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Chap 9 : Le Major Deloc

Chap 9 : Le Major Deloc

Veröffentlicht am 18, Jan., 2023 Aktualisiert am 19, Jan., 2023 Kultur
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Chap 9 : Le Major Deloc

À la fin du tournoi, les festivités s'achevèrent de manière abrupte, malgré le chant guérisseur de la princesse Lunaria, il y eut de nombreuses victimes. Le commandant Wellin le second superviseur du tournoi après le Valido avait raconté aux Medellinois ce qu'ils s'étaient passés en passant par la télévision local qui retransmettait les informations sur le seul écran de la ville. Cela avait coupé tout plaisir aux habitants de continuer à s'amuser pendant que des personnes souffraient, tous étaient rentrés chez eux  tête basse inquiet qu'une telle catastrophe ne se reproduise. La reine Giselle trouva inadmissible que plus de protections pour les invités de marque n'eut pas été mis en place, elle donna expressivement l'ordre à ce que son départ soit imminent. Sans prendre congé auprès des Degracias, la reine fit appareiller son dirigeable pour Grenade. Seul le gouverneur Sébastopol prit la décision de rester à la capitale afin de fournir aux victimes toute l'aide qui lui était possible. Le Valido qui se trouvait dans la loge royal au moment du départ de la reine refusa en premier lieu l'aide du gouverneur lui rappelant qu'il était un invité important et qu'il pouvait s'il le désirait aller se reposer dans une chambre préparée pour lui et sa femme au palais. Mais face à l'insistance du gouverneur, le Premier ministre obtempéra et le conduisit lui-même à l'hôpital où les victimes devaient affluer.

L'hôpital de Medellin s'élargissait sur plusieurs hectares, chaque bâtiment pour la plupart rectiligne abritait chacun une catégorie de malade, dans tout le pays, c'était le 3e plus grand centre de médecine derrière celui de la ville d'Agadès à  Berenis et en tête celui de Figueroa à Grenade qui ressemblait à une véritable petite cité. Au deuxième étage du bâtiment qui se juxtaposait avec le pavillon d'accueil, deux salles communes avaient été réservées pour les combattants du Colisée blessé lors du tournoi. Un box chacun leur avait été attribué, composé d'un lit en fer, une petite table, une armoire ainsi qu'un évier pour faire sa toilette. Matt dormait à poings fermés dans l'un des box, une infirmière lui avait donné un calmant pour soulager ses côtes cassées, le garçon en profita pour se reposer après le tumulte de l'attaque de la wyverne. Shala qui était arrivé avant lui se sentait déjà un peu mieux, son dos avait été recouvert par une pommade cicatrisante, la douleur causée par les griffures du tigre à dent de sabre lui faisait moins mal et elle pouvait aller se balader librement dans les couloirs de l'hôpital. Lorsqu'elle tira les rideaux du box de Matt et constata qu'il dormait à poings fermés, elle décida de ne pas le déranger, elle préféra sortir faire un tour en dehors de la salle commune. Shala enfourcha les chaussons qu'on lui avait administrés lorsque l'on lui avait enlevé ses habits de combats remplacés par une chemisette légère et une robe de chambre puis poussa l'unique porte de sortie qui donnait directement sur un couloir aux airs de galeries. La jeune fille faillit être bousculée par un médecin qui courait stéthoscope autour du cou, plusieurs autres medecins le suivait, visiblement, il devait y avoir une alerte. Shala marcha dans le couloir au plafond vouté, par la fenêtre une vue sur une magnifique roseraie s'offrait à elle, elle vit des patients en fauteuil roulant faire leur petite sortie pousser par des infirmières. Dans le ciel, le soleil était en train de se coucher derrière des nuages gris annonçant sûrement une nuit pluvieuse, elle n'arrivait pas à croire que le tournoi était terminé depuis des heures, la douleur dans son dos lui rappelait encore l'effervescence des combats. Derrière elle, une porte s'entrouvrit, un jeune garçon portant des bandages sur les yeux essayaient de se repérer à l'aide de ses bras tendu  devant lui. Shala se dépêcha d'aller l'aider.

