La swagitude du mineur de fond
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La swagitude du mineur de fond
Quand on nous parle des mineurs de fond, on a tous en tête les « gueules noires » un visage buriné, sombre, surplombé d'un casque équipé de sa petite lampe à acétylène sur le devant et portant une pioche à l'épaule.
On l'imagine descendre au fond de son trou, dans une cage en guise d'ascenseur pour y trimer dix à douze heures par jour dans la noirceur, la poussière et le bruit.
Cherchant jour après jour le filon pour un salaire de misère, parce que les richesses engendrées par l'exploitation minière ne profitent que rarement à la population locale.
Pas d'absentéisme sinon pas de salaire, pas ou peu d'avantage sociaux.
C'est un travailleur de l'ombre qui ne dépend ni de la lumière du jour, ni des saisons.
La plupart du temps il est atteint de maladie incurable due à la poussière de roche, il est déjà mort mais ne le sait pas encore, alors il continue à vivre...pour faire vivre sa famille.
Celui dont je vous parle n'a rien à voir avec ce cliché.
Et avoir du swag, vous connaissez ?
C'est avoir de la classe ou encore avoir l'allure, avoir du style.
C'est un mot assez récent qui a fait son apparition dans la langue française, issue de la langue de Shakespeare, il est revenu à la mode dans les années deux mille, maintenant il fait partie du vocabulaire des jeunes d'aujourd'hui et si l'on revient à notre mineur du siècle dernier, on est loin du swag.
Il faut reconnaître que le look des mineurs d'autrefois n'a plus rien à voir avec ceux d'aujourd'hui, même s'ils font le même travail.
Les conditions sous terre sont devenues, normalement, plus sécures, la technologie a permis de les améliorer à tel point que l'on entend moins parler d'accident, tout du moins plus rarement.
Mais ce n'est pas de ces mineurs de fond là dont je vais vous parler, mais des « gueules blanches » le visage mal rasé, la tête surplombé d'un casque d'écoute et d'un micro, affalé sur leur siège de bureau, cliquant nerveusement avec leur souris derrière des ordinateurs toujours plus puissants.
On les voit, dans leur bureau vitré dans une tour du centre-ville, gérant les fonds des petits épargnants, l'air soucieux devant leurs écrans, analysant des graphiques, consultants de multiples sites internet en même temps, de jour comme de nuit, dans la chaleur générée par tous les processeurs, cartes graphiques, power supply et autres systèmes électroniques.
Cherchant jour après jour le filon, pour un salaire gagné la sueur des Nasdaq ou CAC40 de ce monde, les richesses virtuelles engendrées par ce type d’exploitation minière profitent à tout un réseau d'anonyme mais rarement au reste de la population.
Pas d'horaire, il faut vivre au rythme des échanges boursiers, sinon c'est le crack, mais quand ça marche, ça paye plus que de raison, alors là ils étalent leur richesse, dépenses inconsidérément, mangent leur marge de profit, mais ce n’est pas important, ils ont trouvé le filon, du moins...ils le croient.
La plupart sont atteint par la maladie de l'avidité boursière, celle qui les pousse à investir au-delà du raisonnable, mais ils ne le savent pas encore, alors ils continuent dans l'espoir de se refaire encore plus, comme au casino…
Parfois c’est la chute, entrainant avec eux tous ceux qui leur faisaient confiance.
Puis dernièrement est apparu une nouvelle génération de mineur de fonds, plus techno. Ceux-là, sont solitaire ou par groupe restreint ou coopérative, parfois dans un sous-sol, une usine désaffectée, mais rarement au centre-ville ; Ils jouent avec les Giga Octets, les Tera-Octets, les Pete Octets et les Yotta Octets de ce monde et créaient les nouvelles monnaies.
Des Bitcoin, Ethereum, Ripple, Litecoin, Cardano, Dash, Monero, Stellar, Iota, NEM, Neo, Eos…
Ceux-là ne dérangent personnes, a priori ils ne font de mal à personne, ils créé un nouvel écosystème, totalement inconnus il y a peu de temps et profitent d’un environnement peu ou pas réglementé ;
Ils ont leur propre langage, peu compréhensible pour le commun des mortels, ils créaient et emploient de nouveaux termes comme « Token, wallet, blockchain, hachage cryptographique, P2P, ranking, versionning, BaaS, crypto-cash, PoC, crowdfunding …etc…
Ces « mineurs » travaillent souvent dans l’ombre et mettent donc à disposition de la communauté la puissance de calcul de leurs ordinateurs en créant un réseau mondial qui peut être accessible à tout le monde.
Ils travaillent sur des chaines de blocs, une technologie de stockage, de chiffrement et de transmission d'informations sans autorité centrale mais qui est sécurisé et automatiquement validé.
Mais pour que ce bloc soit considéré comme valide, il faut résoudre une sorte de problème mathématique complexe, plus l’équipement du mineur est puissant et peut effectuer de calculs à la seconde, plus celui-ci a de chance de trouver la bonne solution, ce que l'on appelle « la preuve de travail. Pour cela il faut des cartes graphiques de plus en plus puissantes.
Les cartes graphiques sont un peu les pioches high tech de ces mineurs d'un genre nouveau.