CHAPITRE 2
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CHAPITRE 2
Ce matin, Régina avait l’air pâle comme d’habitude. Rien de ce que lui disait sa mère ne la rendait heureuse. Célestina, pétrifiée de l’air inquiet de sa fille, s’approcha d’elle et tenta de à l’aventurier.
– Ma fille, pourquoi depuis ton retour des toilettes, tu n’as que la mine serrée ? Que se passe-t-il ? Je suis ta mère, en parle-moi je t’en prie.
– Rien maman, répondit-elle automatiquement comme si elle s’attendait déjà à une telle question qui allait venir de sa mère ou de quelqu’un d’autre exceptée la mère.
– Mais, t’attendais-tu déjà à ma question ?
– Maman, s’il vous plaît, je suis de mauvais poil ce matin et moi-même je ne sais pourquoi.
– En ce cas, essaie de te relaxer ! Mais Francis t’attend déjà dans la cour pour démarrer la voiture.
– D’accord, maman, je vais partir, à ce soir.
– Bonne journée à toi, ma chérie !
– Merci maman.
Régina s’empara de son sac à dos puis, quelques minutes plus tard, rejoignit Francis qui avait déjà fini d’épousseter les pneus de la Ranger il y avait quelques minutes.
– M. Francis, nous pouvons maintenant partir.
– S’il vous plaît mademoiselle Régina, s’écriait Odile qui courait du salon, vous avez oublié votre téléphone.
– Non, je n’ai pas l’envie de le porter sur moi puisque ça ne me servira à rien aujourd’hui.
– D’accord, excusez-moi.
– C’est inutile de te faire excuser pour de choses banales.
Odile se retourna dans la pièce pendant que le véhicule faisait une intermittente reverse et longeait le pavé.
Dans le véhicule comme d’habitude, un silence lourd interposait le conducteur la jeune collégienne.
Au bout de quelques minutes, la voiture finit par atterrir le seuil de la devanture du portail de l’école de la jeune lycéenne.
– S’il te plaît Francis, je t’en prie, ne tarde pas à revenir me chercher le soir quand il sera l’heure, d’accord ?
– C’est d’accord ! Je viendrai à temps vous chercher, c’est promis ; répondit le conducteur.
– Mais Francis, pendant combien de temps te fredonnerai-je le même refrain ? Je t’ai déjà interdit plusieurs fois d’arrêter de me vouvoyer. Où ne sais-tu pas que tu es plus âgé que moi ?
– Mlle Régina, peu importe ce que vous diriez, vous êtes ma patronne et quoique vous fassiez, je vous dois du respect. Je suis tenu à vous respecter afin de conserver mon job.
– Mr Francis, supprime cette idée enfantine de ta tête. Écoute-moi, peu importe combien le riche sera fortuné, n’oublie pas qu’il aura toujours besoin de l’aide du pauvre. L’aide du pauvre dans la vie d’un riche est très indispensable, retiens-le. À partir de maintenant, sache que le fait de me tutoyer ne diminuera rien de ton salaire ni de la conservation de ton job tel tu le prétends. Tu es un beau gars, mignon et battant. Donc, même si tu perdais ta place dans ma famille, tu trouveras encore mieux ailleurs et qui te serait même plus bénéfique que…
– S’il vous plaît mademoiselle Rég...
– Rectification !
Un silence froid glaça l’intérieur de la limousine.
– Comme dernier avertissement, reprit Régina ; à partir d’aujourd’hui, apprends à me tutoyer car, j’ai le pouvoir de te faire perdre ton job si tu ne sais pas faire. Je peux te créer un petit ennui et ouf, tu seras raflé du terrain.
Anxieusement, Francis détacha son regard de l’adresse de son interlocutrice et se plongea dans un stress.
– Je sais bien que tu ne voudrais pas perdre ton job. Alors tu as intérêt à m’obéir sinon…
– Ce me sera un peu difficile, croyez-moi.
