme des arbres ou des rochers. Il faut aussi passer par une partie inhabitée du village. Des rénovations devraient être effectuées, de nombreuses habitations ont été abandonnées à cause de leur état déplorable. Je n'ai pas croisé tant de bêtes sauvages que ça, c'est assez rassurant. Après tout, c'est une île. C'est lorsque j'arrive au manoir que le médecin en ressort, encore en train de discuter avec une femme.
- Et surtout, commence le médecin, dites lui de se reposer. L'âge ne l'épargnera pas.
- Sans faute, docteur, répond la femme.
- Surtout, empêchez le de mettre quoi que ce soit autour de son cou, cela pourrait mal finir.
- Oh. Qui est-ce ? demande la femme, tandis que je m'approchais.
J'arrive près du médecin, finissant de lui expliquer les raisons de notre présence sur cette île.
- Docteur, j'ai besoin de votre aide, annonçais-je.
- Pourquoi donc ? Vous m'avez l'air d'être un bon gaillard. Vous vous sentez malade ?
- Non, à vrai dire ce n'est pas pour moi. J'aurai simplement des questions.
- Lesquelles ? Demande-t-il.
- Un cadavre peut-il se dessécher l'espace d'une journée, s'il est laissé en eau de mer ?
- C'est... C'est une drôle de question, avoue-t-il. Je ne pense pas, non, il faudrait au minimum plusieurs jours. Mais pour quelle raison me demandez vous cela ?
- Et bien... Gardez cette information pour vous, je ne voudrais pas que les doutes nous divisent... Mais nous avons enquêté sur l'épave. Nous avons retrouvé le cadavre du Capitaine, qui est mort d'une crise cardiaque. Il était desséché et une bête semble avoir dérobé son cœur.
Alors que je finis ma phrase, je remarque que le médecin devient pensif. Il se reconcentre rapidement en voyant que j'ai fini.
- C'est étrange, me confie-t-il. Oui, très étrange.
- Qu'en pensez vous, docteur ?
- Je ne peux rien vous dire sans avoir examiné le corp. J'ai à faire, je dois partir. Vous n'avez qu'à faire connaissance avec la famille Esterion.
Il repart aussitôt, en jetant des coups d'œil discrets afin de s'assurer que je ne le suive pas. Pour un médecin, il est bien suspicieux. Je trouve cela étrange. Je vérifierai plus tard. Mieux vaut aller voir cette famille. Bon sang, leur manoir est immense. La femme qui discutait avec le médecin me voit arriver et me rejoint aussitôt.
- Navré, cela ne va pas être possible de rentrer pour le moment, explique-t-elle.
- Pourquoi donc ? Demandais-je.
- Mon père vient juste de se faire examiner, il lui faut un peu de repos. Quel est votre nom ?
- Je me nomme Adam, madame. Et vous ?
- Je me nomme Adélaïde. Ainsi, vous vous êtes échoués sur l'île ?
- Par chance, heureusement. Nous avons failli couler en pleine mer. Cela aurait été fatal, assurément.
- Espérons que votre chance continue, dans ce cas.
- Pourquoi donc ?
- L'île des Noyés est assez coupée du monde. Les seuls navires qui viennent ici ne passent pas plus d'une fois par mois. Essayez donc d'embarquer sur l'un d'eux et partez d'ici. Aucun étranger ne reste bien longtemps sur cette île.
- Il y a quelque chose de spécial, ici ? demandais-je, curieux.
- Je vais devoir vous laisser. Je vais devoir m'occuper de mon père.
Sur ces mots, elle me laisse. Tant pis, autant retourner voir Théodore et Noémie. Le mystère ne fait que s'épaissir, sur cette île, personne ne semble vouloir aller au bout de sa pensée, cela m'agace.