Mon ami le corps
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Mon ami le corps
Je m'enveloppe d'une deuxième peau de tissu. D'un rouge éclatant, il a capté mon regard,
Dit, mon miroir : "Si je pouvais avoir le pouvoir de ma rose sur laquelle tant de yeux se posent, un coeur s'affolerait-il à ma vue? Pourrais-je rendre une âme émue?"
Ecoute-moi jolie rouge femme : "Tant de tes sourires m'ont transpercé l'armure, tant de lumière est entrée après tes danses d'amour assoiffé, tant de tes larmes j'ai vu verser puis s'effacer quand ta colère s'en allait, tant de message d'espoir tu m'as demandé nez à nez. Pourquoi douter encore aujourd'hui de ta force innée? Ton oeil brille de gaité , ton corps pétillant à souhait te demande juste de l'écouter."
Je m'emmitoufflais de mon écharpe la plus douce, j'ajoutai mon chapeau de plumes. Mon sac à main à l'épaule, j'hésitai,. Agrippant ma pierre, j'inspirai et fonçai droit au dehors. Le vent giflait ma joue mouillée.
Le vent me souffla: "Pourquoi pleures-tu jolie rouge femme? Laisse envoler cette colère qui te dessert."
Je lui répondis: "Oui je t'entends, mais toi entends-tu mon coeur crier sa douleur? Comment le faire taire? Ne crois-tu pas que je désespère? Je voudrais bien m'en défaire!"
"Je t'envoie trouver le soleil, il t'aidera à éclairer ta peine", me dit le vent.
Tout à coup, un rayon m'ébloui. Je levais ma main en l'air. La chaleur de sa caresse fit décamper mon tourbillon.
"Merci de ta présence. Je retrouve la douceur que je croyais perdue."
Le soleil me répondit : "Va jolie rouge femme, tu t'es seulement quelque peu égarée. C'est en te perdant plusieurs fois que tu sauras où aller. Accepte l'orage mais ne le laisse pas s'emparer de ta joie de vivre. Sent le parfum du vent , respire la vie entrée en toi à chaque seconde."
Je m'arrêtai un instant au dos d'un grand arbre. Je sentais la tendresse du vent, la bise du soleil. Je m'exclamais : "Je ne sais plus où j'en suis , je me sens si seule et profondément vide!"
Une bourrasque fit danser les branches , voltiger les feuilles, me ramenant au présent. Je touchai la mousse recouvrant son écorce et me sentis soulagée, détendue.
Je repris mon chemin. Je savourais pleinement l'odeur du bois. Tout ici m'étais familier, le silence de la forêt me berçait. J'oubliais mes mauvaises pensées.
Je tendis l'oreille, la nature me parlait.
Le ruissellement de l'eau m'appela, je ramassai un caillou, le lançai. J'attendis que le clapotement retentisse. J'observai l'onde se formant autour de lui.
Je ne pensais plus, j'étais absorbée par la beauté pure. Je laissais la rivière me révéler ces mystères.
A travers sa couverture se reflétait toute l'immensité. Mon coeur vibrait, attiré par une énergie nouvelle.
Je me laissais aller, fredonnais une mélodie guillerette. Le chant d'une troupe d'oiseaux me ramena au silence. Je les épiais immobile, ravie de contempler leurs robes colorées. Le craquement sous mes pas les éloigna, me sortant de ma rêverie. Je me posais sur la souche d'un arbre, observant mes empreintes dans la terre.
Un oiseau se posa juste-là, il me regarda, pencha sa tête d'un air interrogatif.
Je lui demandai : "Comment fais-tu pour ne pas te sentir si petit dans l'univers?"
Il me répondit chantonnant :
"Je suis l'univers, car il est un tout dont je fais partie"
Il m'abandonna, laissant sa minuscule trace dans la géante mienne. Ce matin tout me paraissait si difficile et mon humeur maussade. Comment un corps pouvait-il être si dur à porter?
Je marchais, réfélchissant au propos de l'oiseau, quand je trébuchai. Je me relevai, ma moitié de visage noircie par la terre. Je me mis aussitôt à rire de moi-même à gorge déployée.
Je pris conscience de ma chance, posai ma main au sol reconnaissante. Je formai une boule de terre, elle s'éffondra, je recommençai avec plus de terre mouillée, elle ne bougea plus. J'en fabriquai toute une galaxie que j'installais autour de moi. Mes paupières devinrent lourdes, mes yeux se fermaient à mon insu.
Une voix me murmura : " Il y a un temps pour découvrir, se tromper, comprendre, il y a un temps pour accepter, réapprendre et recommencer".
Quand je rouvris les yeux, il n'y avait personne. Je levai mes yeux au ciel, me remémorant tout ce qui avait traversé mon esprit depuis mon entrée dans la forêt. Je me demandais si tout cela était dans mon imaginaire ou bel et bien réel. Le temps avait filé si vite, je m'étonnais d'être sortie seule aussi longtemps.
Subjuguée par la lune apparente, je restais attentive. L'âme sensible, je captais son aura invisible. Je sentais entrer en moi une force nouvelle, comme si ma tête était prête à tout envoyer valser, un désir d'agir plus qu'une promesse. Ne plus faire naître de peurs, les jeter à la benne.