– Francis, n’oublie pas que c’est toi qui me retiens encore sur la pelouse du portail, alors, épouse ma décision pour que le jeu soit clos.
– D’accord, comme c’est ce que tu veux, je te tutoierai dorénavant.
– Merci, à ce soir !
– D’accord.
Francis redémarra la voiture et un moment plus tard, s’éclipsa des lieux. Régina, quant à elle, ne se tint pas longtemps avant de pénétrer dans la cour du lycée.
***
Confortablement assise et regard fixé sur l’écran téléviseur, Monique ne cessait une seconde de jeter de petits clins d’œil sur le cadran de l’horloge qui se tenait au chevet de l’écran plasma sur lequel les dessins animés faisaient leur jeu.
– Mais qu’est-ce qui ne va pas au juste ? se demanda-t-elle, tout bas.
Dérangée dans l’âme et dans tout le corps, la jeune femme se leva de son canapé et se mit à faire le tour de la pièce.
– Est-ce toujours le travail qui l’occupe jusqu’à cette heure ? poursuivit-elle.
Dans ses lamentations, la jeune femme dirigea son regard une fois encore vers la pendule murale où la petite aiguille ne se lassait à faire le tour des chiffres.
– Voilà qu’il s’en va être zéro heure ; où lui est-il arrivé quelque chose ?
Elle s’approcha de la table de la salle d’à manger, saisit une fois encore son téléphone, y composa quelques chiffres et lança un appel. Au bout de quelques secondes, Monique se désola encore.
– Mon Dieu, jusque-là son numéro ne passe pas toujours, se dit-elle, déséquilibrée.
Monique n’arrêtait pas à se lamenter. Le non-retour de son époux à la maison l’attristait. Embrouillée, elle ne savait à qui en parler ou qui appeler au secours. Elle se posait des questions mais hélas, il n’y avait personne dans la salle pour lui répondre.
Au fait, Monique était une jeune femme qui, après son mariage depuis quelques années soit quatre, n’avait pas eu la chance de concevoir. Et, jour comme nuit, voyant comment son mari se comportait à son gars, la jeune mariée ne cessait de pleurer.
Elle pleurait presque tous les jours. Parfois, au bout de ces larmes qui lui coulaient involontairement des yeux, elle se demandait à son Dieu créateur pourquoi il épargnait certains couples de honte en leur donnant aussitôt d’enfants et en privait certains de ce miracle juteux ?
– Seigneur, pourquoi donnes-tu gratuitement et fortuitement de grossesse à certains jeunes couples qui ne sont même pas encore prêts pour en assumer les responsabilités et nous qui sommes déjà prêts, tu nous fous de la honte ? demandait-elle parfois à Dieu.
Cette nuit-là, après avoir longuement pleuré comme d’habitude, une voix lui chuchota à l’esprit que ce n’étaient pas ses larmes qui résoudraient sa situation mais plutôt la prière. Des mains molles, elle s’essuya lentement le visage et alla s’asseoir pour mieux penser à sa vie.
***
Aujourd’hui, c’est le week-end et toute la famille Gonzalo, comme tous les autres samedis, se rendait au terrain de sport sauf la domestique qui restait à la maison pour accomplir ses devoirs.
Aujourd’hui, pendant que tout le monde s’apprêtait pour monter dans le véhicule de leur mère, Onsty avait un jeu en tête, lequel il mettait déjà à l’épreuve.
Ce matin-là, Onsty avait pour projet de tromper la vigilance de ses parents. Il tenait à leur faire croire qu’il était souffrant et qu’il ne pouvait pas se rendre à ce terrain de sport.
Titubant, il se dirigea vers la mère qui les attendait tous dans la cour de la maison et d’une voix inquiète mêlée de tristesse, lui dit qu’il ne se sentait pas bien.
– Oh, fiston, s’exclama la mère, surprise, tu as quoi ?