- Victor, ce n'est pas une bonne idée de sortir, tu devrais rester au lit encore un peu.

- Je le sais bien, mais j'avais besoin de marcher, j'en ai assez de rester immobile alors que j'entends les autres aller et venir dans la pièce.

- Comment vont tes yeux ?

- Pas très bien, le docteur Varice l'ophtamologue m'a annoncé qu'il y a très peu de chance que je retrouve la vue et qu'une opération comporterait des risques, dit le garçon dans un sanglot.

- Je suis vraiment désolé pour toi, Victor.

Shala pressa la main de son camarade, elle savait au fond d'elle même que c'était la dure loi des combats du tournoi royale et qu'il pouvait y avoir des blessures irrémédiables cependant quand cela arrivait à quelqu'un que l'on connaissait, il était plus difficile de l'accepter. Des bruits de talons résonnèrent sur le sol carrelé, Shala et Victor se tournèrent dans la direction et virent la princesse Lunaria et Enora venir vers eux.

- Votre majesté que nous vaut cet honneur ? Dit Shala en se courbant.

- Je vous en prie redressez vous, je suis venu constater de l'état des victimes. Vous êtes Shala Barnes n'est ce pas ? Ma fille ne m'a dit que du bien de vous.

Shala se tourna vers la princesse Enora qui acquiesça, l'écuyère sentit le rouge lui monter aux joues, elle ne s'imaginait pas être soutenue par la princesse.

- J'espère que l'année prochaine vous gagnerez. Si cela ne tenait qu'à moi, j'aurai donné mon vote pour que vous deveniez apprenti, je trouve que notre armée manque de femme, mais bon, je n'ai pas mon mot à dire, souffla la princesse.

- Enora, on ne va pas reprendre encore une fois cette discussion. Lorsque vous serez majeur, vous pourrez demander à sieger au conseil et discuter des lois autant que vous le voudrez.

- Je le sais bien mère et j'y compte bien.


La princesse Lunaria secoua la tête, face à l'entêtement de sa fille, elle ne savait pas toujours comment agir convenablement, son père était le seul à pouvoir la tempérer un tant soit peu. Parfois, elle espérait que Luth est une petite influence sur elle et vice-versa, mais malheureusement, ce n'était pas le cas, ces deux-là s'entendaient comme chien et chat.

- Quant à vous mon pauvre garçon, j'espère que vos yeux se remettront très vite, je demanderai  au docteur Varice de faire son maximum, c'est le meilleur chirurgien des yeux que nous ayons. Après tout vous être l'avenir de notre armée, alors nous ne lésinerons pas sur les moyens pour vous soigner.

- Merci votre Altesse, mais le docteur est déjà venu me voir tout à l'heure. Selon lui, il n'y a pas grand-chose à faire, car les nerfs ont été touchés.

- Ne vous en faites pas, on trouvera une solution, pour le moment allez vous reposer.

Les deux princesses laissèrent les écuyers sur place et se rendirent dans le bâtiment suivant où les spectateurs avaient été emmené pour l'occasion, l'un des réfectoires avait été aménagé en salle commune, car aucune autre pièce n'était assez grande pour contenir autant de blesses. Les infirmières passaient de lit en lit séparé par de simples paravents tentant de calmer la souffrance des victimes. Lunaria leva la tête cherchant M. Sébastopol et le trouva au chevet d'un homme au visage recouvert de bandages à qui il parlait.

- M. Sébastopol, vous étiez donc ici. Lorsque notre Valido m'a averti que vous désiriez vous rendre au chevet des blesses, j'ai trouvé cela noble de votre part, mais votre place n'est pas ici voyons. Je pensais que vous seriez déjà reparti pour Pomelo.

- C'est un véritable désastre ce qui est arrivé à ces spectateurs qui étaient simplement venus passer un bon moment, je ne pouvais pas partir comme ça, avec ma femme, on a décidé de rester.

- C'est tout à votre honneur, merci infiniment pour votre sollicitude.

