Nos années Strange
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Nos années Strange
Amateurs de nostalgie, bonjour. C’est ici que ça se passe, vous ne pouviez pas mieux tomber.
Comme le fait remarquer un des auteurs en début d’ouvrage, il y a deux écoles : ceux qui prononcent Strange à la française et ceux le prononcent à l’anglaise (Stren-dge) (oui je suis naze en phonétique) (m’en fous). Moi je ne m’étais jamais posé la question avant ce bouquin, persuadé que ma prononciation était la seule (et donc la bonne). Je suis définitivement de ceux qui prononcent à la française, tout simplement et très certainement parce que j’ai découvert ce titre à un âge où je n’avais encore jamais fait d’anglais à l’école. Ça donne peut-être un petit côté désuet au titre (et à moi) mais je ne me vois pas prononcer ça autrement.
Avec Nos Années Strange donc, Sébastien Carletti et Jean-Marc Lainé nous offrent une rétrospective de 1970 à 1996 centrée autour du célèbre magazine Strange mais débordant plus largement sur tout ce qui concerne la présence des Super-Héros américains dans nos vies de jeunes lecteurs d’alors. Le livre des deux compères ne traite donc pas uniquement du magazine Strange, le plus emblématique de tous, mais passe en revue l’ensemble des parutions qui lui ont été contemporaines et où ont été éditées les aventures des super slips made in America. C’est ainsi que les auteurs nous replongent dans un océan de magazines divers et variés, depuis les productions Arédit et Artima ou Sagédition, jusqu’aux dérivés de Strange qu’ont été Titans, Nova, Spidey, Spécial Strange, les RCM (Récits Complets Marvel), Top BD, VI (Versions Intégrales) et j’en passe parus chez Lug (l’éditeur lyonnais historique de Strange) puis chez Semic (après le rachat de Lug par le groupe suédois du même nom).
Strange #38, avec une superbe couverture de Jean Frisano, qui a oublié au passage les cornes de Daredevil !
Et comme les super-héros n’ont pas attendu les franchises cinéma des années 2000 pour s’extirper de leurs pages, Lainé et Carletti nous causent avec enthousiasme, je dirais même avec gourmandise, de tous ces autres supports qui les ont accueillis eux et leurs proches cousins qui surfent sur les mêmes thèmes. J’ai adoré voir cités par exemple Steve Austin (Lee Majors en homme bio-ionique et non pas Stone Cold le catcheur) ou encore le palmé Homme de l’Atlantide (Patrick Duffy en slip de bain quelques années avant sa période Bobby Ewing) qui ont bercé mon imaginaire de petit garçon au même titre que Peter Parker et Ben Grimm. Les auteurs rendent bien évidemment hommage au Superman de Richard Donner qui imposa en 1978 l’inconnu Christopher Reeve comme icône absolue des types en collants, le premier super-héros à s’imposer au cinéma. Batman avec ses différentes incarnations sur grand et petit écran n’est pas en reste, et c’est avec plaisir qu’on découvre ou redécouvre des films un peu plus obscurs et/ou oubliés tels que Condorman, le Spider-Man de 1977 (mais aussi le dessin animé beaucoup plus ancien qui passait dans Croque-vacances de Claude Pierrard … ah bordel comment j’adorais ça !), le tristement mésestimé Dick Tracy de Warren Beatty, le Fantastic Four de 1994 produit par le pape des zèderies Roger Corman, ou encore mon très cher Dolph Lundgren dans ce qui fut certainement son meilleur rôle et qui est une de mes madeleines de Proust personnelles : le Punisher de 1989. J’en passe et des meilleurs.
