Les 47 Samouraï d’Akô
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Les 47 Samouraï d’Akô
Laissez-moi vous raconter la légende des quanrante-sept samouraï d'Akô ....
Contexte
Les 47 Samouraï d’Ako sont des figures historiques célébrissimes au Japon. Leur légende commença au tout début du 18e siècle lorsque le shôgun Tokugawa Tsunayoshi, installé à Edo, engagea le jeune daimyô du fief d’Akô -localité aujourd’hui dans le département de Hyôgo, entre Okayama et Himeji-, Asano Takuminokami Naganori (1667-1701), pour assurer dignement l’accueil des messagers impériaux. Comme chaque année, l’empereur Higashiyama, résidant à Kyôto, transmettait ses vœux au shôgun.
Le drame
Afin de se former à l’étiquette de la cour shôgunale le jeune seigneur se présenta à Kira Kozukenosuke Yoshinaka, un important officiel de la cour, expert en cérémonies officielles. Insatisfait par les présents d’Asano, Kira, vieillard grincheux et notoirement corrompu, refusa abruptement de lui dispenser son enseignement. Le daimyô d’Akô insista bien qu’il réprouvait en privé la morale douteuse de Kira. Mais ce dernier persista dans son refus, prenant plaisir à humilier Asano en public à chacune de ses nouvelles requêtes. Un jour, agacé de se voir chaque fois éconduit, Asano perdit son sang-froid et blessa légèrement Kira au front et à l’épaule d’un coup de sabre.
Le shôgun mis au courant de l’incident entra dans une rage folle et ordonna qu’Asano soit puni pour avoir agressé un officiel dans l’enceinte du château d’Edo, ce qui constituait alors un grave manquement à l’étiquette.
Asano Takuminokami Naganori
Asano se suicida de manière rituelle, par seppuku. Son fief d’Akô fut confisqué par le shôgun et les quelques 300 samouraï à son service devinrent des ronin -des samouraï sans maître et sans moyen de vivre-.
La préparation de la vengeance
La plupart se dispersèrent mais l’un d’entre eux, Ôishi Kuranosuke Yoshio, ne put se résoudre à accepter l’injustice subie par son maître. En secret, il réunit 46 autres samouraï pour venger leur daimyô.
Afin de dissiper les soupçons de Kira et d’échapper à ses espions, les 47 samouraï d’Akô se séparèrent et firent mine de vouloir mener leur vie chacun de leur côté en oubliant le sort de leur maître. Quelques-uns devinrent charpentiers, poissonniers ou marchands ambulants, d’autres bonzes. Kuranosuke quitta sa famille et commença à fréquenter des tavernes louches et des bordels.
Un jour un homme venu de Satsuma -ancienne province de l’île de Kyûshu, aujourd’hui département de Kagoshima- le reconnut alors qu’il s’était endormi dans la rue, assommé par l’alcool. L’homme le traita de lâche pour n’avoir pas vengé son maître et lui cracha au visage, écœuré de voir un homme aussi indigne du titre de samouraï. L’incident fut rapporté à Kira par ses espions. Celui-ci abandonna alors sa crainte de sa voir attaqué par les serviteurs du défunt seigneur d’Akô.
La réparation
Près de deux ans plus tard, dans la nuit du 14 décembre 1702, les 47 conjurés prirent d’assaut la maison de Kira. Celui-ci fut capturé et contraint de se suicider honorablement par seppuku. Alors qu’il refusait, on lui trancha la tête comme un vulgaire criminel !
La tête de Kira fut placée sur la tombe d’Asano dans le temple Sengaku puis les 47 samouraï se rendirent aux autorités shôgunales.
La chute
Bien que leur acte de bravoure ait suscité l’admiration du peuple d’Edo, le shôgun les condamna au seppuku pour avoir violé la loi anti-vendetta alors en vigueur. Ils rejoignirent leur seigneur dans la mort le 4 février 1703. Leurs corps furent ensevelis dans l’enceinte du temple Sengaku en face de la tombe de leur maître.
Apprenant la nouvelle, l’homme de Satsuma qui plusieurs mois plus tôt avait injurié publiquement Ôishi, se suicida… Touché par son geste, le prêtre leader du Sengakuji le fit enterrer auprès des 47 samouraï d’Akô.
Et de nos jours ?
Aujourd’hui, la mémoire des 47 samouraï d’Akô est honorée chaque 14 décembre par des milliers d’admirateurs au modeste temple Sengaku au sud est de Tôkyô -arrondissement de Minato-, près de la gare de Shinagawa.
Pour les Japonais, les 47 samouraï d’Akô sont les symboles d’honneur, de courage et de l’idéal de loyauté indéfectible des samouraï.
Un classique du théâtre kabuki, Chûshingura, retrace l’histoire des 47 samouraï d’Akô. Et ce fait divers historique est souvent représenté sur les estampes japonaises.