Bianca Sebastopol avait revêtu une tenue d'aide-soignante et aidait ces congénères à nettoyer les blessures et changer les bandages. Enora, qui se sentait impuissante au milieu de tout ces malheurs, décida de se retrousser les manches aux côtés de la femme du gouverneur. Le personnel médical refusa que leur jeune princesse s'adonne à une tache qui n'était pas de son statut, mais la jeune fille leur répondit avec conviction qu'elle désirait les aider. Le regard entendu de sa mère la convainquit de sa démarche. La princesse Lunaria attrapa un tabouret et s'assit à côté du gouverneur profondément attristé.


- Vous savez, on a beau être un dirigeant, il n'est pas aisé de voir son peuple souffrir. Après tout ce sont les citoyens qui font d'une nation sa grandeur, sans eux nous sommes impuissant.

- Vous avez raison, nous autre membre haut placé ne pouvons réellement nous mettre à la place de ceux qui souffre, nous constatons, nous agissons, mais est ce réellement suffisant.

L'homme couché dans le lit poussa un gémissement de douleur, Lunaria déposa une main sur son bras pour le détendre un peu.

- Je n'ai pas été totalement honnête avec vous chère Lunaria, continua gouverneur.

- À quel propos ?

Le gouverneur se racla la gorge, il regarda à droite et à gauche pour voir si personne ne les écoutait.

- Ma venue à Medellin, en vérité, j'espérais avoir une entrevue avec le roi.

- Dites-moi ce qu'il se passe. Il y a-t-il un problème à Bérénis ou bien dans votre contrée.

- Le roi... Le roi de Bérénis est mort.

La princesse porta ses mains à sa bouche.

- La raison pour laquelle je suis autant peiné par le flot de victimes, c'est parce qu'un désastre est également arrivé dans le royaume. Une maladie inconnue à commencer à se répandre contaminant de plus en plus de personnes. Nous ne savons pas d'où elle est partie. Ceux qui étaient touché avait la peau recouverte d'une matière noire. Nos médecins l'ont appelé " La mort noire."

- Cette maladie est t'elle si terrible que ça, je veux dire, vous n'avez pas pu trouver de remède ?

- Malheureusement non et pour éviter que les autres royaumes ne soient contaminés, nous avons décidé de fermer nos frontières. Avant sa mort, le roi Orace m'a raconté qu'autrefois avant que votre contrée ne se nomme Provos, il existait une source miraculeuse capable de guérir toute les maladies et que son emplacement aurai été perdu au fil des siècles. Sur son lit de mort, le roi m'a fait promettre de la trouver, voilà la raison de ma venue, j'espèrai que le roi Mélior en saurait davantage...

 "Au fin fond de la forêt tu trouveras, une source miraculeuse bénie des bois. Trempes-y tes lèvres et tu retrouveras une santé aux mille éclats."

La princesse Lunaria murmura une chanson concernant une eau magique. À Provos, tout le monde la connaissait, mais peu de personne croyait vraiment à son existence.

- Savez-vous par hasard où elle se trouve ?

- Non mais tout comme le roi Orace, je crois aussi qu'elle existe. Si son eau peut aider les habitants de Bérenis et de Pomelo alors je vous aiderai à la localiser.

Lunaria se leva, elle n'avait pas de temps à perdre, elle prit congé du gouverneur en lui rappelant qu'une chambre avait été mise à sa disposition au palais et qu'il devait se ménager. Elle fit ensuite signe à Enora de la suivre et ensemble, elles quittèrent l'hôpital. Lunaria marchait tellement vite que sa fille avait du mal à la suivre.

- Mère, vous pouvez ralentir s'il vous plaît. Pourquoi êtes-vous donc si presse?

- Je dois absolument parler au Valido.

- Est ce si grave que cela ?

- Oui, il en va de la survie du royaume.

