L’anesthésiant faisait son effet. Elle était restée immobile. Il appréciait la qualité de son travail. Les ongles parfaitement limés et vernis séchaient à présent sous l’effet de la brise du soir. 

Elle l’observait incapable de réagir. Elle avait froid mais ne tremblait pas. Elle avait honte aussi. Son corps nu exposé à tous vents. Son corps vieillit qui l’avait lâché. La lumière diffusée par les ampoules de la guirlande éclairait sa peau fanée. Elle fut prise d’un sanglot. 

- Pourquoi vous me faites ça?

- « Si tu fais le mal, sois dans la crainte. Il porte l'épée, car il est serviteur de Dieu pour manifester sa colère en punissant celui qui fait le mal. » Sa voix n’était qu’un chuchotement.

- Je ne vous comprends pas, je ne vous ai rien fait.

- Tais toi. C’est bientôt terminé. 

Il caressa le bout d’étoffe pourpre entre ses doigts. Il aimait cette sensation. Elle lui rappelait le biais satiné de sa couverture d’enfant. Son refuge de douceur. Il plaça le ruban. Il sentit le pouls de sa proie s’accélérer. C’était le moment qu’il préférait. Celui qui le soulageait. Il le noua d’un coup sec. Sur sa main une larme vint s’écraser. La dernière. Il sortit son paquet de cigarettes. Le papier argenté glissa tel un murmure.