"Je suis moche mais j'ai un style"
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"Je suis moche mais j'ai un style"
Telle pourrait être la devise du hipster masculin, toujours prompt à se cacher derrière un bonnet. En été comme en hiver. (texte initialement paru en 2013)
Avec ton bonnet en été, ce n'est pas le seul problème des cheveux gras qui t'anime. Eh oui, une fois que tu as réussi à mettre dans tes filets la demoiselle invitée au bar à harengs de la rue des Crabes-Ardents, il va falloir que tu réussisses à enlever ledit bonnet lorsque vous allez vous dénuder dans ton loft. Non pas que ta calvitie soit un complexe que tu aies du mal à assumer (quoique), c'est surtout ce problème de capillarité grasse qui pose un gros souci. Rends-toi à l'évidence mon beau-gosse des anciens quartiers moches, ils deviennent huileux tes beaux cheveux initialement soyeux. Comme bon nombre de tes compères de la hype, tu as oublié que le poil a besoin de respirer.
Paris a beau être la ville par excellence pour le hipster venu des huit coins de l'Hexagone, voire des quatre coins de la mappemonde, il est grand temps de se rendre à l'évidence. "Je suis moche mais j'ai un style" pourrait être la devise de ta mouvance. Attention, il serait réducteur - pour ne pas dire fascisant - de cantonner le hipster à un attribut de beauté. Le style et l'avant-gardisme demeurent ses valeurs premières. Tout bon bobo fauché sait également que le hipster aime les fringues dénichées dans les fripes le long du Canal (Saint-Martin, pas du Midi). Ah non désolé, j'ai confondu avec les boutiques à la devanture prune, rose pastel et jaune poussin où tu achètes tes sapes hors de prix. D'ailleurs, je t'y croise souvent lorsque je passe en Vélib', entendant ta petite amie s'extasier devant "cette devanture au charme provincial". So Ile de Ré (lire "raie", c'est-à-dire en le prononçant mal).
Daniel Darc, dans son album joliment baptisé La taille de mon âme, avait intitulé une chanson "Les filles aiment les tatouages". Sans tomber dans l'explication de texte, la demoiselle avec qui t'as fait ton affaire au bar à harengs... Tu ne te souviens pas ? Enfin, celle qui t'expliquait sa performance athlétique à la Color Run d'avril et son prochain voyage à LA entre copines. Eh bien, cette fille ne connaît pas Daniel Darc. Pourtant, sans le savoir, l'ex-leader de Taxi Girl avait écrit un texte qui résumait bien sa mentalité hipster féminine. Enfin, je veux dire des fausses hipsters qui idéalisent les leaders d'opinion de ce sociotype. Pour en revenir au défunt chanteur, le vrai tatoué chantait : "Les filles aiment les tatoués / Qui vont se laver / Les filles aiment les tatouages / Qui partent au lavage".
Quelle pourrait être la morale de cette histoire, cher hipster ? Si ta liberté de penser fait que tu n'écouteras jamais Florent Pagny - et que je te rejoins sur ce point - laisse respirer tes cheveux lorsque les beaux jours arrivent. Itou quand tu dragues au comptoir d'un bar. Si tu vois les gouttes du bock de bière fraîche s'échouer sur le zinc trempé, dis-toi que ta chevelure de rêve ressemble à une permanente à la sortie d'un bain dans l'océan, à proximité du dégazage d'un pétrolier. C'est pourquoi hipster, il est grand temps que quelqu'un te parle sans détour : le bonnet, c'est pas adapté à l'arrivée de l'été.
Photo by Nathan Dumlao on Unsplash