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L’eau chaude coulait depuis plusieurs minutes déjà et la buée avait envahi la salle de bain. La porte de la cabine de douche était devenue opaque. Il était temps de passer à l’eau froide. Ce qu’on appelait la douche écossaise. Il n’appréciait pas plus que cela les écarts de température sur son corps, mais il en avait pris l’habitude. Ce n’était pas par choix. Une nécessité imposée pour garder une peau ferme et des muscles en bonne santé. En s’épongeant devant le miroir il songea à sa vie d’avant. Toutes ces années pendant lesquelles il n’avait pas su prendre soin de son corps. Ce corps qu’il haïssait. Ce visage qui lui avait coûté tant de moquerie. Aujourd’hui ce temps était révolu. Son corps était devenu son temple. Il lui dictait la conduite à tenir, ce qu’il mangeait, ce qu’il buvait ou ne buvait plus, ce qu’il ne fumait plus, le sport qu’il pratiquait, et les traitements qu’il faudrait continuer de prendre encore. Il jeta un dernier regard sur son reflet entaché de gouttelettes. Une réussite. Celle de Sigfried bien entendu mais la sienne aussi au prix de tous les efforts quotidiens qu’il s’infligeait.
- Belle course?
- Pas mal. Il y avait un peu de brume puis elle s’est dissipée. L’océan était magnifique.
- Tu es allé jusqu’où ?
- Jusqu’au poste 17.
- Tu prends des risques Harvey.
- T’inquiète, il était tôt il n’y avait personne.
- Les promeneurs de chiens matinaux ne sont pas personne.
- Pas de promeneurs de chien. Juste un couple qui observait les vagues depuis le poste lorsque je suis reparti.
- Fais gaffe quand même. Tiens avale ton cocktail.
- C’est quoi ce matin?
- Vitamines et coenzymes. Recette maison Klumbb. Pas d’inquiétude sur la composition.
- Et myrtilles j’imagine?
- Exactement. Harvey il faut qu’on parle.
- Je t’écoute.
- Je dois partir une semaine pour le Nobel. Tu te souviens
- Oui, et donc?
- Et donc je voulais te dire,
- Ne t’en fais pas Sigfried. Je serai sage comme une image.
- S’il te plaît pas de sarcasme ce que je veux dire,
- Je te le répète, il ne se passera rien. Tu pars quand?
- Demain matin. Je t’appellerai dès mon arrivée.
- Ça marche. Profitons de cette journée alors. Ça te dirait de monter au château? On se prépare un picnic. Il va faire très beau.
Cette conversation l’avait épuisé. Il avait senti le reproche et les sous entendus. Il devait impérativement sortir ces idées de son esprit. Revenir au moment présent. Il coupa les tranches de tomates avec minutie et tartina d’avocat le pain complet. Son esprit s’apaisa mais au fond, il lui en voulait d’avoir fait monter cette tension. Elle ne devait pas se transformer en envie. Il se concentra sur sa respiration et se força à sourire.