Magicienne que je suis, #1
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Magicienne que je suis, #1
Le Rêve et elle
Ha, la magie ! Elle m'a toujours appelée, interpellée, dès que je suis née ! Elle ne faisait aucun mal à mes proches pendant mes dix premières années ici sur Terre, mais passée l'âge de dix ans, ils ont tôt fait de me catégoriser en lunaire, perchée, "la tête dans les étoiles", et autres sympathiques jugements qui projetaient sur moi des envies de me conformer en même temps que de m'émanciper. Je n'en ai rien fait. J'ai fini par accepter, et me dire que j'étais à part, dans mon monde, et que personne ne me comprendrait vraiment. Je parlais aux étoiles, à ma grand-mère décédée, et j'ai même demandé au ciel de me guérir les yeux pour ne pas que je sois myope (je ne voulais pas porter de lunettes). Mais tout compte fait, je crois bien que c'est le lot de beaucoup d'enfants finalement. Se sentir appelé par une irrésistible musique, joyeuse, dansante, vibrante et fantastique...
... Et ne pas y répondre faute d'avoir un écho favorable auprès de celles et ceux qui les aiment. Le magicien devenu adulte est un peu perdu dans le monde occidental, fait de symboles et de croyances qui ne lui conviennent pas. Et s'il est assez puissant pour oublier qui il est, alors il continue dans le système social de base, avec encore et toujours cette gêne dans le coeur. Pour ne pas la ressentir, il se jette des sorts, et le plus efficace de tous est celui du "faire".
"Tu feras des choses juste pour ne pas avoir à penser à tes malheurs".
Alors il fait, il fait, il fait, il tisse sa toile branlante mais néanmoins sensible, emprisonnant chaque énergie qui permettrait de s'ouvrir, bloquant le flux de la vie et les paroles de l'enfant intérieur qui habite en lui. Puis il finit par se satisfaire des ponts coupés à certains endroits de sa toile, ayant trouvé d'autres chemins pour parvenir au même résultat, juste décalé d'un chouïa. Pas grave, on s'y fera. Décalé mais c'est pas grave. On s'y fera, on s'y fera, on s'y fera, c'est comme ça, c'est comme ça, c'est comme ça. Et un jour, un moment, une seconde, une année, un matin ou un soir, et pourquoi pas au déjeuner, un écho s'insinue, parvient à franchir le pont visiblement cassé - mais invisiblement là...
Cet adulte, c'est moi.
Je suis le reflet de bien des humains sur cette Terre, qui sont perdus et complètement déboussolés. L'image que je renvoie est une onde qui traverse les coeurs et s'épanouit puis meurt dans un écho en forme de cercles concentriques. Je suis la goutte qui fait déborder votre vase et vous rend nauséeux à en perdre la tête. Je suis l'eau chaude dans laquelle vous vous plongez quand vous avez besoin de vous détendre. Je suis la morsure de l'eau froide à laquelle vous ne vous attendiez pas quand vous êtes encore à moitié endormi sous votre douche.