Sois gentil, tue-le
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Sois gentil, tue-le
Sois gentil, tue-le, Pascal Thiriet, Jigal polar, 2020
Pascal, parfois appelé Gogol, souvenir d'un passage à l'école pas flamboyant, est pêcheur. A la mort de son père, à crédit, il achète un bateau, "un petit fileyeur espagnol construit à La Ciotat" qu'il baptise Le mort à crédit, comme le titre du livre que son amie Loraine lit. Le travail est dur mais lui plaît et il bosse bien. Et bientôt Murène arrive, elle aussi pêcheuse. Ils partent ensemble tous les jours. Puis le passé les rattrape.
Court roman, dans lequel tout est direct, va à l'essentiel. Les pêcheurs sont des taiseux, ils ne s'épanchent ni dans leur travail, ni dans leurs moments de repos, les repas entre Pascal et Murène ne sont pas exaltés, ni dans le livre. Efficacité, rapidité priment dans cette histoire qui pourtant prend le temps d'aborder la question des migrants et des passeurs d'une manière inédite. Pascal Thiriet ne s'embarrasse pas d'à-côtés, de digressions. D'aucuns nomment ça un roman à l'os, qui va droit au plus profond dans lequel les personnages sont avant tout des Hommes qui vivent en interaction avec d'autres, et même si le dialogue, les ronds-de-jambes ne sont pas leur fort, ils ressentent, aiment ou détestent, agissent en fonction de valeurs qui leur sont propres et même lorsqu'elles peuvent heurter les nôtres, il est difficile de les leur reprocher. De l'humain rien que de l'humain dans les romans noirs de Pascal Thiriet qui a un passé pas très joli joli puisqu'il m'a déjà obligé à me coucher tard avec ses romans précédents : J'ai fait comme elle a dit, Faut que tu viennes, Au nom du fric. Son écriture est orale et colle parfaitement à ses personnages : Murène et Pascal ne sont pas des intellectuels, ils sont simples et parlent simplement et directement, pas de salamalecs. Le rythme est rapide et encore une fois, il est bien difficile de poser le livre une fois entamé, sauf lorsqu'on l'a fini, et encore, on en aurait bien repris un petit peu...
"Quand je suis arrivé à la maison, il faisait presque sombre, rien ne bougeait, ni sur la terre ni au ciel. Si l'on m'avait demandé la couleur de la lumière, j'aurais répondu qu'elle était grise, grise et silencieuse." (p. 5)
Toutes mes recensions sur mon blog http://www.lyvres.fr/