Matt resta trois jours au lit avant que les medecins n'autorisent sa sortie de l'hôpital. Heureusement pour lui, il s'en sortait bien mieux que certains de ses camarades avec des blessures bien plus grave. Pendant sa courte convalescence, Liam était venu lui rendre visite, le garçon s'en était sorti avec de simples contusions qui ne nécessitaient pas de séjour au sein du centre, il avait laissé un message à son ami pendant qu'il dormait que le commandant Wellin désirait le voir dès qu'il irait mieux sans en préciser la raison. Matt prit donc la direction des appartements du commandant qui se trouvait dans le quartier militaire de la ville à l'intérieur d'une enceinte entouré d'une large barrière. Des résidences avaient été mises à la disposition de l'infanterie, soldat et écuyers dormaient donc ensemble dans des dortoirs tandis que les apprentis avaient leur propre résidence et les chevaliers séjournaient à leur domicile. Le dortoir de Matt était un pavillon sur deux étages construit en brique rouge. Lorsqu'il ouvrit la porte blanche, il fut accueilli par ses camarades qui le félicitèrent et le portèrent en héros. L'adolescent abasourdi, les pria de le faire descendre, car ses côtes le faisaient encore souffrir.

- Qu'est-ce qui vous prend ? Pourquoi festoyez-vous de la sorte ?

- Quoi ?! Tu n'es pas au courant ? Dit un garçon un peu plus âgé que lui.

- Au courant de quoi ?

Des murmures se répandirent dans le hall de la maisonnée, les jeunes écuyers le firent descendre confus d'avoir été si enthousiaste. En haut des escaliers Shala regardait la scène le sourire aux lèvres. Lorsqu'il la vit, Matt leva une main pour la saluer.

- Shala, peut, tu me dire ce qu'il se passe ?

- On dirait que Liam ne t'a rien dit. Ouh le vilain petit cachottier. Ben ce n'est pas à moi non plus de le faire, j'en laisse le soin au commandant.

Matt en avait assez de tous ces mystères, il tourna les talons et se rendit aussitôt vers les appartements du commandant qui faisait également  office de lieu de travail. Après avoir toqué à la porte, une intendante lui ouvrit et le fit entrer. Elle le précéda dans l'escalier en colimaçon qui menait à l'étage supérieur, elle le laissa devant le bureau après avoir frappé à la porte.

- Entrez.

Le commandant un homme au regard intransigeant et au crâne luisant feuilletait des documents, quand il vit Matt dans l'embrasure de la porte, il rangea les papiers dans un tiroir et l'invita à rentrer. Le jeune noir s'avança et resta au centre de la pièce sur un tapis avec l'effigie d'un lys blanc dessiné dessus.

- Matthias Kinnes, je présume.

- Oui, monsieur

- Si je ne me trompe pas, cela fait quatre ans que vous êtes parmi nous et ce n'est que la deuxième fois que je vous vois dans mon bureau, la première fut lors de votre entrée accompagnée de votre père Sir Toma et aujourd'hui même.

- C'est ça monsieur.

- Vous avez fait forte impression durant le tournoi, pour un aussi jeune soldat qui ne s'est pas encore illustré sur-le-champs de bataille, vous vous êtes bien débrouillé.

- Merci monsieur, j'ai fait mon possible pour faire honneur au chevalier, mais je vous avoue que la tâche n'a pas été facile. Nos adversaires étaient très forts et j'ai reçu beaucoup d'aide aussi.

- Précisément, malgré vos faibles capacités, vous avez su montrer les valeurs qui caractérisent les chevaliers de Medellin, l'honneur en présentant une fleur de lys à sa majesté, la loyauté en combattant aux côtés de vos camarades, la bravoure en affrontant une créature dangereuse et l'obédience en respectant tout simplement les règles. En récompense de vos efforts, l'armée a décidé de vous nommer apprenti chevalier, félicitations.

Matt ouvrit des yeux ronds, lui chevalier, il n'arrivait pas à y croire. Le commandant ne sembla pas surpris par sa réaction, il fit le tour de son bureau et vint se placer en face du jeune homme.

- Monsieur, je ne comprends pas. Comment puis-je avoir réussi les épreuves alors que le tournoi a été ajourné ?

- Le capitaine Alberto vous l'a sûrement expliqué, ce n'est pas forcément en remportant la victoire qu'un combattant devient chevalier, mais en se révélant tel qu'il est et en respectant les valeurs de la chevalerie du lys.

- Suis - je le seul à avoir réussi ?

