Mouais, c'est comme si je boudais
Comme si l'affront était trop grand pour laisser pisser
Comme si ma personne, soudain dédaigneuse, méritait bien mieux que ça
Comme si les larmes de rage et de tristesse s’emmêlaient
Pareil à un étonnement choquant et sans justification
Une perplexité interloquée qui deviendrait vengeresse.
Car j'ai envie de taper, de hurler, de lui cracher à la gueule mon venin salivaire : je suis vexée.

As-tu envie de coucher avec moi ?

Pourquoi ne réponds-tu pas à la question ? Tu sais quoi, on est plus des ados. Tu fais quoi quand quelqu'un te plait à quarante ans ? Tu écris des mots hésitants sur du papier à carreaux que tu plies en 8 ? Raté, j'ai pas de trousse.

Je te vois profiter de la situation, tu bois mes paroles, tu jubiles à résoudre un casse-tête, tu pavanes quand je te valorise, tu ris à mes blagues, tu manges mes noix sans rechigner, tu prends mais tu ne donnes rien. Sauf parfois quelques compliments déguisés dès que t'en vient l'envie.

Mais de proposition sexuelle que nenni. Je suis vexée.

Mais c'est peut-être de ma faute, j'ai pas posé la question clairement. Pas assez clairement. J'ai du vraiment être allusive, floue, translucide. Guillaume mon mari m'avait dit "avec les mecs, faut être directe, tu montres tes cuisses, tu écartes les jambes qu'il aperçoive ton string, tu le laisses sentir tes effluves." Bien entendu, je ne l'ai pas fait.

Ou alors tu es un homme-enfant. Ta sexualité a été bridée lors d'un événement quelconque de ton adolescence, ou pire dans ton enfance, et tu n'arrives pas à avoir de relations physiques avec d'autres femmes. Merde alors.

Et bien sûr je tombe sur toi. Ou plutôt mon inconscient te choisit toi pour avoir des relations extra-conjugales autorisées. Qui n'auront donc jamais lieu. Je suis vexée.

Juillet 2019