Les médias ont enfin décidé de mettre en lumière un sujet jusqu’alors considéré comme « tabou » du fait qu’il fut longtemps, et encore aujourd’hui, associé à la « honte » et l’incompréhension des autres.

Je veux parler d’un mal-être, qui touche des milliers de personnes, souffrant en silence, se cachant derrière des sourires, des questions banales « Ça va ? » ce types de questions qui n’attend jamais de réelles réponses. « Je vais bien » les mots sortent de la bouche mais le cœur, lui, pleure en silence.

Hier, M6 a décidé de lancer un documentaire où des personnalités célèbres ont témoigné. Elles ont toutes osé briser le silence et montrer que la dépression ne touche pas uniquement une certaine catégorie de personnes mais qu’elle peut toucher les plus riches, célèbres… Peu importe la place dans la société, et peu importe le niveau de vie.

J’ai écrit un texte à ce sujet si ce ce dernier peut aider à supprimer ce ressenti de honte et d’isolement.

Personnage fictive.

Ce que personne ne voit.

Je me nomme Séraphine. J’ai trente-sept ans. Et pendant longtemps, j’ai porté un masque. Oui, un masque de femme forte, souriante, performante. Celle qui rit, celle qui travaille, celle qui sourit, celle qui répond toujours « Ça va, merci. » alors que tout en moi s’effondrait.

Personne n’entendait mon appel, personne ne voyait ce que je cachais.

Parce que ce que je ressentais dans mon cœur et dans mon âme, n’était qu’un vide, sans amour, sans espoir, sans attente.

La journée je souriais et le soir, seule chez moi dans mon bain, je m’écroulais, le visage entre mes mains, à bout de souffle, en pleurs, à essayer de libérer une souffrance qui me martelait la poitrine comme jamais.

Comment tout a commencé

Je ne saurais dire exactement le début de ma chute dans ce gouffre de douleur.

Ce dont je suis certaine, c’est de m’être levée un matin, et, le reflet que je vis dans le miroir, n’était pas celle que j’étais réellement. Je ne me reconnaissais plus. J’avais devant moi une étrangère, si fragile, si triste, et si terne.

Au début j’ai cru que c’était de la fatigue, trop de travail, trop de charge mentale, trop d’attentes. Mais j’ai réalisé que ce n’était pas cela.

Je ressentais une lassitude profonde, un dégoût de moi-même, une perte de joie, tout ce qui m’animait, me faisait vibrer, disparaissait lentement.

Je me levais sans but, je mangeais sans faim, je respirais sans vivre.

Je ne prenais plus aucun plaisir à côtoyer qui que ce soit, ni à sortir même aux endroits qui me rendaient jadis, heureuse.

Plus rien n’avait de sens, plus rien ne m’apportait du bonheur.

L’enfer du silence

Je n’ai rien dit à personne. Non par fierté, mais par honte, et la peur du jugement des autres. Parce que nous vivons dans une société où il faut que nous soyons des requins, aucune faille, aucune émotion, aucune empathie. Nous devons, rester debout, encaisser, assurer. Sinon, nous sommes considérées comme faibles.

J’ai donc tout gardé au fond de moi. Mes angoisses, mes peurs, mes insomnies, mes pensées noires qui rongeaient mon esprit un peu plus chaque jour.

Et mon âme a fini par s’éteindre.

Ce que la dépression m’a volé

Elle a volé ma vie, mon cœur, mon âme, tout ce qui faisait la personne que j’étais.

Toute cette lumière qui vibrait en moi.

Elle m’a volé mon sourire, ma capacité à m’émerveiller de tout.

J’étais devenue une personne physiquement et mentalement morte.

Je ne voulais pas mourir, mais je ne voulais pas vivre non plus avec cette souffrance insupportable.

Parce que la dépression c’est ça : ce n’est pas vouloir quitter ce monde, c’est ne plus savoir comment continuer avec cette douleur qui détruit votre cœur.

C’est regarder sa propre existence comme un film en noir et blanc, sans musique, sans dialogue, sans son.

Le jour où j’ai explosé

Je m’en souviens très bien.

Un soir d’hiver, j’étais assise sur le sol de ma cuisine, dos contre le lave-vaisselle, incapable de me relever. Je pleurais à n’en plus pouvoir m’arrêter. Je pleurais car je me sentais tellement vide au fond de moi.

Et puis le lendemain j’ai décidé d’agir.

J’ai pris mon téléphone et j’ai contacté le numéro d’une professionnelle de la santé mentale.

C’est le geste le plus courageux que j’ai pu faire.

La lumière, la joie, reviennent lentement.

Cette rencontre a tout changé.

J’ai appris à parler, à mettre des mots sur ce que je ressentais depuis trop longtemps.

J’ai accepté de ne pas être parfaite, d’avoir des failles, et de demander de l’aide.

Le chemin est long, très long.

Mais chaque jour, je réapprends à respirer, à vivre, à me reconnecter à moi-même.

Surtout à exister autrement.

Pourquoi je témoigne aujourd’hui.

Je raconte mon histoire, parce qu’il y a peut-être quelque part une Séraphine qui me lira.

Une Séraphine, qui sourit tous les jours, mais pleure seule.

Parce que parler, témoigner, pourra peut-être sauver une vie.

La dépression, ce n’est pas toujours des larmes visibles, un lit qu’on ne quitte plus, une douleur physique.

Parfois, la dépression c’est une femme en tailleur, forte, dirigeante d’une entreprise, qui gère des réunions, sa vie de maman, ou c’est peut-être tout simplement votre amie qui vous fait rire à chaque sortie, à chaque conversation téléphonique, à chaque échange.

07 mai 2025

Corinne Écrivaine