Chapitre 3
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Chapitre 3
Julia et Raoul se souriaient sur le lit en chien de fusil. Ils titillaient si Clara les laissait tranquilles, ils ressentaient la fièvre amoureuse, ils se résignaient à être sages. Ils touchèrent leurs mains, ils se tentèrent, ils s'approchèrent, ils roulèrent pour tourner. Julia écarta ses jambes et les coinça dans celles de Raoul. Ils s'embrassèrent, ils serrèrent les doigts. Clara les entendait à la porte et se leva sur ses pieds pour expérimenter d'attraper la poignée. Julia avait fermé à clé.
– Pa !
Raoul se ressaisit par la voix de sa fille.
– Bon, Julia, c'est maintenant que tu vas entrer dans la vie de ma fille.
– Pa ! Pa !
– Je suis là, ma chérie, je change de tenue.
Julia saisit d'un tract une excitation inexplicable, bondit et se renfila sa robe, la lissa avec ses mains pour effacer le moindre faux pli. L'amour la rendait légère, son corps se remplissait de chaleur. Sans glace, difficile de se mirer sa beauté.
– Mes cheveux, ils sont comment ?
– Beaux et décoiffés.
Essoufflée, sa respiration saccadée, la peur de ne pas être à la hauteur de son homme, une erreur lui serait fatale.
– Raoul, ce n'est peut-être pas bien choisi pour moi de sortir de cette chambre avec toi. Je ne suis pas sa mère.
– La sienne a un défilé d'hommes, elle a moins de scrupules que toi.
– Ce n'est pas une raison ! Si elle n'est pas un modèle, toi, tu dois l'être ! Sinon, à qui peut-elle se fier ?
– Trop tard pour te défier, tu es là !
Tout en discutant, Raoul changea de tenue.
– Je suis ridicule !
– Non, c'est humain. Tu n'as pas d'explications à lui fournir, surtout à son âge.
– Drôle de vision de ta part, ça te concerne après tout.
Julia jeta un froid, mais Raoul ne lui tenait pas rigueur, il n'y aura pas de conflit. Elle souhaitait le connaître dans ses valeurs, ses idées et ses relations avec ses enfants, ce qui avait une importance capitale pour la suite. Il n'y aura aucune obligation de partager les mêmes opinions, elle gardera sa nature et ses convictions. Toutefois, tout dépendait de lui et de l'accueil de ses enfants, et s'ils étaient prêts qu'une femme vive avec leur père. Raoul fit ouvrir la porte.
– Pa !
Derrière Raoul, Julia se rongea les ongles.
– La personne qui est avec moi, c'est Julia, une amie de ton papa.
Julia salua avec sa main. Clara sautilla et mima avec sa bouche un bisou. Raoul s'éloigna de Julia qui s'agenouilla ; Clara l'embrassa pour repartir vers ses jouets. Julia fut rassurée par cette première étape. Raoul désigna son manteau à sa fille pour une promenade. Elle se ramena auprès de lui.
– Clara, tu viens avec nous pour une balade dans les sentiers, mais as-tu faim, Clara ?
– Non !
Clara rejoignit Raoul qui était dans la cuisine. Il préparait dans le sac à dos avec une boîte de gâteaux en forme de bateau fourrés à la fraise, une compote, de l'eau et un verre. Ils se dirigèrent vers la porte de sortie et Clara donna la main à son père, la voiture était dans la rue. Raoul ouvrit la portière et Clara grimpa dans son cosy. Raoul l'attacha puis il monta dans la voiture avec Julia. Raoul démarra et il roula jusqu'à la côte sauvage de Quiberon. Tout attentive au défilé de vues, Clara l'appela et Raoul regardait dans le rétroviseur intérieur, lui parlait et lui expliquait son après-midi. Elle avait des expressions comiques qui lui permettaient d'être un petit clown. Raoul se riait et Julia se détournait pour assister à son spectacle. Elle lui rappelait le manque de sa vie : avoir un enfant. Elle avait pour priorité ses études, sa carrière professionnelle et sa réussite afin de satisfaire son père, en premier lieu, qu'il soit fier d'elle. Raoul s'immobilisa sur une place de stationnement à l'entrée de la plage. La température extérieure était refroidie par le vent qui soufflait.
Clara se fatiguera vite pour se coucher tôt. Raoul détacha Clara qui descendit de son siège. Raoul lui prit la main en raison des voitures qui les entouraient et qu'elle ne s'échappe pas de son attention. Une petite entrée bordée de poteaux en bois avec du fil de fer pour accéder à l'étendue de sable, la mer formait des rouleaux, elle était loin. Des dunes blanches ou mobiles, des dunes grises ou fixes, des murets de pierres, bien abrités par des embruns avec une pelouse basse à recouvrement ainsi que la mousse et le lichen appartenaient au paysage. Raoul lâcha la main de Clara et lui enleva ses chaussures. Julia les imita, puis elle s'assit sur une pierre. Le sable fin paraissait mou lorsqu'ils enfonçaient leurs pieds. Accroupie, Clara, à travers ses petites mains, rassemblait le sable pour former plusieurs buttes. D'autres parents et enfants se lançaient le ballon, se baignaient les pieds dans des petites mares près des rochers ou pêchaient avec leurs épuisettes des crevettes. Il y avait des billes qui roulaient sur un circuit construit sur place avec un petit pont. Clara avait les yeux partout et observait autour d'elle.
