La croissance est has-been, changeons l'algorithme
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La croissance est has-been, changeons l'algorithme
En juin 2019, dans le contexte du renouvellement de mandat du Parlement Européen, le Président de la République Française partageait les 3 priorités stratégiques de la France pour l'Europe: 1-"urgence climatique", 2-"modèle de croissance et de progrès pour nos peuples", 3-"protection et défense".
La statégie de la France pour l'Europe intègre en même temps une progression et une impasse
La progression, c'est de voir enfin affirmé, dans le développé de la rubrique "progrès", le thème des nouvelles technologies et de l’intelligence artificielle. Cette mention est tout sauf anecdotique tant ces technologies conditionnent désormais toutes nos structures de vie, économiques, financières, sociales, politiques, culturelles. C'est pourquoi les technologies doivent figurer au coeur des débats publics.
L'impasse, c'est néanmoins d'associer "progrès" avec "croissance". Car au-delà de toute considération écologique, la notion de croissance, tout comme son opposé la décroissance, est aujourd'hui une voie sans issue. Si elle a été le moteur nécessaire de la révolution industrielle, elle ne sera pas celui de la révolution technologique en marche. Bien au contraire.
En leader Européen éclairé, dommage alors de ne pas saisir l’occasion de pousser l'Europe à se défaire de la notion contre-productive de croissance.
La révolution technologique induit un de paradigme à anticiper
Avec l’automatisation et la personnalisation avancée des chaînes de production et de service, c’est l’usage des plateformes et des objets technologiques qui devient le graal économique. La valeur économique dominante ne résidera bientôt ni dans l’accumulation illimitée de capital, ni dans l’appropriation des outils de production et de service, mais dans l’utilisation massive et inclusive des outils technologiques par les usagers-citoyens. Nous passons progressivement de l'ère de la production et de la croissance, à celle de l'usage, de l'utilité et de l'influence sur les usages.
La croissance n’est désormais en rien un progrès.
Elle n’est encore vitale qu’à l’écosystème financier (et au dollar), qui a assis sa puissance sur des algorithmes de mathématiques financières programmés avec une logique de croissance infinie et de rareté des ressources, donc de bulles en tout genre, pour pousser les prix et les revenus financiers. Cette logique s'est immiscée dans nos les outils de gestion et de décision.
Mais c’est au détriment des structures économiques, écologiques, sociales et culturelles, nous le savons maintenant et en observons aujourd'hui l’ampleur et la violence des effets.
Pourtant, nous restons accro à la «croissance » comme à un doudou
Notre lait de « croissance » continue à nous bercer nombreux, nous les sponsors financiers et les actionnaires votants de type industriels ou rentiers divers, retraités, cadres penseurs et réseaux pensants urbanisés de tous âges.
Notre addiction à la croissance reflète notre peur de perdre notre sécurité matérielle, à laquelle nous avons adossé notre sécurité affective.
Mais attention au point aveugle. Le contre-sens sur la croissance est mortifère. Les agents de saveurs que sont les critères Green, Positive Impact, Inclusive Growth ou Sustainable Finance n’y changeront fondamentalement rien. Cela retarde seulement un peu l’échéance de la toxicité de la potion, mais à quel prix ?
So what next ?
En matière technologique, c'est-à-dire cloud, Intelligence Artificielle, registres distribués, 5G, etc, si l’Europe a déjà perdu la guerre contre les US et la Chine, elle peut encore tenir la corde de l’influence sur les usages, lesquels sont justement au cœur de la valeur économique de demain.
Créons les références digitales : private-by-design, pollution numérique, responsabilisation sur la programmation des algorithmes, etc. Préemptons le terrain de l’Humanisme.
Remplaçons partout l’addiction à l’indicateur « croissance » par l’obsession de l’indicateur « qualité/satisfaction utilisateurs », donc citoyens. Impactons les usages par notre culture et notre histoire, faisons fructifier la mythologie européenne, française en tête de rang, qui est encore un fort vecteur d’influence et de fédération, donc de valeur économique dominante dans le monde qui vient.
Ne nous laissons pas engloutir davantage par la financiarisation cumulée de l’Économie, de l’Etat et de nos cerveaux.
La croissance est has-been et nos réflexes de rentiers, nourris au leverage et à la dette, ne sauraient être un progrès.
Notre sevrage sera douloureux, mais il est inéluctable.
Ainsi, préférons un mandat européen désormais Jupitérien, plutôt ?