Radio France et moi : Là-bas si j’y suis
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Radio France et moi : Là-bas si j’y suis
Il en a agacé plus d’un, je crois. Daniel Mermet, journaliste engagé, a eu son émission Là-bas si j’y suis sur France inter pendant 25 ans, entre 1989 et 2014. Déprogrammée des ondes, non sans remous, Là-bas si j’y suis est aujourd’hui un média en ligne, que personnellement je ne consulte jamais. En revanche, j’ai beaucoup écouté l’émission, dans les années 2000. François Ruffin a été journaliste pour Daniel Mermet pendant quelques temps, soit dit en passant.
Cette émission commençait inévitablement par le répondeur : des auditeurs laissaient des messages parfois pour féliciter la rédaction, d’autres fois pour préciser un point, plus rarement mais c’était possible pour engueuler Daniel Mermet, et sinon pour faire part d’informations diverses, de luttes locales, de réunions prévues, etc. Il y avait de tout. Puis c’était parti pour un documentaire sur un sujet souvent méconnu et qui était abordé assez en profondeur. On entendait là des voix de personnes qu’on n’entendait nulle part. Il y avait beaucoup de dénonciation d’injustice, de personnes oubliées sur le bord de l’autoroute du progrès technocratique et qui se retrouvaient soudainement marginalisés ou pris dans des situations malheureuses. Il y avait souvent de la colère, et parfois un peu d’espoir et de l’humour. Les émissions ne se ressemblaient pas, et cela tenait au fait que les reporters étaient assez nombreux et différents, quadrillaient le territoire et proposaient des sujets originaux. Cette émission, politique, a connu une très forte audience et a généré des groupes d’Amis de l’émission. Je ne sais pas s’ils subsistent encore, neuf ans après sa suppression.
J’ai croisé Daniel Mermet une fois dans ma vie. Ce n’était pas à la maison de la Radio mais en plein Larzac, en 2003, pour les 30 ans de résistance sur le plateau. Il y avait une table ronde à laquelle il participait avec José Bové, la moustache la plus célèbre d’alors. On était en août 2003, en pleine canicule, et il y avait près de deux cent mille personnes sur le causse. Je me souviens que nous avions mis plusieurs heures pour atteindre le point de rassemblement, au départ de la gare de Millau. Il y avait tant de monde qu’il a fallu bloquer les accès pour les derniers. Et cela pouvait se comprendre : complètement dépassés par le succès de ce rassemblement, les organisateurs n’avaient pas prévu assez d’eau potable pour tout le monde. En pleine canicule… Mais j’en garde un bon souvenir de jeunesse !
Enfin, lorsque l’émission a été supprimée, il n’y a pas eu de relève. C’est bien dommage car on manque cruellement de reportages qui prennent le temps d’approfondir le sujet et qui donnent la parole aux gens. Sur France culture, il existe toutefois LSD (La série documentaire) et dans un autre registre, Les pieds sur terre, de Sonia Kronlund, une ancienne de Là-Bas si j’y suis…