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Chapitre 26

Chapitre 26

Publicado el 17, may., 2024 Actualizado 17, may., 2024 Humor
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Chapitre 26

Lundi 15 avril 2022

Du bruit me tire du sommeil. J’ouvre les yeux, les referme, les rouvre, les referme… et je les rouvre en grands en m’asseyant à toute vitesse dans le lit.

Non, je pense en remontant le drap jusqu’à mes épaules. Est-ce que j’ai rêvé ? Ou bien…

J’entends encore du bruit et enfile mes chaussons à la hâte avant de descendre l’escalier presque en courant. Lorsque j’arrive en bas des marches et regarde dans la cuisine, je vois que je n’ai pas rêvé.

— Salut, me dit Rick avec une tasse de café dans les mains.

Oh ! je pense en regardant vers l’aquarium.

— Salut… Et bonjour bébé chou à sa maman, j’ajoute en allant voir Surimi.

— Excuse-moi pour le bruit, je ne savais pas où se trouvaient les tasses, donc j’ai lavée celle que m’as donné hier.

— Tu as bien fait, je réponds en donnant à manger à mon poisson.

Je referme le couvercle et tourne discrètement les yeux vers Rick qui se montre aussi peu à l’aise que moi.

— Tu veux manger quelque chose ? J’ai des céréales et il doit me rester des biscottes.

— Le café me suffit. Je n’ai pas l’habitude de manger le matin.

— Comme tu veux.

Alors que je ne sais pas exactement comment agir, je marche vers lui et il me prend dans ses bras.

— Tu as bien dormi ?

— Moui, je réponds d’une petite voix. Et toi ?

— Bien.

Mon portable que j’avais oublié de mettre sur silencieux vibre sur la table où je l’ai laissé la veille. C’est Aurélie.

Poulette ! Je suis indignée ! Furieuse ! Tu n’imagines même pas !

— Je dois répondre… C’est Aurélie et je crois qu’elle va commettre un meurtre.

Rick hoche la tête sans savoir s’il doit rire ou non. Mon portable à l’oreille, je remonte les marches pour aller dans ma chambre.

— Encore ta stagiaire ? je demande dès qu’elle décroche.

— Non ! TOI ! hurle-t-elle. Loulou tu ne m’as pas appelée pour me raconter ton nouvel après-midi avec Rick. C’est la deuxième fois d’affilé. A la troisième je ne réponds plus de rien !

— Ah oui, désolée, je chuchote en poussant la porte. En fait, heu… Il a dormi ici.

Il y a un silence. Puis s’en suit un cri.

— HEIN ? Comment ça ? Il a dormi ici ? C’est où ici ? Tu veux dire, chez toi ?

— Bah non, chez la voisine, je fais en levant les yeux. Tu as des questions bêtes des fois.

— Rohhh, dit Lili que je devine déjà en train de s’exciter.

— Non. Et non.

— Mais attends je n’ai rien demandé ! râle-t-elle.

— Est-ce qu’il s’est passé quelque chose ? Non. Et est-ce que je veux en parler, non. Du moins pas maintenant. Il est en bas à boire un café et je préfère attendre d’être seule.

— Il est encore là ? Et vous allez passer la journée ensemble ?

— Je ne sais pas, j’avoue en me mordant la lèvre. Je te rappelle plus tard.

— Okay ! Ca marche. Et tu as intérêt à tout me raconter une fois qu’il est parti !

Dès que j’ai raccroché, je redescends et trouve Rick en train de s’amuser avec Surimi.

— Tout va bien ?

— Oui oui, elle ne commettra pas de crime. Pas aujourd’hui en tout cas.

Il semble rassuré. Je repose mon téléphone sur la table et mets mes mains au fond de mes poches.

— Tu veux toujours aller au zoo ? me demande Rick.

— Avec plaisir. A moins que tu commences à te lasser de moi et préfère rester seul.

Ma réponse l’amuse et il me confie ne pas en avoir marre de passer son temps avec moi.

— Loin de là, ajoute-t-il en me fixant.

— Allons au zoo alors.

— Je vais repasser chez moi. J’ai des bouches à nourrir. Mais on peut se retrouver là-bas.

