14.02 - A la recherche d'un grand enfant
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14.02 - A la recherche d'un grand enfant
"Thank you for always being the biggest kid in the room". Cette phrase, issu du post Insta de Kalani Miller pour son GOAT de boyfriend Kelly Slater, m'obsède depuis quelques temps. Sans que je ne sache vraiment pourquoi, elle me touche. Et en ce jour de St-Valentin, je cherche à décrypter pourquoi.
Aujourd’hui, c’est la Saint-Valentin. Bon, je me doute que je ne vous apprends rien. A partir du moment où tu es détenteur d’un téléphone, d’autant plus un smartphone, et que tu as les réseaux sociaux, ton cerveau a été sursollicité envers des achats compulsifs absolument impératifs pour conserver l’amour de ton partenaire. On ne sait jamais. Il/elle pourrait moins t’aimer. Sans un bijou cheap acheté en last minute parce que t’avais complètement zappé. Sans la boîte de chocolats hors de prix qui lui “font un gros cul”. Oui, elle va culpabiliser après. Sans l’indispensable Leatherman qui est super-pratique-en-survie et dont il te rabâche les oreilles depuis des mois alors qu’il est banquier. Faire un GR avec bivouac une fois par an en plein été avec tes potes ne fait pas de toi le futur compagnon d’aventures de Mike Horn.
L’aigreur transpire, suinte, dégouline. Beurk. Les piscines de miasmes, c’est vraiment pas mon truc. Est-ce parce que je suis célibataire ? Je ne crois pas. Je peux me tromper. Mais très sincèrement je ne pense pas. C’est juste que je suis une romantique d’une autre trempe. Attention, ce n’est pas forcément quelque chose que j’assume. Du moins pas dans la vraie vie. Mais bizarrement, le partager sur le World Wide Web ne me dérange pas. Comme si son immensité protégeait mon jardin secret. Ou alors, l’inverse. Comme une bouteille jetée à la mer, un endroit qui me permet de revendiquer mon côté cucul, et de l’afficher au monde, sans pour autant que ce soit inscrit sur ma face. Un moyen détourné d’oser.
Come with me, my love, to the sea of love.
Cat Power
Parce que je crois à l’Amour, avec un grand A. J’insiste sur la majuscule. J’ai établi un degré d’intensité entre l’amour et l’Amour au fil du temps. Et donc, la Saint-Valentin, les dates, les demandes en mariage devant la Tour Eiffel, les déambulations main dans la main, et j’en passe, c’est ce qui me dégoute de l’amour. Trop cliché. Trop film à l’américaine. Trop à l’eau de rose, cette odeur entêtante qui vient d’une autre époque. Ce que je veux, c’est de la passion, de l’inédit, de l’individualité. Ce qui me fascine, c’est l’inconditionnel. Genre Saint-Laurent et Pierre Bergé, Jacques Mayol et Johana dans le Grand Bleu, Gala et Dali, Fran Drescher et son ex-mari Peter Marc Jacobson, papa et maman. Pas forcément évident, empreint de personnalités fortes, une bonne dose de résilience, de communication. Malgré les blessures, malgré le temps qui passe.
En fait, je rêve. De jamais dire “tu me manques”. Parce que je sens l’autre, sa présence, même quand il n’est pas prêt de moi. De vivre mes projets, à fond, même si ça m’envoie 6 mois à l’autre bout du monde. Et que ce ne soit pas un problème, parce que l’important, c’est que je me fasse plaisir. Et qu’on puisse se complaire ensemble dans les réalisations personnelles de chacun. D’être avec quelqu’un, et de ne pas avoir un compagnon. Parce la différence d’appartenance qui distingue les deux auxiliaires me parait fondamentale dans la relation entre deux personnes matures. Un être humain que tu possèdes, c’est de l’esclavagisme. Et être (ou ne pas être) avec quelqu’un, c’est un choix. Dont tu es l’unique responsable. De pas avoir peur de dire : “putain, t’as vu ce mec, il est canon”. Parce que la confiance est là. Parce qu’il sait qu’à la fin de la journée, il n’y a bien que devant lui que je mettrais mes joggings les plus dégueux, que je beuglerais comme une poissonnière sur le mec devant qui n’a pas mis son putain de clignotant, que je préparerais un plat avec du fromage même si j’aime pas ça.
L'aventura
C'est la vie que je mène avec toi L'aventura C'est dormir chaque nuit dans tes bras
Je rêve qu’il sache que des fois, non veut en fait dire oui. Que les limites que je pose sont seulement là pour qu’il les dépasse (attention, pas dans tous les contextes !). Par exemple quand je dis que je veux être seule et que je veux pas de câlins, ça veut sûrement dire que j’en ai envie au fond. Mais que je suis une tête de mule doublée d’une chieuse, qui veut que ça vienne de lui. Et que ce soit ok. Parce que ce qui compte, ce ne sont pas nos petits egos étriqués. C’est tout le soutien qu’on est capable de s’apporter. Même si on est pas d’accord, ou qu’on ne se comprend pas. Que je me sente comme une gamine, parce qu’il est le plus grand des enfants que je connaisse, et que la vie est une perpétuelle aventure avec lui.
Je fabule peut-être. Mais je n’ai pas pu me résoudre à baisser mes standards jusqu’à maintenant. Bien qu’ils aient évolués dans le temps : on est passé de critères purement physiques et matériels (qu’il ressemble à Marlon Teixeira, avec l’intelligence déliée et ironique d’Harvey Specter, et des talents de skieur hors-piste certains) à ceux exposés ci-dessus. Autant rendre à César ce qui lui appartient : j’en ai déduit que j’avais mûri. Au même titre que je suis maintenant plutôt tisane qu’Espresso Martini, même si un (ou plusieurs) de temps à temps n’a (n’ont, je suis légèrement psychorigide sur la conjugaison et la grammaire) jamais fait de mal à personne. Aussi parce que j’ai réalisé que finalement, la distinction entre amour et Amour que j’avais si soigneusement élaboré n’avait pas franchement de raisons d’être. Qu’elle était aussi désuète que de l’eau de rose. Que les limites que je voyais dans l’amour n’existe que dans l’esprit de celui qui veut bien les voir. Et qu’ils ne tenaient qu’à moi de les définir, avec mon (non-existant) partenaire, si tant est que j’osais, enfin.