Un chaton pour Noël
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Un chaton pour Noël
Nous sommes à quelques jours des vacances de Noël de 2011. Á l’époque, j’étais scolarisé au collège situé à deux pas de chez moi, je m’y rendais donc à pied. Ce jour-là, je privilégiai le petit chemin piétonnier afin d’éviter la circulation, que nous savons abondante à cette heure-ci. D’ordinaire peu fréquenté, je pensais regagner rapidement mon domicile, d’autant plus que les éclairages manquaient cruellement à cet endroit-là et que la nuit approchait à grand pas. Mais la vie en avait décidé autrement.
En effet, en dépit de l’obscurité grandissante, je remarquai qu’un petit groupe de moustachus relativement bruyant se tenait au niveau du champ que je devais traverser. Naturellement, l’amoureux des chats que je fus ne put s’empêcher de s’arrêter pour leur dire bonjour. Malgré leur charmante compagnie, je leur souhaitai de bonnes fêtes et poursuivis ma route. Alors que j’arrivai à ma porte de jardin, j’entendis des miaulements qui me firent regarder derrière moi. Quelle ne fut pas ma surprise lorsque je découvris que le plus jeune de la bande m’avait suivi ! « Mais que font les parents ? » M’étais-je dit en riant. Cependant, quelque chose me poussa à le prendre sous mon aile, comme un signe du destin.
Ayant grandi au sein d’un foyer qui accueillait régulièrement, et depuis toujours, les félins du quartier qui passaient par là et qui élisaient domicile dans la propriété, je ressentis moi aussi, à cette occasion, l’envie irrésistible de prendre soin d’un animal, peu importe l’obtention de l’approbation ou non de ma famille. Je franchis alors la porte en compagnie du chaton qui, une fois en terre inconnue, sembla tout à coup un peu plus hostile. Je le pris alors dans mes bras pour le mener à l’intérieur de la maison, croisai la route d’un de mes chats au passage, visiblement ravi de voir une nouvelle tête, ou pas, puis regagnai finalement la demeure.
Un monde nouveau s’ouvrit à ce petit, qui sembla ressentir pour la première fois la chaleur d’une maison. Les présentations faites, je compris que j’avais pris la bonne décision en acceptant de l’emmener avec moi. Cette petite femelle, dont l’âge fut par la suite estimé à approximativement six mois, prit ses marques pendant plusieurs heures dans le salon car ma mère jugea préférable de ne pas la faire ressortir tout de suite, le temps qu’elle s’habitue à nous et à son nouvel environnement. Durant la soirée, tandis que je ne cessai de jouer avec elle, j’eus l’idée de lui construire une habitation, collée au canapé. Heureusement que ma mère, acheteuse en ligne compulsive, conservait les cartons des colis qu’elle recevait ! J’en choisis un, suffisamment grand pour contenir l’animal, le customisai en créant une entrée et une petite fenêtre, puis le décorai à l’intérieur comme à l’extérieur, avec les deux trois guirlandes qui étaient au fond du sac de décoration pour sapin. Une fois ce travail accompli j’observai, heureux, les déplacements de la petite qui s’appropria vite les lieux. Lorsque vint l’heure d’aller dormir, je me couchai en pensant à ce que cette fin de journée aurait pu être si, en quittant l’école, j’avais pris le deuxième chemin qui s’offrait à moi.
J’ignorais à cet instant ce que l’avenir allait réserver à cette minuscule boule de poil et priais pour qu’elle grandisse à mes côtés. Les jours passèrent et les vacances commencèrent, me permettant ainsi de passer un maximum de temps avec Kitty. Oui, ce nom qui peut sembler banal fut pourtant une évidence pour l’enfant que j’étais. Je ne vous cache pas que sa première sortie en extérieure, après cinq jours il me semble, était extrêmement appréhendée pour moi. Mais nous ne pouvions décemment pas la retenir prisonnière éternellement. Je l’accompagnai, avec ma mère, en bas des marches menant au jardin, la posai au sol et fus attentif à ses moindres faits et gestes. Allait-elle s’éloigner et ne jamais revenir ? Que nenni. Et ce fut un véritable soulagement pour moi. Cette étape mit définitivement fin à mes doutes et je pus vivre les fêtes sereinement.
Le soir de Noël, qui se déroula comme chaque année en présence des deux femmes de ma vie, ma grand-mère et ma mère, bien qu’il fut relativement similaire aux autres années, eut un goût différent pour moi. En plus d’être entouré d’amour et de cadeaux, j’avais Kitty avec moi, qui ne quittait pas sa propriété. Tandis que mémé préparait le repas, je décorai la table avec maman : quelques pierres colorées entouraient les couverts et un grand collier de perles dorées englobait le tout. La soirée se déroula de la manière suivante : le repas commença lors du lancement du journal de vingt-heures, comme à l’accoutumée. Étant assez difficile en terme d’alimentation, mes seules extravagances du soir étaient les escargots puisque, malgré la large variété de garnitures de toasts proposée, je me contentais de les avaler nature. Ce que j’attendais avec impatience, c’était la dégustation de la bûche de Noël. Je ne saurais me rappeler son parfum cette année-là, peut-être vanille ou chocolat, mais je sais qu’elle devait être délicieuse. Surgelée, mais délicieuse. Si la cuisine ne faisait certes pas partie des occupations du foyer, cela ne nous empêchait pas de nous régaler, en plats comme en conversations, qui s’achevaient presque à chaque fois par de nombreuses crises de rire. Une fois l’estomac plein, nous attendions en général la fin de soirée pour ouvrir nos cadeaux et nous regardions les bêtisiers à la télévision. Pour célébrer l’adoption de Kitty, j’avais demandé à ma mère de lui acheter un petit jouet, ce qu’elle s’était empressée de faire malgré tous ceux déjà en notre possession.
De manière générale, l’année 2011 se termina dans la joie et dans la bonne humeur pour ma part, et je revivrais volontiers cette période si j’en avais la possibilité. Aujourd’hui, Kitty a onze ans et, même si elle ne joue plus et ne dort plus dans son carton, nous sommes encore très liés et nous resterons à jamais les meilleurs chamis.