

Liberté... ou pas
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Liberté... ou pas
Dans un rêve de classe nocturne, une élève franchit toutes les limites. Jusqu’à faire vaciller mes convictions.
Il fait nuit, et nous sommes en classe.
Les enfants sont placés en deux colonnes de sièges, sans table. Comme s’ils assistaient à un spectacle.
Mais ce n’est pas un spectacle. Loin de là.
Toujours le même charabia scolaire. Apprendre sans intérêt, sans enthousiasme, parce que "c’est sérieux, l’école".
Le maître ne tient pas sa classe. C’est le foutoir : des élèves debout, dont celle que j’accompagne, en train de parler, de faire tout sauf ce qui est attendu.
Je me lève. Mon élève est loin de moi.
Étonnamment, Alice a les cheveux lâchés aujourd’hui, avec une mèche argentée qui tranche au milieu de sa chevelure.
Je m’exaspère.
Toute l’année, je me suis exaspérée.
D’habitude, j’aime la liberté — la mienne, celle des autres, surtout celle des enfants.
J’estime qu’on leur demande trop de sérieux.
Mais avec elle, ma perspective a changé.
Sa liberté nuit.
Du moins, c’est comme ça que je la perçois.
Dans ses relations avec les autres : elle franchit leurs limites corporelles, parle fort à leur oreille, les force à faire ce qu’elle veut.
Cela m’est insupportable.
Et aujourd’hui, dans cette classe, la nuit, ce n’est pas une exception.
Je la renvoie s’asseoir. Elle proteste :
— Les autres sont debout, moi aussi j’ai le droit !
— Oui, mais tu n’as pas le droit de déranger les autres.
— Je ne les dérange pas !
— Si. Ils ne sont pas à l’aise.
Ce dialogue, on l’a eu tant de fois.
Sauf qu’en général, ce sont les autres qui se plaignent.
Là, non.
J’interviens depuis ma lassitude.
Fatiguée de tant d’inefficacité éducative.
Fatiguée de tant d’irrespect, entre enfants, entre adultes, des adultes envers les enfants.
Fatiguée d’un modèle démodé, contraire à ce que dit la science, inadapté.
La classe est un bordel monstre.
Tellement que je me demande s’il y a un autre adulte ici.
Si. Il y a ce maître débutant.
Mais il est complètement dépassé.
Je me lève. Je parle à toute la classe :
— Asseyez-vous.
Les enfants s’assoient, se taisent.
Immédiatement.
Trop facile.
Alice, elle, a pris une petite théière marocaine en céramique. Elle la remplit de thé vert, laisse l’eau déborder.
— Arrête !
Elle me regarde, sourire en coin. Elle ne s’arrête pas.
— Je suis trop contente que dans cinq semaines je ne te verrai plus.
Je m’éloigne.
Le cœur coupable.
Ce ne sont pas des choses qu’on dit à un enfant.
À aucun enfant.
Je sais que je l’ai blessée.
Je sais que je nourris son cycle, sa croyance : "les adultes m’abandonnent parce que je suis insupportable".
Je sais. Je sais. Je sais.
Mais je n’en peux plus.
Et je suis soulagée que cela s’arrête…
Photo couverture de Ahmed Siddiqui sur Unsplash
Image de la fille de dos générée par ChatGPT