– Pa ! Pa !
– Que veux-tu, Clara ?
Clara s'avança et lui tira sur sa manche.
– Ah ! Je viens !
Elle attira Julia qui était spectatrice et qui se trouvait dans la réserve. Elle se demandait si elle était faite pour être mère, elle n'était pas à l'aise jusqu'à présent. Elle ne savait pas comment procéder avec Clara. Clara alla la chercher avec un grand sourire et lui tendit la main pour descendre plus bas. Ils évitèrent les ballons. Julia se sentit bouleversée par cet excès de confiance envers elle. Clara la surprenait par sa spontanéité.
– Ma ! Ma !
Mal à l'aise, mais Julia la prit dans ses bras et lui donna un énorme baiser. Julia avait envie de devenir mère et de materner. Il était temps pour elle d'en avoir un et cela la troublait. Elle la serra contre elle, Clara la prit par le cou et lui rendit par un gros bisou. Elle riait avec bonheur. Raoul assista la scène.
– Le courant passe vite entre vous !
– Oui, c'est rapide ! Elle a besoin d'affection, ta fille !
Raoul savait le manque de Julia.
– Clara, une petite trempette des pieds, ça te dit, après on rentre ?
Clara ne fit pas prier et elle remua dans les bras de Julia. Obligée de la descendre, Clara reposa les pieds sur le sol. Tout excitée, elle courut vers la mer avec enthousiasme, Raoul la poursuivit. Elle était ravie par cette course folle avec son père. Elle s'éclatait en compagnie de lui. Julia les suivit à vitesse lente. La mer était froide. Clara fut surprise à cause de cette température si basse. Elle s'écria sur le coup. Raoul crut à la piqûre ou au pincement d'une patte de crabe. Clara recula en raison des mouvements de la mer, elle sautait entre les vagues et recevait les éclaboussures. L'air frisquet la glaçait, mais à force de bouger, elle ne ressentait plus la fraîcheur. Au bout d'un certain temps, Raoul l'appela pour rentrer, il était bientôt dix-huit heures. Au début, elle grogna un peu, puis se rejoignit vers son père et lui tendit ses bras. Julia était venue à leur rencontre avec un sac. Clara entre Julia et Raoul, ils lui donnèrent la main, tous les deux la soulevèrent pour qu'elle saute. Tous les trois étaient heureux. Ils regagnèrent à la voiture, Clara se replaça dans son siège. Julia, plus détendue, embrassa Raoul avant de retourner dans la voiture, elle l'enlaça.
– Mio amore, elle est magnifique, cette petite.
– Tout se déroule bien.
– Oui.
Ils ne tardèrent pas, ils redémarrèrent. Clara chantonna, puis suça son pouce, elle s'endormit. Julia et Raoul s'échangeaient parfois des regards furtifs, le bonheur se lisait sur eux. Raoul retirait sa main du volant dès qu'il pouvait pour approcher la main de Julia. Il ne restait plus que se mettre dans la poche de Fabrice, elle ignorait comment il prenait sa relation avec son père. Lorsqu'elle sera sûre que tout était de son côté, elle envisagerait d'habiter avec Raoul. À leur retour, Fabrice était déjà là. Il grattait sur sa guitare. Clara s'assit à côté de lui et l'écouta. Julia fut impressionnée par cette attention et l'admiration de Clara. Lorsque les yeux de Julia croisèrent ceux de Fabrice, il sourit et cessa.
– Oh, surtout, ne vous arrêtez pas, c'est beau un son de guitare.
– Vous êtes Julia ?
– Fa ! Fa !
Fabrice reprit son morceau de musique dès qu'elle affirma en hochant la tête. Raoul l'interrompit une deuxième fois.
– Cela ne te dérange pas si Julia se joint à nous pour le dîner ?
Embarrassé, Fabrice ne s'attendait pas à cela, il ravala sa salive, hésitant un peu. Il observa tous les deux : son père semblait heureux de l'avoir à ses côtés, son geste d'amour où Raoul posait sa main sur l'épaule de Julia et elle avait un bras autour de la taille de Raoul. Il n'avait pas envie de refuser. Il n'avait rien contre elle, même si être spectateur de leur démonstration témoignait de leurs sentiments. Bien que, après le divorce de ses parents, Raoul était avec Estelle, il n'avait pas assisté à cette relation à l'époque là. Julia suggéra de montrer ses talents culinaires afin de s'intégrer à cette famille qui deviendrait la sienne avec des plats italiens. Cette nouvelle bouleversait tous les plans de Raoul, elle lista les ingrédients s'ils se trouvaient dans les placards ou dans le frigidaire. Il restait de la viande hachée et de la pâte à lasagne, de la sauce tomate et des oignons. Julia prit possession de la cuisine, elle se sentait chez elle. Raoul l'embrassait de temps en temps sur les lèvres. Elle éplucha deux oignons, les éminça, les fit revenir dans une poêle. Puis elle compléta avec la sauce tomate avec la viande hachée.