Je sourirs à cette idée, je visualisai ma vie sans elles. Spontanément, mes poumons se vidaient et se remplissaient plus lentement. Libérérée de l'agglutination de tous mes démons restés bloqués. Mes narines accueillaient l'air frais, le laissant s'insinuer dans chaque morceau de moi. Il me parcourait d'un bout à l'autre, puis il s'évaporait, finissant sa course dans le souffle bouillonnant de mon expiration.
Ce relâchement me fit oublier que le soleil se couchait bientôt, la lune faisant déjà son apparition.
Je devais rentrer. Sur ma route , je rencontrai un chat noir. Il traversa à toute vitesse. Je fus tellement surprise par sa démarche que j'accélérai mon pas, sentant la panique me gagner. Pourquoi un si petit animal m'effrayait -il autant? Etait-ce sa couleur qui m'induisait en erreur? Chat noir mauvais présage.....J'en étais là de mes réflexions lorsque je sentis une présence.
Je trouvais le courage de me retourner, prête à courir aussitôt à grandes enjambées s'il y avait danger. Je reconnu le félin, il me regarda d'un air abattu, me laissant quoi.
Pourquoi me suis-tu?
Il s'étendit au sol, épuisé. Je décidais d'approcher. Je m'accroupis. "Tu es blessé?"
Il me répondit: "Je me suis enfuis, je ne veux plus être battu. Je souffre encore des derniers coups que j'ai reçu. Quand je t'ai aperçu, tu avais l'air perdu, j'ai senti toute ta tristesse. Je t'ai suivi, convaincu qu'en marchant dans tes pas je me sentirais moins seul avec la mienne".
J'écoutais ce pauvre chat, j'avais tant de peine à son égard. j'avais honte d'avoir craint sa présence alors qu'il avait besoin de soutien, d'une protection. Je le pris dans mes bras délicatement pour lui apporter ma tendresse en réconfort.
"Tu sais lui avouais-je : Je m'en veux de ne pas avoir été plus attentive à toi lors de notre première rencontre. Un rien m'inquiète, je me replie. Tu as raison sur mon compte. Je suis angoissée de tout, je ne suis jamais rassurée. Je suis incapable de m'aimer . Comment vais-je faire pour me sentir en paix si je n'accepte pas qui je suis ni le coprs que j'ai?
Cette journée animée me motive à changer ma vision bien trop noire. Je m'enferme dans un monde et oublie qu'il y a d'autres possibilités. Allez , je t'emmène chez moi. Tu veux bien? Je m'occuperai de toi, à deux on se soutiendra".
Hé bien Jolie rouge femme, je serai volontier ton ami, fidèle compagnon de vie. J'ai lu en toi. Ce que tu es pour moi est ce que je suis pour toi. Tu es le miroir de mes fêlures, je ne souhaite pas qu'elles nous défigurent.
A l'orée du bois, je regardais au loin. Je marchais concentrée sur mon intérieur, je remerciais la nature pour son accueil bienfaiteur lorsque mon regard se figea à la vue d'un Faon. Il mangeait tranquillement, son buste penché dans les hautes herbes.
Je me forçais à ne faire aucun bruit. Je craignais de le faire fuir. Il se releva aux aguets. J'arrêtais presque de respirer. Il était d'une telle beauté, je vivais un rêve éveillé. Je profitais du moment présent, émue par la magie de l'instant. La vie m'offrait un spectacle éblouisssant. Je me sentais privilégiée de recevoir autant d'offrandes en une journée. J'avais enfin détaché mon armure. j'avais ouvert mon coeur, oublié mes peurs, accepté d'être là, pleinement dans l'aventure.
Je repartais libérée d'un poids, accompagnée d'un nouvel ami. J'étais confiante, je voulais le soigner, le protéger. Ma conscience s'était ouverte aux signes et pas par hasard. Si j'avais su les voir, je devais maintenant oser y croire. Dans ma douleur face à la solitude, j'avais nié l'existence de mon corps. Mes certitudes m'enfermaient dans des croyances. J'étais persuadée que je ne pouvais rien changer. Je subissais, aveuglée par la colère.
De retour chez moi, j'installais mon petit compagnon, pris soin de le nourrir et de le câliner. Je me revêtis de mon ensemble le plus douillet, je me blottis sous un plaid. Une tisane fumante m'attendait. J'ouvris un carnet de note vierge. Je commençais à poser des mots, bien décidée à repartir sur un renouveau.
J'écrivis;
"Dès ce soir, mon corps est soudé à mon esprit. Je me promets de tout faire pour l'aimer , le chérir, l'écouter.
Il est mon ami le plus cher , je ne peux l'abandonner. Je peux compter sur lui pour m'épauler , j'ai conscience de sa force, j'ai confiance en lui et il a foi en moi. Nous sommes reliés à l'univers. Ensemble nous suivrons le bon chemin.
Seul ce que nous observons est la vérité. Ce que me dicte mon coeur est raison, ce que mon esprit s'imagine est une illusion. Il peut devenir poison.
Lorsque j'aurai de nouveau peur, j'inspirerai profondément, me concentrant sur mon corps pour me ramener à la réalité.
La souffrance que je ressens est celle que l'esprit s'invente, me faisant croire que je n'ai pas les possibilités d'avancer.
Pour défier l'esprit, j'ouvrirai les yeux face au miroir, je traquerai tous ces bobards. Pour ne plus accepter ces cauchemars, ne plus les revoir, je les effacerai en ravivant mes espoirs.
Je me traverserai du regard pour mieux me percevoir. J'accepterai de croire en moi afin de changer le cours de mon histoire".
Tous droits réservés Agnès 11.01.23