Un café ? What else ?
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Un café ? What else ?
Jusqu’en 2010, soit jusqu’à mes 33 ans, je n'aimais pas le café, qu’il soit liquide ou solide. Je m’en suis aperçue à 18 ans, le jour où on m’a demandé si j’en voulais un et qu’après avoir goûté, j’ai eu fait beurk ! Et à cette époque, je n’imaginais pas l’importance que ça avait de ne pas aimer ce breuvage.
La 1re fois où je me suis fait cette réflexion, c’était après un stage d’entreprise, chiant comme la mort d’ailleurs, pendant mon BTS action commerciale. À la fin des 6 semaines, mon maître de stage devait remplir un « rapport », avec mes points positifs et négatifs. Dans la partie « intégration dans l’entreprise » ce gros c**, pardon ce gentil monsieur à répondu NON. Stupeur, étonnement et consternation, j’hésite entre lui sauter à la gorge et la fermer, mon inexpérience liée à mon jeune âge fait que je n’ai rien dit. Pourtant, tout le monde me disait bonjour, tout le monde me parlait, à l’époque, il y avait 4 personnes dans la boîte et 1 autre stagiaire, j’ai du mal à comprendre comment je ne me serais pas intégrée. Et là le couperet tombe, il se justifie avec cette phrase : « le matin, quand on boit le café, tu ne viens pas » qu’ouïe-je, qu’entends-je ? « Ha ok, donc comme je ne bois pas de café, je ne m’intègre pas, bravo la tolérance », mais tout ceci n’est pas sorti de ma bouche. S’il m’avait proposé un coup de blanc #humour (attention, l’abus d’alcool est mauvais pour la santé) avec un sandwich au pâté, là ok, je serai venu, mais pour regarder 4 gusses en train de siroter un excitant noir, non merci.
Ma victimisation, liée au café, ne s’arrête pas là, autre exemple. Quand je traînais avec des amis en ville et qu’ils disaient : « On va boire un café au bar Trucmuche », ha ha sympa les copains, c’est une bonne idée quand on aime ça. Donc, en bonne copine, je suis la troupe et je prends une boisson froide et je m’en tire pour 2 fois le prix d’un café. Alors, oui, je vous entends d’ici : « ben t’as qu’à prendre un chocolat ou un thé » oui mais déjà, c’est plus cher et je n'en suis pas fan non plus, « ben t’as qu’à rien prendre », oui à part que c’est pas super bien vu.
Et puis je suis rentrée dans la vie active début des années 2000, à ce 1er poste, j’ai vite compris que trop en faire était mal vu et mes collègues abusaient de temps café/clope, ha oui et je ne fume plus, la poisse quoi. Combien de fois, j’ai entendu « tu viens, on va fumer une clope », et moi « non merci, je ne fume pas », eux « ben viens au moins boire un café » et re moi « non merci, je n’aime pas ça », alors au début, ils me demandaient tous les jours, à croire que dans la nuit, hop je me serais mise à fumer et à aimer le café.
Au bout d’un moment, ils ont compris et je voyais bien que ça ne leur plaisait pas, j’imaginais qu’ils disaient « qu'elle fayote celle-là, elle ne fait pas de pause pour être bien vu », en fait, je restais derrière mon PC, mais ce n'est pas pour ça que je bossais tout le temps hein, faut pas exagérer, j’ai vite compris comment fonctionnait la boutique.
Rebelote dans un autre poste, mêmes propositions, mêmes réponses, à part quelques fois où je venais avec ma bouteille d’eau pour ne pas faire l’antisociale et puis ma bouteille me donnait de la consistance, comme eux avec leur tasse ou leur cigarette à la main.
Jusqu’au jour où j’ai découvert le café viennois, mélange subtil de café, lait et chocolat, je ne dis pas que j’en raffolais, mais avec un sucre ça passait. Donc j’ai apporté ma tasse, mon paquet de café viennois soluble, mes sucres et de temps en temps je rejoignais mes collègues. Et j’étais super fière.
Pourquoi je vous raconte cette anecdote ? Hé bien parce qu’après ma désillusion lors de ce 1er stage puis les réflexions lors de mon 1er poste, je ne comprenais pas le problème. Je n’aimais pas le café, je restais derrière mon PC, point barre. Je ne savais pas que derrière ce café ou cette cigarette, c’était juste une excuse pour faire une pause. Et moi, je ne faisais pas de pause, je ne savais pas qu’on avait le droit d’en faire. En bonne autiste, c’est le genre d'habileté sociale qui me passait totalement au-dessus. J’étais et je suis toujours très 1er degré. Si mes collègues m'avaient dit : “tu viens Anne-So, on fait une petite pause ?” Je les aurais accompagnés, mais là, ils allaient boire un café ou fumer, ce que je ne faisais pas.
Quand j’ai commencé à aller boire mon café viennois, j’avais l’impression d’être rentrée dans la cour des grands, alors que j’avais plus de 30 ans. C’est fou, mais j’y repense avec émotion. C’est sûrement un détail pour vous, mais pour moi ...
Et puis j’ai compris que beaucoup d’enjeux se passaient dans ces moments-là, bien plus que lorsqu’on était chacun dans nos bureaux. Ha la vie de bureau
ps : aujourd’hui je bois du café classique et j’adore ça ;)
crédit photo : pexel.com