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Allégorie de la déraison éclairée  

Allégorie de la déraison éclairée  

Veröffentlicht am 12, Aug., 2022 Aktualisiert am 17, Aug., 2022 Kultur
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Allégorie de la déraison éclairée  



Pourtant rien ne presse… 

Voilà ce qui tourne en boucle dans ma tête. Cette voix martèle mes tempes, m’agace par son habituelle mièvrerie. Pourtant, je deviens folle, je ne respire plus. Je défais mon corsage trop serré, j’étouffe. Ils sont tous là dans la lumière crue, flamboyante du soir… mais, je suis aveuglée par une émotion ténue, tangible. La vie est au dehors de cette triangulation. : la porte de la chambre, eux, moi !

Mais laissez-moi, bon sang, je ne vous ressemble pas ! J’ai le droit d’exister à ma manière, sans vos codes, sans cette satanée couche de vernis qui vous racornit, vous rend détestablement aimable.

Être au diapason, c’est tout ce que vous savez répéter comme un métronome lancinant, alors que seule la musique virevolte dans ma tête, c’est celle de la dissonance harmonieuse, du vent tempétueux qui me réchauffe. Je ne suis pas des vôtres. Mais, je n’en souffre pas, c’est vous uniquement que cela dérange.

Je rêve de cette simplicité naturelle que vous avez oubliée : les moissons cycliques, les vins chauds qui coulent dans des amphores anciennes, les chaumières allumées comme des bougies, les abeilles qui butinent les confitures, les loups fiers qui arpentent les forêts sombres et joyeuses. 

Je rêve de ce banc posé au milieu de nulle part, bien loin de vos parcs clôturés, taillés, propres, peignés et gominés. 

Je rêve de suivre l’étoile des jours, celle qui mène vers des champs fertiles car non soumis à votre barbarie destructrice. 

J’ai bien essayé de me conformer à vos règles cruelles, vos rêves absurdes. Je ne me sens pas à ma place, perdue… Je suis un caillou dans vos chaussures étriquées.

Je voudrais que ma vie reprenne son droit à la liberté. Pourquoi m’imposez-vous des règles que vous croyez meilleures que les miennes ? Je le vois bien, si je bascule, c’est votre monde de convictions qui s’écroule,  c’est votre peur qui vous tenaillera. 

Que faites-vous au bout du compte ? Envier jalousement la vie de vos congénères : leurs bagnoles, leurs diplômes, leurs comptes bancaires, leur train train de vie… Mais tout ça dans un silence savamment orchestré, dans une parole bien ciselée, dans des poncifs et vérités générales bien argumentés. Ça entretient vos orgueils de lâche, ça vous donne une consistance, une épaisseur.

Enfermés dans vos bulles, vous êtes prisonniers, enchaînés dans vos carrières emblématiques d’un monde muselé, endoctriné et uniforme.

Se conformer dans ces villes sans visage, sans âme. Dans ces structures froides, faussement bienveillantes où la vénalité se niche au creux de vos hypocrisies. 

Où sont vos gourous qui vous lobotomisent ?Vous ne savez plus qui ils sont, eux-mêmes dépassés par un système inhumain. Vos cœurs sont en pâture sur des réseaux sociaux, vous êtes pucés et vos amours sont programmés, fichés dans des serveurs serviles. 


Moi, je rêve de couleurs diluées à l’eau qui s’étendent sur la feuille de ma vie.  Je rêve de rondeurs, de courbes, celles des meules de foin, des glomélures des mimosas, des pivoines écarlates, des fleurs de pissenlits, loin de vos petites maisons carrées, vos écrans rectangulaires, vos cubes de glaçon.

Je rêve d’avoir froid au coin d’une fenêtre sans double vitrage et sans barreaux, d’entendre raisonner au loin les brames d’un cerf majestueux et me dire… Il m’attend. 

J’aspire à reposer dans la couche du blé rude que mon corps a façonnée. Regarder le spectacle fascinant des nuages et d’imaginer qu’ils me narrent quelques histoires d’une Atlantide déchue.


Je caresse le souvenir de cet arbre au corps solide ancré dans mon cœur comme un amant éternel. 


J’ai le droit à cette différence qui vous chagrine, qui vous renvoie à vos propres angoisses.  



Ne me bousculez plus, ne me dites pas ce qui est le mieux à faire, ne m’assistez plus de vos béquilles chimiques et de votre sirupeuse condescendance.

Laissez vivre en moi l’humain rêveur, l’humain rêvé. 


Pourtant, rien ne presse … Judith, enfin !! répliqua l’infirmière. Notre maison de repos est là pour vous soigner, nous sommes là pour s’occuper de vous, laissez-vous faire ! En attendant, prenez votre médicament du soir. Vous verrez, vous ferez de jolies rêves.



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William Gosset vor 2 Jahren

Bonjour Karine,

Merci pour votre publication. N'oubliez pas les tags, sans # devant, à la fin de votre texte, pour aider vos lecteurs à le retrouver sur Panodyssey.

Merci à vous.

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