– Une migraine ophtalmique, maman.
– Oh mon gros garçon ! Et quel comprimé as-tu avalé ?
– Je ne sais pas s’il en reste du paracétamol dans l’armoire.
– Oui, il doit en rester ! Va en prendre et reste à la maison avec la domestique.
Et tout à coup, Pascal qui venait à l’adresse de la mère pour monter dans la voiture, perçut une partie de la conversation et s’explosa.
– Il va rester à la maison avec quelle domestique ? Hein maman ?
– Ton frère est malade, voyons !
– Maman, arrête de le croire. Je comprends bien son jeu. Et d’ailleurs, quand on est malade, n’est-ce pas à l’hôpital qu’on s’y rend ? Alors pourquoi devra-t-il rester à la maison alors qu’il y a des hôpitaux un peu partout et qui sont à la recherche de qui soigner pour avoir de l’argent ?
– Pascal, appela tendrement la mère, mais c’est ton frère et tu as le devoir de faire doucement avec lui !
– Maman, qu’il ne te fasse pas croire son mensonge ; je sais de quoi je te parle.
– Ah bon ?
– Oui maman, je te jure que tout ce qu’il fait là, ce n’est que de la ruse.
Pendant tout ce temps, Onsty, tout comme s’il n’avait pas le temps de son frère, n’en disait mot.
– Pascal, reprit la mère, je ne sais pas pourquoi tu es contre ton frère. Il peut rester à la maison et nous, nous pouvons partir sans lui.
– Maman, je suis d’accord hein mais il faut qu’il aille à l’hôpital que de rester à la maison avec Odile.
Malgré les cris de Pascal qui troublaient le calme de la maison, Onsty feignit de ne rien entendre.
Leur mère, ne pouvant imaginer une seconde la vraie raison qui se cachait derrière tout ce jeu, n’hésitait de calmer Pascal.
– Maintenant dis-moi, Pascal, pourquoi ne veux-tu pas que ton frère reste à la piaule en compagnie de la domestique ?
– Maman, je ne veux pas qu’Odile soit perturbée, c’est tout mon souci !
– Dis-moi, Odile est ta femme ? questionna la mère, amusée.
– Maman, elle ne l’est pas mais...
– Mais quoi ?
– Rien, maman !
– Et pourquoi ne voudrais-tu pas qu’Onsty la pertur...
– Maman, appela cette fois Onsty, ignorez-le et partez sans lui ; quand il sera prêt, il vous rejoindra.
– Onsty ? Mais tu ne sembles pas à quelqu’un qui souffre d’un mal voyons ! remarqua la mère.
– Comment ça ? s’enquit l’indexé.
– Ne vous l’avais-je pas dit ? susurra Pascal, moqueur ; il ne souffre de rien, je vous le jure, maman, c’est un plan que j’en connais bien.
– Mais Pascal, appela calmement Onsty, un peu touché, de quoi je me mêle au juste, dis-moi ? Que vaut ton bonheur dans mon malheur ? ajouta-t-il, quelques gouttes de larmes perlant les yeux.
– Mais tu es mon frère et tes problèmes doivent me concerner ! s’exclama Pascal.
La mère, en ce moment, croisa les bras calmement et suivait les mises en scène pendant que Régina, ne voulant pas se mêler de l’affaire, avait donné sa langue au chat.
– S’il te plaît Pascal, dis plutôt que tu ressens quelque chose pour la jeune fille plutôt que de tourner autour du plomb, fit Onsty.
– Jamais ! c’est plutôt toi qui éprouves des sentiments à la jeune fille !
– Pascal, ne me pousse pas à te haïr, d’accord ?
– Mais ça devient sérieux là ! s’exclama la mère ; si je dois bien comprendre votre jeu, c’est à cause de cette pauvre domestique que vous voulez vous battre ?
– Maman, plus jamais ne la traite de Pauvre, interdit Onsty, sérieux.