— D’accord.

Nous convenons de l’heure où l’on se rejoint à la Porte Dorée. Je raccompagne Rick à la porte, en me tenant suffisamment près de lui.

— A tout à l’heure, je lui lance en abaissant la poignée.

Lui non plus ne sait pas exactement comment se comporter. Et je trouve ça adorable.

— A tout à l’heure, répète-t-il en me souriant.

Dehors je regarde dans les rues. Mickaël n’est pas là. A-t-il compris cette fois-ci ? J’espère. Mais hier déjà j’espérais, pourtant…

J’entends mon portable et referme la porte pour courir devant la table du salon.

— Bichette, c’est maman !

— Coucou maman, je réponds en allant dans la cuisine préparer mon bol de céréales.

— Alors ? Tu n’as pas répondu à mon message. Rick est resté longtemps ? Avec ton père nous l’avons trouvé charmant. Et puis il est très bel homme.

— Je n’ai pas vu tes messages. Mais tout s’est bien passé. Il a même adoré le monde de Dory.

— Il a adoré le monde de Dory, crie-t-elle sûrement à mon père. Je savais que c’était quelqu’un de bien.

J’écourte la discussion en la prévenant que je vais passer l’après-midi avec lui au zoo de Vincennes. Ma mère est enchantée à cette idée.

— Je te laisse alors. Fais toi belle Bichette. Encore plus que d’habitude je veux dire.

— Oui maman… Allez à plus tard.

Je raccroche en faisant celle qui n’a pas entendu qu’elle continuait de parler. J’ai besoin de réfléchir. D’être au calme un moment.

 

Après avoir pris mon petit déjeuné, je m’accorde un bon bain chaud. Voilà précisément de quoi j’avais besoin après ces dernières vingt-quatre heures.

Lavée et séchée, en peignoir avec mes cheveux enroulés dans une serviette, je tire une chaise et m’assois devant l’aquarium.

— Mon p’tit chat, maman doit te parler.

Je croise les jambes. Puis je croise mes bras en soupirant.

— Alors voilà…

Par où commencer ? Par ce qui est le plus évident ?

— Je crois que. Je suis. En train. De. Tomber. Amoureuse… de tonton Rick.

 

Je propose à Aurélie de venir déjeuner chez moi, en précisant que je dois partir à treize heures trente pour rejoindre Rick au zoo.

Lili : C’est noté !

Je serais là à midi zéro sept. Et je partirais de chez toi à treize heures et vingt-huit minutes.

 

A midi zéro cinq l’interphone sonne. J’ouvre à ma meilleure amie qui rayonne derrière ma porte avec son sac livré par uber eat dans les mains.

— Coucouuu, tu n’imagines pas mon impatience. Encore plus depuis que je sais qu’il a dormi chez toi.

Je récupère le sac et elle retire ses chaussures. En arrivant dans le salon elle vient devant l’aquarium pour saluer longuement Surimi.

— Qu’il est beau ce poisson. Qu’il est grand et qu’il est fort, fini Aurélie.

Elle se tourne vers moi et me fait un sourire qui lui remonte jusqu’aux oreilles.

— Mais tu t’es faite toute belle et jolie.

Elle m’attrape la main et regarde mes ongles en faisant un O avec sa bouche.

— Tu t’es même mis du vernis ! Mais je rêve ou quoi ?

— Je m’ennuyais, je dis pour me justifier en retirant ma main.

— Tu t’ennuyais ? Et les cigognes sont des bovins ?

— Ok, j’ai peut-être profité d’avoir un moment pour me vernir les ongles. Mais c’est juste comme ça.

— Tu ne t’es pas mis de vernis depuis au moins cinq mois ! Depuis que tu t’es fait larguée comme une poubelle.

— Merci de me le rappeler, je râle faussement fâchée.

Comme à notre habitude, nous nous installons sur des plaids parterre à côté de la table basse.

— Alors dis-moi. Qu’est-ce qui explique que tu as les ongles rouges et que tu as sorti la petite jupe droite ?

— Bah… Tu vas te moquer de moi, je commence en plongeant la fourchette dans la salade.

