L'Eden...et Tafraoute
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L'Eden...et Tafraoute
11 Janv 15
Vous souvenez-vous de l'Eden ?
Voyez vous ce jardin dans lequel Adam et Eve batifolent joyeusement, avant que Eve, cette pécheresse, croque la fameuse pomme ? Allez, faites un effort, ramenez à votre esprit toutes vos images de ce lieu de paix. Allez, s'il vous plait, prenez quelques instants, fermez les yeux, et faites appel à votre imaginaire....
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Eh bien c'est ici que je vous emmène aujourd'hui...:-)
Après avoir progressé de quelques kilomètres dans le canyon, nous arrivons à l'oasis, où une végétation dense et toujours plus luxuriante de palmiers, d'amandiers, d'arganiers s'étoffe devant nos yeux ébahis, et envahit tout l'espace. La verdure offre un contraste marquant avec la roche rouge et aride des gorges alentours. Il se dégage une sensation de douceur, de paisibilité, le calme, un véritable havre de paix, qui s'étend sur une dizaine de kilomètres dans la vallée. Les oiseaux chantent, les hommes vont et viennent tranquillement, ils vous saluent lentement avec un sourire respectueux sur les lèvres, le fond de l'air est doux, ni trop chaud ni trop froid, l'eau s'écoule dans un léger clapotis, revêtant par moments une transparence tirant entre le bleu et le vert.
Et nous progressons là dedans, à pied, la voix de Salif Keita ou de Tiken Jah dans les oreilles grâce à mon super casque de Noël, dans ce véritable oasis du bonheur et de la tranquillité. On trouve un petit endroit à l'ombre d'un arbre pour y partager un petit thé et une omelette, on est vraiment au paradis, et je comprends alors l'image mirifique que peut représenter de tels lieux pour le marcheur qui vient de traverser le désert.
J'interroge alors un restaurateur et je lui demande :
"Ils sont où les pommiers ? "
Il me répond : "J'en ai un dans mon jardin, si tu veux"
Je lui dis : Alors c'est à cause de toi que Eve a mangé la pomme, et que l'humanité tout entière est condamnée à souffrir."
Il me répond (avec son bel accent marocain) : " Oh tu sais, moi j'étais là dans la cuisine, j'ai rien vu, rien entendu, c'est elle qui l'a mangé toute seule !!!"
Une belle partie de rigolade...
Nous reprenons finalement la route en direction de Tafraoute, un village perché aux milieux des montagnes du petit Atlas. Et là, paysage à nouveau extraordinaire. Pour ceux qui connaissent la Corse ou qui ont précédemment suivi mon blog, vous connaissez les iles Lavezzi ??? Eh bien c'est pareil, mais au milieu de la montagne et non dans la mer, avec des blocs de roche rouge, partout. Pour ceux qui ne connaissent pas, vous pouvez aller voir dans mes articles précédents et laisser courir votre imagination en attendant que je mette plus de photos, car la vitesse de téléchargement ici est plutôt très lente.
Bref. Imaginez des immenses blocs ou amas de blocs de pierre assez polis et arrondis parsemant l'ensemble des faces des montagnes partout aux alentours, et un petit village au milieu de tout ça. Un village avec ses minarets, son souk, ses boutiques, ses places fortes surélevées pour voir au loin dans la vallée.... Un véritable décors de film, de western spaghetti. Après les canyons du Colorado, nous voici à nouveau dans un autre paysage rappelant le Far West.
Nous décidons d'élire campement ici, à la sortie du village, et de nous accorder une bonne journée de repos le lendemain à faire tout ce que nous avons à faire, réparer le pneu crevé, Tim faire un devis pour la peinture et les soutes de son camion, trouver des médicaments pour Marie, faire des courses, répondre aux mails, découvrir avec stupéfaction et une très grande émotion ce qui s'est passé à Charlie Hebdo ; acheter des babouches (ils sont célèbres pour leurs babouches ici), visiter un peu, faire la causette pendant une heure chez un fabricant de chaussures qui nous vend finalement de belles chaussures artisanales faites dans du cuir de boeuf, réparer les vélos, se reposer, et savourer l'énorme couscous préparé par Omar, le gérant du camping juste à côté, qui nous a pris en sympathie.
On vit au rythme marocain, sans trop se bousculer, en prenant le temps de tout, et cela nous fait beaucoup de bien.
Nous reprenons à nouveau la route ce matin, direction Tata désormais et son désert entrecoupé d'oasis, un tout autre paysage que ce magnifique paysage montagnard, parce que tonton Albert (c'est le nom du camion) tire un peu la langue quand même en montagne. On essuie même une petite chute de neige à près de 2000m d'altitude.
Sur la route, à nouveau de magnifiques montagnes rouges, strates arrondies ou verticalisées témoignant des puissantes forces de la Nature, et pour ceux qui connaissent la Corse à nouveau, une grande similitude avec les aiguilles de Bavella. La route est belle, vraiment très belle, je mitraille de photos en essayant de garder le plus possible les yeux grands ouverts.