– Est-ce que vous entendez ce que j’entends, maman ? répartit Pascal, ironique.
La mère, devant ce tohu-bohu, ne savait plus que dire et recroisa calmement les bras.
– Bien, maintenant, sous mon ordre, devancez-moi tous les deux, pour le terrain de sport car, votre père serait en train de nous espérer depuis.
– C’est vrai, maman, ajouta Damien, le benjamin.
Et sous l’ordre de la mère, tous les quatre montèrent à bord du véhicule pour le terrain.
***
Monique, depuis le matin, ne faisait que pleurer. Elle pleurait abondamment telle des gouttes de pluie coulant du ciel. Malgré les mille et une questions que lui posait Armel son époux, la jeune mariée n’arrivait pas à contenir ses larmes qui lui coulaient à flots.
– Mais femme, peux-tu arrêter une seconde tes pleurs pour me dire ce qui se cache derrière ces larmes ?
– Armel, appela-t-elle, chagrinée, sais-tu que toi et moi ne nous étions pas entendus sur ce point ?
– De quel point s’agit-il ? Il est vrai que tu ne m’avais pas dit que lorsque tu arriverais sous mon toit, tu n’allais pas me faire d’enfants et puis quoi ?
– Et c’est de moi la faute ?
– Quelle réponse me veux-tu ?
– Dis-moi que je suis la fautive et je comprendrai !
À cette exclamation, Armel ne put répondre. Il détacha son interlocutrice du regard et fixa ailleurs.
– Réponds-moi, Armel !
– Quel genre de réponse attends-tu de moi ?
– Armel, sais-tu que c’est Dieu qui donne enfant ?
– Moi, je ne veux pas savoir ça ! Et pour tout clore, fais-moi d’enfants, point.
Monique s’agenouilla entre les jambes de son interlocuteur et avec des larmes qui lui coulaient de partout sur le visage, chercha le visage de son homme.
– Dis-moi Armel, pourquoi est-ce que tu me fais si souffrir ?
– Ah bon ? Donc je te fais déjà souffrir ? Alors dis-moi comment je te fais souffrir !
– Depuis six jours, je n’arrive plus à te reconnaître. Quand tu quittes la maison, tu reviens à l’heure qui te plaît. Pourquoi tu me fais tout ça ?
– Et est-ce un crime de sortir et de revenir quand on veut ? Après tout, je suis homme et c’est moi qui commande dans cette maison. Si l’heure à laquelle je reviens du boulot ou de mes sorties ne te convient pas, tu es libre de rentrer chez tes parents.
La dernière partie de la phrase parut un coup très lourd pour la jeune femme. Et ne pouvant pas le supporter, elle se fondit en larmes de plus belle.
– Et tu sais, pour te dire la vérité, je n’ai plus envie de te voir sous mon toit parce qu’à chaque que je te vois, j’ai mal aux yeux.
Monique se laissa choir à même le sol avec des cris de détresse. Elle hurlait telle une lionne qui donnait naissance à un lionceau dans la forêt.
Monique, par terre, pleurait jusqu’au point où, même les larmes finirent par lui fausser compagnie. Sa voix s’était serrée dans sa gorge et même quand elle criait, plus personne ne pouvait l’entendre ; c’était du désespoir. Elle pleura pendant une trentaine de minutes pendant que son compagnon était déjà monté dans son véhicule et avait disparu.
La malheureuse, n’ayant personne pour la consoler, se calma enfin, s’assit et leva le regard vers le ciel.
– Seigneur Jésus, c’est toi qui m’as créée et c’est toi qui as accepté que tout ce qui se passe actuellement avec moi ait raison sur moi. Si ça ne te fait pas mal, ça ne me fera non plus mal. Mais si ça te brise le cœur, alors fais-moi grâce. S’il te plaît seigneur, ôte-moi la honte et accomplis ta miséricorde. Fais quelque chose, je t’en prie, Seigneur.