– Clara va prendre son bain pendant ce temps.
Julia regarda Raoul, elle regrettait de ne pas pouvoir participer à cet instant.
– Dommage que je ne puisse pas le faire à ta place.
– Une prochaine fois, Julia, c'est un peu précipité pour elle.
– Tu as raison.
Julia posa ses deux mains sur la poitrine de Raoul, leurs têtes se touchaient. Julia ferma les yeux.
– Mio amore, je t'aime, fais que j'appartienne… j'ai envie de rester ce soir et voire plus en essai.
– C'est une bonne idée.
Raoul l'embrassa. Le bruit de la cuisson les rappela à la réalité et Clara qui venait à l'improviste.
– Oh ! Je ne dois pas calciner mon repas !
Raoul eut un coup d’œil et un rire.
— On ne serait pas un peu pareil tous les deux ? Ah, Clara, un petit bain, ça te dit avec Papa ?
– Pa ! Pa !
Clara n'était pas décidée, elle préféra avoir un œil sur Julia, elle venait voir leur baiser. Sa mère lui avait expliqué que Raoul était son père et qu'un lien demeurait entre eux. Même si les deux ne vivaient pas ensemble, elle sera toujours en relation avec lui à cause d'elle. Estelle lui rabâchait qu'un jour, ils seraient tous les trois. Julia n'était pas sa maman, dans sa tête de petite fille. Elle n'appréciait pas ce qu'elle voyait sous ses yeux. Elle lança des yeux noirs à Julia et croisa ses bras. Julia fronça les sourcils, ce changement d'humeur la surprenait, puis elle comprit. Julia s'avançait trop vite pour idéaliser Clara. Cependant, Clara ne serait pas un obstacle, elle n'était pas toujours présente avec Raoul et si son père lui éclaircissait sur sa relation avec Julia, elle pourrait être acceptée. Clara n'était pas contente avec son papa et elle ne manquait pas de lui montrer. Elle refusa de prendre le bain et de manger avec Julia. Elle commença par des cris et tapota les jambes de Julia. Elle cria et hurla dès que Julia tenta d'être plus proche d'elle. À son tour, Raoul était furieux, il lui tira sur le bras.
– Tu es punie, vas dans ta chambre !
– Non ! Non !
Raoul la força et continua à la dégager. Plus il insistait, plus ses vocalises augmentaient de volume.
– Si tu ne te calmes pas, tu ne mangeras pas.
Raoul referma la porte et Clara finit par se taire. Elle s'étendit sur le lit, mordilla son pouce. Dépitée, Julia se questionna si son projet était encore avorté pour rester dormir chez Raoul. Peut-être que ce n'était qu'une fatigue passagère qui compliquait avec Clara.
Tout à coup, le silence, Raoul posa son oreille contre la porte, il s'aventura à entrer dans sa chambre. Clara enleva son pouce de la gorge.
– Pa ! Pa !
– Clara, ce n'est pas bien ce que tu as fait.
Clara tourna la tête pour ne pas le regarder.
– Tu sais, cela ne changera rien entre nous, tu seras éternellement ma petite fille et je t'aimerais toujours. Ta maman a refait sa vie avec un autre homme et Papa a le droit aussi d'être avec une autre femme que ta maman. Maintenant, tu vas faire un bisou à Julia.
Clara boudait et Raoul la chatouilla sous ses bras. Elle gigota dans tous les sens et elle fut prise de crises de rire. Raoul renouvela sa demande à Clara et elle se décida, finalement, de se lever et de suivre son père jusqu'à la cuisine. Julia cuisinait et le sourire de Clara en disait long. Clara lui tendit ses bras et Julia se baissa, puis se blottit contre elle. Clara l'embrassa et s'en alla avec Fabrice qui chantonnait avec sa guitare.
– Du coup, je me tâte pour ce soir.
– Pourquoi ? À cause de Clara ?
– Oui.
– Julia, elle a trois ans et ce n'est pas elle qui va nous commander.
– Certes, mais ton ex ?
– Ben, elle a quelqu'un pour combien de temps ? C'est un mystère ! Elle le jettera un jour comme un malpropre.
– D'accord, on va être discrets tous les deux sur nos sentiments.
– Comment ça ?
– S'embrasser, par exemple, est réservé pour notre intimité.
– Non, pas envie !
Raoul l'embrassa sur ses lèvres.
– J'ai un bain de programmer pour ma fille.
– Vas-y avec ta princesse !
– Toi, tu es ma reine !