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Notre vie quotidienne

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Veröffentlicht am 27, Juli, 2020 Aktualisiert am 27, Juli, 2020 Reisen
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Notre vie quotidienne

13 Jul 15

Publié par roadtrip-in-peru.over-blog.com  - Catégories :  #Tchad

 

Notre vie quotidienne

Après vous avoir longuement parlé du projet et de son cadre d'intervention, je vous propose une petite immersion au sein de notre cadre de vie.

Partir avec MSF, c'est être nourri-logé-blanchi, afin que l'on puisse se consacrer pleinement à notre mission et être déchargés des autres préoccupations du quotidien. Nous sommes donc une petite équipe d'une dizaine d'expatriés, à laquelle vient régulièrement se greffer l'espace de quelques jours ou quelques semaines des personnes de la coordination à N'Djamena ou éventuellement du siège à Paris, ou encore d'autres membres intervenant sur des actions spécifiques. Nous tournons donc avec un effectif de 10-15 personnes en permanence à la base vie, parcelle constituée de 4 bâtiments principaux et plusieurs annexes. Chacun y a sa chambre, les sanitaires sont partagés, il y a une terrasse et une cour où nous pouvons prendre les apéros de fin de journée, une salle de télé.

A notre service, 4 personnes pour nous préparer à manger midi et soir, faire notre lessive et le ménage, et des gardiens pour assurer la surveillance de la propriété. On a l'eau courante, l'électricité, et depuis peu une connexion internet fonctionnelle, ce qui nous rend somme toute très privilégiés dans un endroit où les gens se partagent un puits pour avoir de l'eau, rechargent leur appareils électroniques dans des boutiques dédiées dans la rue, et arrivent au mieux à capter internet par des « smartphones » chinois aux compétences douteuses.

Pour nous déplacer, des Toyota avec chauffeur, puisqu'il nous est interdit de conduire par nous-mêmes et de nous déplacer seuls la nuit tombée. Tout ceci peut sembler assez disproportionné de premier abord, mais cette organisation est indispensable à une vie en communauté et au bon fonctionnement de la mission, où toutes ces choses nous prendrait beaucoup de temps. Par exemple, manger du poulet suppose d'aller acheter l'animal au marché, de l'égorger, de le déplumer, de le dépecer avant de le faire cuire.... on est loin des filets emballés du supermarché, et on est contents d'avoir une cuisinière pour s'en occuper.

 

En dehors de la gestion de cette logistique quotidienne, nos possibilités de sorties et nos sources de divertissements sont assez restreintes. L'expatriation nous ramène parfois violemment à nos origines, et au fait que nous vivons dans une société de l'abondance, de la consommation et du divertissement, à laquelle nous sommes malgré tout fortement attachés. C'est dans ce décalage que nous prenons conscience du confort dans lequel nous baignons habituellement, celui auquel on peut renoncer, et celui qui nous manque inexorablement.

Ici pas de restaurants ou de cinémas ; pas de piscine ni de terrains de tennis ; pas de possibilité d'aller piquer une tête à la mer le week-end, de se faire une petite rando dans les Pyrénées Tchadiennes, ou d'aller visiter un ami dans la ville d'à côté. Aucun tourisme en perspective, pas même de bowling dans les environs. Peut être pourrait-on suggérer d'aller faire du paint-ball à la frontière centrafricaine avec les militaires, mais je doute que cette proposition soit acceptée. Nos lieux de sorties se limitent à deux bars, dont un avec une piste de danse diffusant des rythmes congolais et nigérians principalement, avec un accès à horaires limités depuis les attentats de N'Djamena du mois dernier.

 

Le centre ville se compose d'une grande rue sableuse encadrée d'épiciers et de vendeurs de boulons, quelques vendeurs de pagnes et de fringues, et un marché aux fruits et légumes dans lequel nous allons parfois déambuler le dimanche matin. Quelques vélos sont à notre disposition, et nous en avons profité pour faire quelques excursions aux heures pas trop chaudes de la journée, qui nous ont permis de bien nous aérer l'esprit. Enfin, nous avons repéré un terrain de basket au lycée, où nous essayons d'aller jouer le week-end. Rien de tel pour se décrasser et se prendre une bonne suée ! Et pour parfaire mon intégration, je me remets à une activité à laquelle je n'avais pas joué depuis l'école primaire : le Football. C'est l'activité principale de la ville. Le week end, deux pôles d'attraction majeurs attirent les foules : la messe le matin, et les tournois de foot l'apres midi. Il faut voir le nombre de spectateurs qui se pressent autour du terrain central dans la journée, le seul à pouvoir prétendre à des cages avec un cadre métallique, et même une tribune présidentielle ; toutes proportions gardées, on est pas loin d'un OM-PSG !!!!

La fatigue s'est aussi installée, entre le rythme des journées, les gardes qui se succèdent, la chaleur et les éventuels moustiques qui trouvent toujours à se glisser sous la moustiquaire, et je multiplie les siestes lors de mon temps libre pour essayer de récupérer. La charge de travail à l'UP s'est néanmoins un peu amoindri cette dernière semaine, on est moins au pas de course toute la journée, mais on en a quand même plein les pattes en fin de journée.

Bref. J'apprends à vivre selon un autre rythme et dans un champ des possibles limité, à lire ces bouquins pour lesquels je ne trouve jamais le temps de me poser, à regarder ces films que je n'ai jamais eu le temps de visionner ces dernières années, à gratouiller un peu ma guitare, à tremper le maillot avec mes amis de l'UP et tenter de perdre ce petit bidon si facilement acquis lorsque j'avais la main plâtrée...

 

Et dans ce cadre, écrire ces articles est pour moi une occupation à part entière, un partage avec vous, un exutoire, un exercice de plume, une prise de recul sur mon expérience MSF avec son flot de découvertes et de questionnements.

 

Deuxième attentat à N'Djamena ce samedi, au grand marché, revendiqué immédiatement par Boko Haram contre lequel le Tchad mène une coalition armée au nord est du Nigéria depuis février. Quinze morts à déplorer, une centaine de blessés. Les règles sécurité sont à leur maximum à N'Djamena, nous continuons de notre côté à mener sans entrave mais avec prudence nos activités.

 
 
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NB : ce blog est personnel et les propos qui y sont tenus n'engagent que son auteur.
 
 
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