C’est donc une pandémie qui nous frappe. Après la peste et le choléra, la malaria et le sida, pour couronner le tout nous avons le corona. C’est l’angoisse ! Mais loin de s’époumoner, on retient son souffle à l’idée d’étouffer. Car avant d’arriver aux poumons le virus est dans toutes les têtes. Et, comme par un effet de sidération, son effet est la paralysie... on ne bouge plus ! Alors la culture est en état de coma dépassé et se trouve de ce fait entièrement appareillée l’expression culturelle est devenue électronique dans sa totalité, son expression corporelle directe a été bâillonnée. Les corps bullent !
“Protection” est devenu le maître-mot. On garde ses distances, la parole libre est devenue parole de mort, on fait plus confiance à qui ne porte pas de masque. C’est le monde à l’envers ! Un nouveau protectionnisme est à l’oeuvre et contamine en priorité tous les libéraux (“Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés.” - Les Animaux malades de la Peste de Jean de La Fontaine). Son agent qui mesure dix milliardièmes de mètre s’infiltre partout et installe en tous lieux cette nouvelle culture virale qui tétanise le corps social.
Notre chère Cité Internationale Universitaire de Paris, qui était le lieu privilégié de toutes les expressions culturelles, qui en avait, comme on dit, “le virus” au bon sens du terme, qui était un rêve culturel et promouvait la culture du rêve comme un champ de pavot, est maintenant désertée. On peut même dire qu’elle est sur le sable ! Aucune épidémie n’avait encore à ce point violé les consciences et réduit la liberté. Au point que nombreuses sont les voix qui annoncent que rien ne sera jamais plus comme avant.
Frédéric Sausse