avril 2023

Je vous avais laissé en suspens de mon voyage après le vol de mon ordinateur, ne pouvant plus écrire d'article durant le reste de mon voyage, et ne l'avais pas complété depuis. Je profite du confinement lié au cyclone Belal, ici à la Réunion, pour essayer de succinctement terminer le récit de cette aventure sud-américaine, et de mes initiations chamaniques équatorio-péruviennes. Commençons donc par la poursuite du séjour équatorien.

La progression de Riobamba vers Cuenca m'a obligé à faire un grand détour, en descendant par la forêt amazonienne pour ensuite remonter à nouveau dans les montagnes andines, la route directe entre les 2 villes ayant été coupée par des mouvements et éboulis de terrain dues aux pluies récentes.

Dans le bus, je retrouve Lena, une luxembourgeoise rencontrée à Riobamba, accompagnée de 2 allemands, Bastian et Dorothée...et pour cause ! N'ayant pas mis de lunettes de soleil lors de l'ascension du Chimborazo, avec l'intensité des rayons conjuguée à l'altitude, elle est devenue quasiment aveugle !! Elle descend donc de toute urgence à Cuenca pour aller « voir » une clinique ophtalmologique, bandeau sur les yeux et guidée physiquement dans chacun de ses pas. Mais rassurez vous, elle récupérera au bout de quelques jours complètement la vue.

Des 6h annoncées, nous en mettons bien sûr 10h pour arriver à la tombée de la nuit, ce petit groupe avec qui nous allons former une superbe team l'espace de quelques jours. Des gens extras, dont je vais me régaler de leur compagnie, de nos échanges, de nos fous rires, de cette gentillesse et de cette bienveillance qui nous animent tous les 4. Que ça fait du bien de rencontrer des gens avec qui je me lie d'une sincère et profonde amitié !

On visite donc ensemble Cuenca, 3eme et l'une des plus belles villes d'Equateur, avec un centre historique chargé d'histoire et de batiments anciens, de musées ; ville également très dynamique avec plein de boutiques et de restos divers et internationaux... On trouve même un restaurant allemand qui va ravir les 2 compatriotes germaniques, qui sont en voyage depuis quelques mois en Amérique du Sud, qui reviennent de la Terre de Feu et de Ushaia, où ils ont même pu embarquer pour une croisière de10 jours en Antarticque (réduction de dernière minute, - 50%, mais cela représente quand même plusieurs milliers d'euros!) et dont ils nous montrent les photos...expérience incroyable au bout du monde pour un voyage très insolite !! Et je les aime d'autant plus qu'ils ont eu le courage à un moment de se jeter à l'eau dans les eaux de l'Antartique... alors ils ont tout mon respect !!!

Mais pour declarer le vol de mon tout récent MacBook, et espérer peut être une petite investigation de la police, il me faut retourner à Riobamba.. Donc à nouveau 10h de bus, une journée à être baladé de la gare routière au commissariat, à la gare routière, au centre de contrôle des caméras, à la gare routière,.. pour bien sur aucun résultat ; et à nouveau 10h de bus, en redescendant les Andes par la côte océanique cette fois, et retrouver à nouveau mes joyeux drille à Cuenca pour 2 jours supplémentaires.

Nos routes se séparent là. Lena part du côté de l'océan, quand les allemands partent vers le nord-ouest en Amazonie, où Dorothée va elle même bénéficier d'une initiation chamanique et d'une rencontre avec la Madre Ayahuasca, dans un contexte plus encadré et rassurant pour elle, accompagnée d'une psychologue américaine. Quant à moi, je descends dans le sud-est à Gualaquiza, rencontrer un autre chaman que l'on m'a recommandé, issu cette fois ci de l'ethnie Shuar.

L'expérience ne sera pas extraordinaire. Sa femme a des problèmes de santé, sa communauté shuar auprès de laquelle il est beaucoup impliqué rencontrent des problèmes relationnels qu'il faut médier, sa Maloca construite dans son jardin s'est effondrée lors du Covid et il ne l'a pas reconstruite depuis, le mari de sa sœur est décédé il y a 1 mois et il faut organiser une messe.. Il ne donne plus que quelques cérémonies sur la terrasse de sa maison, en bord d'une route très passante, et semble plus préoccupé par ses affaires courantes que par l'organisation et la préparation de ma cérémonie. Tout ceci n'offre pas le bon cadre pour entrer pleinement dans l'expérience, il ne chantera d'ailleurs quasiment aucun Icaro durant les 2 cérémonies que je fais avec lui, et semble avoir plus de choses à nettoyer et purger que moi. Nous développons une relation cordiale, je reste quelques jours à essayer de découvrir son environnement et sa communauté, puis prends congés.

J'ai besoin d'une pause dans mes expériences chamaniques. Direction donc la côte, pour un peu de tourisme balnéaire ! Remonter à nouveau la barrière des Andes pour redescendre de l'autre côté, rejoindre Guayaquil, centre économique et plus grande ville du pays, puis rejoindre Puerto Lopez et Montanita pour découvrir la culture côtière (« la cuesta ») du pays.

Si Puerto Lopez est une jolie sation balnéaire avec ses bateaux de pêche, le parc national de Machalilla et la célèbre playa de Los Frailes dans lesquels il est agréable de se promener une journée, l'isla de la Plata au large, décrite comme la petite Galapagos pour son écosysteme et les nombreux oiseaux qui y nichent, je me retrouve néanmoins tout seul dans un hôtel pendant quelques jours, arrivant en basse saison. Je me promène et me deguste des ceviche de poissons et de crevettes à tomber..

Mantanita, elle, est la station de fête par excellence, la Goa équatorienne, où s'empressent tous les jeunes routards pour bronzer sur la plage le jour, pratiquer le surf, jouer au beach volley, en attendant la vie nocturne faite de multiples soirées électro improvisées et de nombreuses boites de nuit. L'alcool ici coule à flot, les petites rues débordent de bars et de jeunes occidentaux et sud-américains venus faire la fête et parfois se perdre dans leur voyage.. J'en profite pour m'initier quelques jours au surf, me lier avec quelques joueurs de volley, remettre en place une luxation d'épaule d'un Israelien bien costaud, participer à quelques soirées.. mais je fuis rapidement cet endroit qui ne correspond pas à ce que je suis venu chercher ici.

Terminé donc l'Equateur, je me casse au Pérou ! Je reprends un bus qui m'emmène jusqu'à Guayaquil, puis un autre qui me fait passer la frontière dans la nuit. Je cherche à rejoindre Trujillo, mais on est en plein jour férié et les bus sont surbondés.. je dois donc en prendre encore 2 autres, avec plusieurs heures d'attente entre, avant de rejoindre enfin Trujillo dans la soirée. 36H que je voyage ! Mais l'aventure péruvienne sera l'occasion d'un nouvel article.