« C'est bon je peux sortir? J.R. N'est pas là ? Sinon il va encore se foutre de mes mains palmées... »
Et puis on fait également un détour par les jeux vidéos, grâce auxquels on retrouvait nos héros tous pixellisés sur à peu près tous les supports qui ont existé depuis les Atari en passant par les Amstrad CPC 6128 et consorts, les consoles de jeux type Super Nes de Nintendo ou les Mega Drive de Sega et toute l’évolution technologique qui a suivi…
D’ailleurs côté jeux, les jeux vidéos sont loin d’être les seuls mentionnés dans le bouquin, puisqu’on a un gros morceau consacré aux jouets de toutes sortes qui ont ensoleillé nos journées d’enfants. Ah ! que n’ai-je passé d’heures et de jours à m’éclater en vase clos moi et mes figurines Guerres Secrètes de Mattel. Combien de fois Fatalis a-t-il fini vaincu par Captain America au fond de l’évier comme dans la pub à la télé ? Combien de forteresses ai-je érigé à mes jouets favoris, à base de cartons, boîtes à chaussures et rouleaux de PQ ? Bien plus encore que mes playmobils, mes robots Transformers et Goldorak ou mes figurines Star Wars, c’était bien mes jouets Guerres Secrètes qui m’auront fait le plus rêver…
Gentils contre méchants, mes figurines Guerres Secrètes se mettent sur la tronche
Vous avez vu comme j’ai dérivé l’espace de quelques paragraphes ? Au départ j’ai commencé par vous dire ce qu’on trouve dans Nos Années Strange et quelques lignes plus tard je ne peux pas m’empêcher de vous parler de mes jouets de gamin. Et bien c’est ça le super-pouvoir de ce livre. Si vous avez connu cet univers dans vos jeunes années, ce bouquin ne sera pas qu’une mine d’informations et une rétrospective historique et culturelle ultra-documentée : Lainé et Carletti parleront directement à votre âme d’enfant, et ça non seulement c’est imparable mais c’est aussi foutrement bon.
Titans #28 ou quand je suis tombé dans la marmite des super-héros
L’espace d’un instant je me suis replongé dans cette époque. Je me suis revu découvrir le monde unique des super-héros alors que je devais avoir 7 ou 8 ans. Bloqué au lit par je ne sais plus quelle maladie infantile, on me donna un vieil exemplaire à moitié disloqué de Titans 28, avec Captain Marvel en couverture. Ça a été ma première rencontre avec Captain Marvel donc, mais aussi Iron Fist qui combattait Serval (le nom francisé de Wolverine en ce temps là) Colossus et Diablo des X-Men. Ça a été mon coup de foudre pour un héros très old-school, 35ème couteau de l’écurie Marvel, apparaissant dans une poignée de parutions mais justement présent dans l’épisode des Envahisseurs (The Invaders) de Titans 28 : Le Diamant Bleu qui reste aujourd’hui encore l’un des personnages qui m’aura le plus marqué (c’est à se demander comment et pourquoi vu le personnage et l’usage restreint qu’on fait de lui dans la série, mais ça fait partie de la magie de l’enfance et ça ne répond évidemment à aucune logique).
« Plomb contre diamant, révise tes cours de physique Hans ! »
Et vous avez vu encore une fois ? J’ai dérivé sans m’en rendre compte !
Nos Années Strange c’est ça : une palanquée de souvenirs d’enfance dans la tronche à chaque page qu’on tourne. Et de tellement bons souvenirs qu’on en est presque à regretter de clore définitivement le bouquin après sa dernière page, en se disant qu’on n’aurait pas été malheureux que le livre de Carletti et Lainé fasse une centaine de pages supplémentaires, histoire de retarder un tout petit peu l’heure de refermer la fenêtre qu’ils ont ouverte sur notre enfance.
Bref, vous l’avez compris, j’ai adoré. Et je recommande plus que vivement. C’est un must, il FAUT le lire et s’offrir une petite plongée revigorante dans notre passé, du temps où on était encore jeunes, beaux et insouciants (si, si).
La couverture de Nos Années Strange : du pur concentré de bonheur
Cet article a été initialement publié sur mon blog : www.moleskine-et-moi.com