— Oh. Ce n’est pas mon genre. Quoi que…

— Tout se passait bien. Même si mes parents se sont légèrement incrustés.

— Tes parents ? Qu’est-ce qu’ils faisaient là ?

— Je crois que ma mère voulait absolument rencontrer Rick. Tu sais comment elle est lorsqu’elle a une idée dans la tête.

Je lui raconte que je ne les ai pas mis dehors, que je leur ai même proposé de boire un café. Que Rick avait rapporté la fin de ma tarte pour qu’on la mange et que finalement nous l’avons partagé en quatre.

— Pachionnant, argumente Lili avec de la salade plein la bouche.

J’enchaine en expliquant que nous avons terminé le changement d’eau. Qu’après nous avons regardé le monde de Dory et que Rick a adoré.

— Et après ?

Et voilà. La question que j’attendais. Et après…

J’explique avoir cherché des raisons de le faire rester chez moi. Mais Rick prétextait ne pas vouloir me déranger. Même s’il devait bien se douter qu’il ne me gênait pas du tout. Alors je l’ai raccompagné. J’ai ouvert ma porte. Il a commencé à me faire la bise en me remerciant de l’avoir accueilli. Et c’est là que tout a basculé. Quand il était en face de moi à m’embrasser furtivement sur la joue et que mes yeux se sont portés sur la rue. Je l’ai vu. Là. S’apprêtant à traverser avec un bouquet de fleurs à la main. A l’instant où j’ai vu Mickael, mon cerveau a presque cesser de fonctionner.

Non. Pas là. Pas maintenant. Avec un bouquet de fleurs en plus !

— Bon sang ! Qu’est-ce que tu as fait ? m’interroge Lili tendue comme un string.

— Qu’est-ce que tu voulais que je fasse ? D’abord j’ai regardé Rick. Et puis je l’ai embrassé.

— Encore une bise ? C’était ça ta solution ?

— Non, andouille ! Je l’ai embrassé. Sur la bouche.

Aurélie qui mange son yaourt, reste quelques secondes avec la cuillère dans la bouche à me fixer.

— Ou ou…

Elle ressort enfin la cuillère et la remue en m’assommant de questions.

— Quoi ? Mais tu as fait ça ? Et Mickaël vous a vu ? Et Rick il a réagi comment ? Et toi qui prétends qui ne s’est rien passé ! Et il s’est passé quoi après ?

Trop impatiente de connaître la suite, elle ne termine pas son yaourt et agite toujours sa cuillère en serrant les lèvres.

— Arrête de faire autant de mystère, dis moiiii !

— Rick a eu l’air surpris. Agréablement surpris. Et moi après l’avoir embrassé, je l’ai tiré vers moi et j’ai refermé la porte.

— Et après ?

— Bah… il était étonné et moi je ne savais pas quoi dire. C’était délicat d’expliquer que je venais de l’embrasser juste parce que mon ex arrivait avec un bouquet de fleurs.

— C’est vrai. En plus toi qui n’osais jamais être entreprenante avec l’autre plouc, tu sautes presque sur Rick. Hallucinant !

— Oui bon inutile de le crier sur les toits hein. En plus je ne me rendais pas compte de ce que je faisais. Ca a été comme un instinct de survie. J’ai agi sans réfléchir.

— Et donc qu’est-ce qui s’est passé après ?

— Je lui ai dit que j’aimerais bien qu’il reste encore avec moi. Que je me sentais bien avec lui.

— Comme c’est mignon, minaude Aurélie en souriant.

— Et puis on s’est mis sur le canapé et on a recommencé à parler.

— De poisson ?

Je penche la tête en faisant une grimace à ma meilleure amie.

— Non ! On a reparlé de plein de choses. De moi. De lui. De ma relation très fusionnelle avec Surimi. De ma dépression. Et de mes nombreux défauts…

— Ah d’accord, je comprends mieux qu’il soit resté jusqu’à ce matin. Le temps de tout lister il fallait du temps.

Je lui tire la langue en faisant semblant de lui donner un coup de pied.

— Il m’a aussi confié des choses sur lui. Ca m’a beaucoup touché qu’il me fasse suffisamment confiance pour me parler. Et il m’a redit que je devrais écrire. Je ne sais pas pourquoi il a cette fixation.

