Ni pétrole, ni idées
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Ni pétrole, ni idées
Chère M,
Oui, je savais que Bobin était mort. Même ici, si loin du Creusot, nous-nous sommes donnés les moyens de suivre la marche du monde et en particulier celle de la France. Nous avons aussi l’eau courante, l’électricité et des routes goudronnées. Si, si … Nous avons un réseau Internet qui fonctionne bien, le téléphone avec accès à l’international et encore des timbres poste ... Tu me pardonneras de te charrier un peu mais avoues que tu l’as tout de même bien cherché.
Sur la retraite à 64 ans ? … Que dire, si ce n’est que le gouvernement n’a pas pris la mesure du problème. Et les opposants et les manifestants qui ignorent ou veulent ignorer le fond des choses, encore moins.
Je crois en l’arithmétique. Un tiers des français sont actifs, au sens qu’ils travaillent. Sur ce tiers, un tiers seulement travaille à la production de biens. Les deux autres produisent des services. Certains éminemment utiles comme la santé ou l’éducation d’autres totalement inutiles comme les agents immobiliers ou les coiffeurs pour chiens. Mais revenons à nos moutons. Le tiers du tiers c’est environ 10 %. Ce qui voudrait dire qu’un français qui produit des biens entretient dix autres français. Ça paraît impossible et c’est impossible. Alors ? Alors, les biens ce ne sont pas les hommes qui les produisent ce sont les machines. Si l’on fait la somme du travail des machines et que l’on divisent par le nombre d’habitants et que ce résultat on le divise encore par la capacité de travail d’un homme (travail au sens physique, mesuré en joules), chaque français vit comme s’il avait, en gros, 600 à 800 esclaves à son service. Et là tout s’éclaire : ce sont ces 600 esclaves-chevaux-vapeur qui permettent les prestations sociales, retraites comprises.
Le hic c’est que nos machines ont besoin d’énergie pour fonctionner. En 150 ans l’homme a consommé la moitié des réserves géologiques de charbon, de gaz et de pétrole. Et ces 13 dernières années, la moitié de cette moitié. Si nous continuons à ce rythme, en 2036 nous nous aurons consommé 75 % des réserves mondiales de combustibles fossiles. La fraction des énergies dites renouvelables c’est « peanuts ». D’autre part pour faire des éoliennes ou des panneaux solaires, voire des centrales nucléaires il faut des sources d'énergies fossiles. Je doute que les pays qui possèdent ces gisements veuillent bien partager avec nous les 25 % qui leur restera. Nos cargos et porte-conteneurs resterons à quai, nos avions sur le tarmac, nos camions sur les parkings de plateformes logistiques vides. Nos chaînes de production robotisées seront à l’arrêt car même si nous avions encore de l’électricité en provenance de nos centrales nucléaires nous n’aurions plus de matières premières à transformer ou de composants à assembler. Bye-bye les 600 esclaves à notre service et bye-bye les retraites. Alors ne nous trompons pas de combat.
Imagine que je te prête mille Euros. Tu as envers moi une dette. Mais je décide que je n’ai pas besoin de cet argent et t’appelle pour te le dire. D’un coup de fil j’efface ta dette. L’économie c’est ça : des conventions. Imagine maintenant que je décide que la terre est plate. Plus fort, imagine que l’Assemblée Nationale décide que la terre est plate. La terre, elle, va continuer à être ronde et à tourner autour du soleil. La physique c’est ça : des faits.
La terre est un système fermé. Des réactions biologiques et physiques ont mis des millions d’années pour faire du charbon, du gaz ou du pétrole. Les quantités sont définies et finies et quand il n’y en a plus on peut toujours décider qu’il y en a encore mais ça ne changera rien au fait qu’il n’y en ait plus.
J’arrête là, car je viens de me fâcher avec les agents immobilier et les coiffeurs pour chiens et avec tous ceux qui ne sont pas d’accord avec moi. Aïe, aïe, aïe ...
Je t’embrasse,
J
- Photo d’entête : Julien Ziemniak
- site internet : jb-photographies.net