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Thaella
Renaissance

Renaissance

Veröffentlicht am 7, Aug., 2025 Aktualisiert am 7, Aug., 2025 Biography
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Renaissance

Elle avait un regard perçant bleu acier qui me pénétrait.

Une fois je me suis autorisée à lui dire « votre regard est impressionnant » elle me répond « le vôtre n’est pas mal non plus ! » Je ne pensais pas qu’elle pouvait me répondre ça, à la place où elle était.

Je la voyais deux fois par semaine. Au début ce n’était pas facile, peu loquace elle m’écoutait attentivement, ne me quittait pas des yeux. Je soutenais son regard sans faillir et je tentais d’y déceler un signe qui aurait pu me dire quelque chose. Rien.

Lorsque j’ai décidé de la rencontrer ma souffrance psychique était importante. Trop de nouages, trop de questions sans réponse, envie de comprendre, mettre des mots sur mes impuissances, mes limites.

Les débuts ont été laborieux. Plusieurs fois je me suis demandée si j’allais être à la hauteur de la tâche qui m’attendait. Je savais que ce serait long, difficile, mais je prenais soin de moi, c’était une urgence. Il fallait que quelque chose bouge.

Je vivais une histoire qui durait depuis plusieurs années et qui m’échappait.

La période amoureuse fougueuse avait fait place à une vie dans laquelle j’étais ballotée. L’homme avec lequel je vivais était un grand séducteur brillant intelligent. Tourmentée très souvent, je n’étais jamais certaine de ce qu’il faisait quand il partait. Il me plaisait intellectuellement, physiquement. Je lui ai beaucoup plu aussi puisque nous avons eu une histoire et fait un bout de chemin ensemble. Il me donnait envie de me surpasser, de lui plaire tout le temps. J’essayais sans cesse d’attraper quelque chose de lui, et au moment où je pensais avoir réussi, il avait déjà fait quatre bonds en avant. Toujours à la traîne c’était ça la sensation que je vivais.

Il était impalpable, comme une anguille, je n’arrivais pas à le contenir. Il ne s’agissait pas pour moi de le contrôler c’était bien plus subtile que ça, et d’ailleurs presque ineffable comme situation, mais de l’appréhender dans son entièreté de le sentir concrètement, de me sentir dans un lien plus que charnel, une sorte d’interpénétration qui n’aurait fait de nous « qu’un ». Mais ce n’était pas de la fusion dont il s’agissait c’était plus intime plus profond, ressentir l’autre comme faisant partie intégrante de soi. En y repensant c’était une illusion, une chimère, celle de l’amour. Dans mon histoire personnelle il n’était pas là par hasard.

Fort physiquement puissant intellectuellement il me faisait penser à mon père, celui qui pouvait me sauver de tout. Il me sécurisait et ce n’était pas paradoxal avec les inquiétudes qu’il me faisait vivre, par ailleurs. Des relations dans lesquelles je n’étais pas présente, ses infidélités découvertes plus tard mais que je sentais de manière très intuitive intime. J’étais sous son charme. Son aura emplissait l’espace, rayonnait, me percutait, et beaucoup le trouvait extraordinaire. Au demeurant c’était un homme adorable, drôle, léger, pas du tout dominateur, c’était bien ça aussi mon drame. Il était magnétique, et labile. Cette relation était une jouissance indéniable.

Dans son cabinet je me racontais sans tabou, sans gêne. Je savais que c’était comme ça qu’il fallait que ce soit. Libérer la parole, les mots, associer. Elle en écho pointait ce que je n’entendais pas lorsque je parlais, les signifiants. Parfois j’arrivais avec des lettres « J’ai de la lecture pour vous aujourd’hui ». A ce moment-là sur le divan je lisais nos correspondances qui alternaient lettres d’amour, de regrets, puis de reproches, d’agressivité. Elle intervenait avec parcimonie, faisait de temps en temps une interprétation, je l’entendais rire aussi derrière moi. J’aimais ces moments où elle était complice de ma vie.

Au fil des jours des mois je sentais que cet endroit était le mien.

Je m’y sentais bien c’était le lieu précieux, secret, de mes pensées les plus profondes, les plus intimes. J’y allais avec plaisir, ça me faisait un bien fou. Je me délestais de mes angoisses, je mettais de la compréhension dans la nébuleuse de ma vie. Puis la réalité devenait de plus en plus évidente. Il me fallait lâcher l’illusion, faire choir l’idéalisation, me penser autrement, abolir la dissymétrie entre nous que j’avais en tête, car il y avait chez moi aussi du remarquable, disait-elle. Accepter d’être son alter-égo.

Ce rituel de vie, car s’en était un, a duré plusieurs années pour comprendre qui j’étais, raconter et accepter le creuset familial d’où je venais. Puis au fil du temps sentir que je tenais dans mes mains un autre possible.

Je me sentais prête, gonflée à bloc, à revivre avec lui une tranche de vie différente. Je le sentais dans ma chair je savais que j’y arriverai, parce que je n’avais pas fait tout ce chemin pour rien. J’aimais cet homme et je voulais continuer à avancer avec lui. Il me bonifiait et me transcendait.

Mais comment savoir ce qui l’animait lui ?

Pendant toutes ces années où je m’évertuais à faire des pas de côté, à changer le prisme de mon regard sur les choses, il avait encore fait quatre bonds en avant, il était déjà parti ailleurs, dans sa tête. Parti depuis longtemps et parti finalement pour une autre.

Il m’aura fallu me rendre à l’évidence que cette histoire était terminée.

Notre séparation s’est passée sans heurt, au cours d’une discussion. Il est parti. Je n’ai pas versé une larme. Je croyais qu’avec mon analyse je servais notre cause, mais la réalité était que je m’étais surtout préparée à la rupture.

Je me rappelle aussi avoir réalisé presque paradoxalement, le soulagement de cette nouvelle situation.

En sortant une des dernières fois du cabinet de ma thérapeute, c’est une sensation de légèreté qui m’a enveloppée. Je me revois dans la rue à respirer à plein poumons avec un sentiment de liberté, celle de ma liberté intérieure, celle de sentir qu’enfin j’allais pouvoir vivre en cohérence avec celle que j’étais advenue, et de me dire « Je ne sais pas ce que sera ma vie demain, mais je sais ce que je ne veux plus vivre ».


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