— Parce que tu écris trop bien. Et que je sais de quoi je parle, étant l’une des seules personnes à t’avoir lue.

Aurélie termine enfin son yaourt. Discuter avec elle me fait du bien. Certes j’ai déjà confié tout ce que j’avais sur le cœur à Surimi, mais il a ce défaut de ne pas me répondre ni me donner son avis. Même si je n’ai aucun doute sur le fait qu’il soit toujours d’accord avec moi.

— Il a dormi sur le canapé ?

— Non. Dans mon lit, dis-je en cachant mon visage derrière mes mains. Je lui ai proposé de rester dormir. Ca aurait été très mal élevé de lui laisser le canapé. Non ?

— Je récapitule. Dans l’après-midi, tu lui sautes dessus. Le soir tu lui proposes de dormir avec toi, dans ton lit. Et il ne se passe rien de plus ? Mais il a un problème ou quoi ?

— Pourquoi tu dis ça ? je m’étonne.

— Il a une femme au corps de déesse à côté de lui et il ne tente rien. C’est louche Loulou ! Qu’est-ce que tu avais mis ? Un petit déshabillé chic ?

— Ma combinaison Winnie l’ourson, je réponds très sérieusement.

Aurélie ne bouge pas pendant deux secondes, puis elle lève les yeux en poussant un gros soupir.

— Ah ouais. Je comprends mieux… Tu n’avais pas autre chose ?

Ne comprenant pas ce qui la dérange, je me justifie en lui rappelant combien ma combinaison est confortable.

— Et c’est un cadeau de Maman, de la dernière fois qu’elle est allée à Disneyland.

— Je m’en fou ! s’agace Lili. Loulou, tu ne peux inviter pas un homme dans ton lit et porter ta combinaison Winnie l’ourson ! Il n’y a que toi pour faire un truc pareil.

— Mais elle est jolie ma combinaison, j’ajoute en ne comprenant toujours pas le problème.

— Ohlala, Loulou. Comment tu peux ne pas voir ce qui cloche ?

— Je n’allais quand même pas dormir toute nue, en plus j’ai horreur de ça. J’ai besoin de porter des vêtements.

— Entre un pantalon et un t-shirt et une combinaison Winnie l’ourson il y a une grande différence. Tu as dû faire chuter son taux de testostérone en sortant ton pyjama. Quelle chance qu’il ne soit pas parti en courant. Et lui il a dormi comment ?

— Et bien heu… Bon, on peut parler d’autre chose ? On ne va pas parler de nos tenues de nuits toute la journée non plus.

Dans la cuisine, je jette la vaisselle en carton et Aurélie s’est posée devant l’aquarium où elle parle à Surimi.

— Hey, vous vous racontez quoi tous les deux ? je m’écrie en les voyant.

— Ca ne te regarde pas.

— Ne dis pas des bêtises à mon poisson. Et si tu le menaces de le transformer en sushi, attention à tes fesses.

— Maman elle est jalouse, s’amuse Aurélie en faisant bouger ses doigts sur la vitre.

— Ce poisson est trop social. Il aime tout le monde, alors que je voudrais qu’il n’aime que moi.

— Tu l’aimes bien tata Lili, hein ma petite arête.

Je m’approche pour lui taper doucement sur la tête.

— Ce n’est pas une arête. C’est le grand Surimi 1er du nom. Alors arrête de lui manquer de respect.

Comme chaque fois que je m’en vais, je laisse de la musique à Surimi et lui rappelle d’être sage durant mon absence.

— Une vraie maman poule, se moque Lili.

Nous sortons et je guette par réflexe si Mickaël est là. A-t-il compris qu’il ne pouvait plus me récupérer et qu’il n’avait plus de raisons de venir ici ? En tout cas, je ne le vois pas.

— Allez ma Loulou, profites bien de ton après-midi et tu n’oublies pas de me faire un compte-rendu détaillé.

Elle me prend dans ses bras et me frotte doucement l’arrière de la tête.

— Je comprends un peu ta mère. Moi aussi j’ai envie de le connaître cet homme à force que tu m’en parles.

 

 

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