Le sens est un résultat.
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Le sens est un résultat.
Depuis bien longtemps je m’intéresse aux travaux de André Leroi-Gourhan, « Le Geste et la Parole » , aux théories de l’engagement et aux philosophies du sens.
Si j’ai bien compris, nous vivons des événements, traversons des épreuves et catastrophes, modelons des objets avec de simples outils ; et nous créons des idéologies et du sens à partir de ces vécus . De ce point de vue, la morale, les valeurs, les croyances religieuses, le sens de la vie émergent après les événements. Ce sont des rationalisations à posteriori du fruit des expériences vécues. Tout se passe comme si nous nous racontions des histoires, manière de donner du sens à ce qui n’en a pas.
J’ai eu l’occasion de faire plusieurs voyages culturels dans des pays où subsistent des traces de civilisations anciennes et il appparait que les élites et les peuples s’accordent pour se raconter des histoires. Par exemple, le plus fort qui s’instaure en élite, s’arroge le pouvoir, choisit les plus belles femmes, s’entoure de sorciers, et raconte à qui veut l’entendre que son pouvoir lui est donné par les dieux. Personne n’est dupe mais cela permet une stabilité sociale et un ordre civilisationel. Ce sens là est préférable et plus subtil que le rapport de forces à l’état brut. Les élites assoient leurs pouvoirs sur ces légendes et sauf exception se reproduisent ainsi de générations en générations. Le sens de l’histoire est décrété par les historiens à posteriori. Pas sûr que les projets des héros et grandes figures historiques étaient aussi clairs à priori.
Les écosystèmes, dans cette perspective, sont des humaines constructions mentales à posteriori. Nous définissons ses frontières, nous décidons que les liens entre les pleins sont plus importants que les pleins, nous faisons émerger leurs finalités. Les écosystèmes ne savant pas tout cela. Ils vivent leurs vies , au gré des événements , des hasards et des nécessités d’adaptation. Nous avons tendance à les observer avec anthropomorphisme et à leur prêter des buts , finalités , valeurs et émotions qu’ils n’ont pas. En d’autres termes, une avalanche, un tremblement de terre, une éruption volcanique et une pandémie font leur « boulot » sans savoir si c’est bien ou mal de tuer des humains.
Avec cette focale , le système capitaliste est amoral. Il poursuit sa route, s’adaptant aux événements et surmontant ses crises. Lenine, écrivant que l’impérialisme était le stade suprême du capitalisme fut « à côté de la plaque » puisque depuis cette affirmation, le systeme s’est mué en capitalisme monopoliste d’état, puis en monétariste et aujourd’hui, avec la pandémie, régulé par les états. Les systèmes concurrents, si attirants furent ils, ont fait flop. S’il perdure, c’est que l’écosystème lui permet de perdurer. S’il devient insupportable il se transforme et s’adapte jusqu’à être supplanté par un autre système. Ainsi va le monde sans savoir où il va.