De cape et de collants...
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De cape et de collants...
C’est bien souvent ainsi qu’on se l’imagine, avec une cape, un juste au corps laissant deviner une musculature bien virile ou d’affriolantes formes féminines, parfois affublé d’un masque protégeant son anonymat, et capable de prouesses hors-normes qui le rendent si singulier … je veux parler du super-héros bien sûr.
Outre son apparence stéréotypée, il y a d’autres a priori auxquels on l’associe très souvent. Le manichéisme. Les super-pouvoirs. Le patriotisme. Les lectures infantiles. Tout ceci et bien d’autres choses encore.
Et c’est vrai, l’image simpliste qu’on a du super-héros est loin d’être totalement injustifiée. Au départ les comics de super-héros étaient bel et bien destinés aux enfants et aux adolescents. Les personnages peuvent soulever des voitures, voler ou lancer des rayons d’énergie. Les gentils luttent contre les méchants, et sont les garants de la morale, de la bienséance occidentale, et bien souvent aussi les protecteurs du drapeau national. Tout cela est vrai, indiscutable. Mais …
Mais ça ne s’arrête pas là, ne se résume pas à ça. Loin de là. Les comics, et les super-héros qui les habitent, sont bien plus que ça. Leur univers est riche de nuances, ils ne sont simples finalement que pour ceux qui ne les lisent pas …
Combien de fois voit-on dans les commentaires ou avis sur un album de comics des choses telles que « dans le style classique des comics » pour définir le dessin par exemple ? Et le plus drôle, c’est que cette phrase est employée d’un jour à l’autre au sujet de dessinateurs aux styles pourtant très différents … Est-ce l’habitude de donner des étiquettes ? est-ce parce que la culture comics ne fait pas partie de la culture bédéphile européenne ? ou est-ce simplement un manque d’intérêt flagrant, qui confine plus à l’indifférence volontaire qu’à l’ignorance compréhensible ?
De même, quand un comics ne traite pas d’un encapé aux pouvoirs surhumains, c’est l’exclamation, la surprise la plus totale, très souvent accompagnées d’une phrase laconique du type « pour une fois on sort de la sempiternelle histoire basique de super-héros ». Pour oser sortir une telle platitude (qui plus est inexacte de fait), encore faut-il soit rien n’y connaître, soit rien ne vouloir connaître aux comics.
Car oui, les comics sont vastes, les sujets tout aussi divers qu’en bd franco-belge, et les traitements sont propres à chaque auteur. C’est d’une banalité affligeante de dire cela au sujet de n’importe quelle œuvre littéraire, ou n’importe quelle bd européenne, et pourtant au sujet des comics j’ai l’impression souvent qu’il ne s’agit pas d’une évidence. Non seulement les comics ne traitent pas que de super-héros (des exemples ? De mal en Pis, Mariée par Correspondance, Sin City, ou encore un nombre conséquent de graphic novels de Will Eisner, parmi tant d’autres), mais dans les histoires même de super-héros, il existe des traitements scénaristiques et thématiques très différents, et une profusion d’artistes originaux et novateurs.
Alors à tous ceux qui résument les comics à un gentil en collants contre un méchant en armure, je dis ceci : au lieu de généraliser à outrance, lisez-en. Y-compris des histoires super-héroïques d’ailleurs, juste pour vous rendre compte qu’un artiste reste un artiste même outre-atlantique, que chaque histoire possède son scénario et son style graphique, que chaque auteur laisse un peu de lui dans ce qu’il raconte, quels que soient les personnages qu’il met en scène. Qu’il y a des bonnes et des mauvaises lectures dans les comics comme partout ailleurs, pas plus mais pas moins non plus. Que parfois ça fait du bien d’ouvrir son esprit comme on ouvrirait une fenêtre histoire de dépoussiérer un peu les étagères de nos certitudes.
Je ne vous promets évidemment pas l’extase à chaque lecture, mais de belles surprises ça assurément.
(L'image qui illustre cet article a été empruntée à une vieille campagne publicitaire de la marque Petit Bateau...)
Cet article a été initialement publié sur mon blog : www.moleskine-et-moi.com