Loin de vouloir régir toute notre vie avec des objectifs, nous pouvons nous y référer pour des projets qui nous tiennent à coeur. j’entends souvent des formulations d’envies en forme de voeux pieux : j’aimerais maigrir, ce serait bien si je faisais du sport, j’ai envie de changer de métier, je prendrais bien une année sabbatique pour voyager…Autant de velléités non réalisées générant amertume et regrets. Ces effets supposés indésirables sont peut être recherchés par des sujets y trouvant leur compte. Par exemple se vivre en victime, se faire plaindre, être un souci pour ses proches. Même sans objectifs, nous obtenons des résultats.

Illustrons l’anticipation des effets avec un cas réel. Thomas, cinquantenaire actif et jovial a grossi de vingt kilos ces trente dernières années. Il flirte avec le quintal. Son médecin l’alerte sur des taux un tantinet élevés de cholestérol et de sucres dans le sang. Il lui conseille de maigrir et de s’entretenir avec des activités physiques. Le médecin ajoute que Thomas peut manger et boire de tout, avec modération. Examinons quelles pourraient être les cinq questions systémiques à se poser pour transformer cette problématique en projet atteignable. Je les présente ici en mode d’auto-questionnement « je » sachant qu’il est possible de les poser en mode « tu » ou « vous » pour aider un ami, un proche ou un client.

1- Quel est mon objectif ? Peser 90 kilos dans 10 mois, soit une moyenne de 1 kilo par mois. 

Une réponse, perdre 10 kilos en 3 ans est certes prudente mais est propice à la procrastination . A l’inverse , maigrir de 10 kilos en 2 mois est certes un beau challenge mais risque de provoquer des effets délétères sur la santé globale de Thomas , à savoir le fameux « yo yo ». L’absence de date est de mauvaise augure pour la réussite du projet.

2- Est ce que cela vaut la peine de m’investir dans ce projet et en suis-je bien propriétaire  ? Oui, préserver mon avenir , me sentir mieux, remettre des vêtements que j’aimais bien.

En l’absence de réponses, prendre du temps pour en trouver, sinon ce projet n’a pas de sens pour Thomas.

3- Quelles sont mes ressources pour atteindre mon objectif ? Mon épouse m’approuve, je sais ce qu’il faut faire en matière de calories et de vitamines, j’ai confiance en mon médecin, je peux dégager une heure par jour pour des activités physiques.

Il s’agit des ressources à disposition mobilisables aisément, y compris les qualités de Thomas.

4 - Tel que je me connais, comment suis-je susceptible de me saboter ? J’ai tendance à me laisser aller dans des ambiances conviviales et me dire que j’ai le temps. Et je mange trop vite.

Si Thomas se laisse inviter ou invite des amis souvent lors de la période considérée, il sabote son objectif.

5 - En me projetant 6 mois après avoir atteint mon objectifs, quels en sont les effets probables , bénéfiques et indésirables ? Bénéfiques : je me sens bien, je suis content, mon épouse aussi, mes formules sanguines se sont améliorées, mon corps me plait mieux. Indésirables : je dépense de l’argent pour m’acheter de nouveaux vêtements plus élégants, mes amis peuvent penser et me dire que je suis moins marrant qu’avant ou que je suis malade, ma peau risque de se détendre et être flasque.

Cette cinquième question est celle de l’anticipation des effets écosystémiques. Les effets bénéfiques étaient déjà envisagés dans la deuxième question. Ils contribuent à donner un sens au projet et à se motiver. En systémique, nous savons qu’une réussite produit des effets secondaires. Vaut mieux les anticiper pour savoir si vous êtes en mesure de les assumer .

Ces questions peuvent être auto-posées, posées à d’autres que vous voulez aider et posées en groupe pour rassembler les conditions de réussite d’un projet collectif. Pensez ensuite aux premiers pas à effectuer dès demain pour obtenir le résultat désiré à terme.