Chapitre 8 - Suivez-moi à la chapelle Saint-Claude
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Chapitre 8 - Suivez-moi à la chapelle Saint-Claude
La chapelle Saint-Claude était située sur un point culminant, au sud de la presqu’île, aux frontières du village voisin de Loperhet. Elle avait été érigée en l’honneur de Saint Claude, qui était prié par les chrétiens qui étaient prisonniers afin de leur porter secours. Selon la légende, c’est ce qui était arrivé au seigneur de Kergoat de Loperhet. Parti en croisades dans les Terres Saintes, il fut prisonnier des Maures. Avec un acolyte, ils avaient réussir à s’enfuir de leur geôle et s’étaient cachés dans une auge en pierre. Se sachant perdu, le seigneur de Kergoat s’était mis à prier Saint Claude avec ferveur et lui avait fait une promesse :
- Saint Claude, si je suis sauvé, je ferai ériger une chapelle en votre honneur à l’endroit le plus élevé de mon domaine.
Au petit matin, le chant du coq les réveilla. L’auge flottait au milieu de l’anse de Penfoul, au pied du domaine du seigneur. Face à ce miracle, il tint sa promesse et commença à faire ériger la chapelle… mais près de son manoir. Par trois fois, les maçons trouvèrent les murs démolis au matin, preuve que le site ne plaisait pas à Saint Claude. Le seigneur de Kergoat fit alors attacher l’auge sur deux bœufs qu’il laissa se diriger où ils voulaient. Au bout d’un long moment, ils s’arrêtèrent en haut d’une colline, dominant Pors Gwenn, le port sacré. C’est là que la chapelle se trouve toujours aujourd’hui.
Quelques heures de marche plus tard, le petit groupe arriva en silence à la Chapelle Saint-Claude, qui était un kordennad des La Gell. En plein milieu de l’après-midi, ils ne virent personne dans les fermes avoisinantes et entrèrent sans crainte dans le chapelle qui était ouverte. D’instinct, Augustine se dirigea au fond de la chapelle et y trouva neuf petites statues de bois représentant différents saints : Saint Claude, évidemment, portant en main une flèche, Saint Memor retenant ses entrailles, Saint Tremeur tenant sa tête, Saint Languis en évêque, Saint Jean-Baptiste, Saint Guénolé, Sainte Véronique, Saint Herbot et Saint Corentin. Augustine saisit le bâton de son père et y emboita la statuette de Saint Claude tout naturellement et la souleva vers le plafond. Huit autres enfants imitèrent l’aînée et installèrent les autres statuettes sur leurs bâtons de marche et les soulevèrent tous ensemble vers le Ciel. Les plus jeunes, quant à eux, se mirent à faire sonner leurs clochettes. Leur procession improvisée commença alors et les enfants, suivis de leurs mères, tournèrent trois fois autour de la chapelle, dedans et dehors, en chantant des cantiques bretons, avec de plus en plus de ferveur.
Revenues des champs et alertées par le bruit, les familles La Gell du kordennad approchèrent de la chapelle, étonnées d’entendre enfin autant de vies s’exprimer par ces temps de mort…Pour les remercier de ce beau spectacle vivant, les femmes apportèrent aux enfants des petits gâteaux, qui avaient été bénis la veille par le curé Baod. Une fois les gâteaux mangés, comme par enchantement, les petits eurent alors comme la langue déliée. Ils prirent la parole et expliquèrent aux adultes, avec leurs mots d’enfants :
- Sur cette Terre, on a tous besoin des uns et des autres. Chaque famille peut apporter du bien à l’autre. C’est contre-nature de ne plus se parler, échanger, s’unir… pour la seule raison que c’est comme cela depuis des siècles et des siècles !
Après les avoir écoutées, les femmes La Gell repartirent vers leurs fermes. Comme la nuit tombait, elles revinrent avec les bras et des brouettes chargés de couvertures et de paille pour que les Kervalle puissent rester dormir dans la chapelle. Augustine, avec ses amis, se mirent alors à chanter un magnifique cantique à Saint Corentin pour les remercier de leur générosité. Aux dernières notes du cantique, une pluie drue et abondante se mit à tomber, obligeant les La Gell à rester dormir avec eux dans la chapelle. De très loin, venant de l’ouest, on crut entendre une petite cloche tintinnabuler…
Aux premières lueurs du jour, Augustine ouvrit les yeux. Hypnotique, la lumière du jour dansait à travers les vitraux et des reflets aux mille et une couleurs teintaient de manière féérique le spectacle qui se dévoilait sous son regard. Une cinquantaine de femmes et d’enfants se trouvaient autour d’elle, des La Gell et des Kervalle réunis, tous dormant paisiblement sous le même toit. Augustine rêvait de ce Monde nouveau qui s’ouvrait à elle quand elle vit la statue de la colombe, suspendue à la clé de voûte, s’animer et prendre vie. La colombe se mit alors à voler et à planer de plus en bas, caressant de ses ailes, les visages encore endormis et roucoulant pour réveiller les plus rêveurs.
- C’est encore un signe ! se dit Augustine.
Elle se leva, ouvrit la porte de la chapelle et la colombe s’envola dans le ciel et resta à tourner autour de la chapelle en attendant qu’Augustine la suive.