Les "copeaux" de Victor Hugo
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Les "copeaux" de Victor Hugo
Victor Hugo (1802-1885) est peut-être l’auteur français le plus célèbre au monde et le plus présent dans nos villes (combien d’avenues, de boulevards, d’écoles, de collèges, de lycées portent son nom? Eh bien la réponse est 2555 rues et 365 établissements scolaires, ce qui fait beaucoup). Le poète national a écrit de mannière compulsive tout au long de sa vie si bien que ses brouillons sont multiples et épars.
Bien souvent, il notait des idées sur des petits bouts de papier, des verso de lettres, des encarts blancs dans les journaux. Parfois, il reprenait ses idées dans un texte, parfois non. Ces bribes, allant de quelques mots à plusieurs lignes, souvent non datés, pas toujours très évidents à déchiffrer, Victor Hugo les appelait ses copeaux. Il en confiait une grande partie à sa maîtresse, Juliette Drouet, mais certains finissaient dans une chemise avec la mention « copeaux utiles » tandis que les autres devaient être brûlés. Ce n’était pas systématique.
La société Aristophil, qui s’était spécialisée dans l’achat d’autographes des hommes et femmes de lettres célèbres, avait acquis un très grand nombre de copeaux si bien que lorsque la société a été mise en liquidation judiciaire pour escroquerie en 2015, il fallut éponger les dettes et vendre les autographes progressivement. Cela dura de 2016 à 2022. On pouvait trouver des lettres de Napoléon, des brouillons de Balzac, des extraits de discours, des dessins de Cocteau. Un bibliophile belge, Jean L., profita de l’occasion pour acheter tout un lot de copeaux. Un de mes amis, Charles F., travaillant comme secrétaire pour ce riche amateur des lettres, me contacta en ce début d’année 2023 pour l’aider à transcrire et éditer ces fragments. On trouve également quelques feuillets dont l’origine est floue. Après avoir contacté Jean-Marc Hovasse, le spécialiste national du poète, il semble que ces modestes documents n’aient aucune importance pour éclairer les œuvres d’Hugo. Cependant, il nous remercia de l’avoir contacté et nous pria d’aller consulter son collègue Thomas Cazentre de la BnF au cas où ce dernier pourrait nous apporter ses lumières sur lesdits copeaux. Monsieur Cazentre hélas n’a pas donné suite à nos sollicitations.
Persuadés que ces copeaux méritent malgré tout qu’on puisse les lire et les découvrir, avec la permission de Charles F. et de monsieur Jean L., leur propriétaire, je les publierai régulièrement dans ce recueil. Tous n’ont pas un grand intérêt, il est vrai, aussi j’effectuerai un tri. Parfois, le mot est illisible, d’autres fois douteux, mais je restituerai le texte le plus fidèlement possible. Je préciserai la date à chaque fois qu’elle est mentionnée ou que l’on peut la déduire. Parfois je me risquerai à un commentaire succinct tout à fait amendable.
Les copeaux sont numérotés sans ordre particulier, Charles F., leur ayant attribué une cote au fur et à mesure qu’il les décrivait. Le premier copeau est donc nommé C1 pour « copeau 1 », le deuxième C2, etc., mais il n’y a pas de lien entre les deux.