- Non bien sûr que non, vous êtes cinq enfin disons quatre.

Le commandant Wellin attrapa une feuille sur son bureau et lu a haute voix le nom des sélectionnés.

- Aporos Gatek, Liam Clarence et Bert Sullivan ont réussi. Nous avons disqualifié Alin Parris, car peu après les événements de l'attaque de la wyverne, nous avons découvert le véritable Alin déambuler en culotte courte dans les couloirs du Colisée, visiblement, il avait été bâillonné et enfermé dans un cagibi. Nous recherchons actuellement la jeune fille qui s'est faite passée pour lui, nous avons quelques questions à lui poser sur la "magie" qu'elle a utilisée.

Matt aussi désirait en savoir plus, mais pour l'heure, il était trop heureux pour penser à ça, lui et Liam avaient réussi, ils allaient pouvoir réaliser leur rêve. Il comprenait maintenant pourquoi ses camarades écuyers étaient si content de le voir. Le commandant ouvrit une porte sur la droite et en sortit une épée au fourreau noir.

- Voici votre arme, elle a l'emblème du lys bleu, symbole de l'apprenti. Vos vêtements officiels se trouvent déjà dans votre chambre qui a été déménagée dans l'un des bâtiments des apprentis.

Matt prit l'épée dans ses mains, sa première épée personnelle. Il caressa tendrement le fourreau.

- Il n'y aura pas de cérémonie à cause des événements tragiques, normalement le Valido et le Prince Sifon aurai dû être présent pour les félicitations et vous remettre vos équipements, mais comme vous devez le savoir, le prince est en train de repousser l'armée d'Ozamienne en ce moment même et le Premier ministre est occupé à des affaires de la plus haute importance.

- Je comprends, répondit le garçon.

- Parfait, dorénavant, vous ne serez plus sous les ordres du capitaine Alberto mais sous ceux du Major Loklace Deloc, c'est lui qui vous a repéré durant le tournoi et a décidé de faire de vous son apprenti.

- Où est-ce que je peux le trouver ?

- J'y viens, Sir Loklace est actuellement en mission dans les quartiers pauvres de la ville, vous devez immédiatement aller l'y rejoindre. Matt hocha la tête, il remercia encore une fois le commandant d'avoir été sélectionné puis sorti du bureau. Une brise légère lécha le visage du nouvel apprenti lorsqu'il mit son nez dehors. C'était le commencement d'une nouvelle vie qui s'offrait à lui, Matt aurait voulu le fêter avec ses amis, mais il n'en avait guère le temps, il devait trouver Loklace Deloc. Le moyen le plus rapide pour se rendre dans les quartiers pauvres étaient d'emprunter un taxi qui le déposerait juste devant l'entrée et justement, il y avait une aire d'attente pas loin dans la rue. Pendant qu'il patientait sur un banc et qu'il regardait une fois encore son épée qu'il avait attachée à sa taille, il entendit la voix d'une fille l'appeler doucement. Il se leva et alla à la rencontre de la personne.

- Alin, c'est toi ?

- Chut, pas si fort

La jeune fille qui se faisait passer pour Alin agrippa le bras de Matt et le fit s'accroupir près d'elle à l'abri des regards. Matt constata qu'elle était habillée d'une étrange façon, des bottes hautes, un short noir et un kimono en soie blanc au manche courte. Ce qui le frappa le plus était la longue épée accrochée dans le bas de ses reins.

- Je ne m'appelle pas Alin, mais Chisana Fuka et je viens du pays de Miri, par-delà l'océan.

- Le pays de Miri, j'en ai déjà entendu parler, mais je n'ai jamais rencontré personne venant de là-bas.

- C'est normal, il est rare que l'on quitte notre pays, notre peuple n'aime pas trop se mélanger avec les occidentaux.

- Alors qu'est-ce que tu fais là et pourquoi as tu voulu participer au tournoi ? La milice te recherche, si jamais elle te trouve...

- Ne t'en fais pas pour moi, je ne compte pas m'éterniser plus longtemps. Je désirais simplement de te dire au revoir et de faire attention à toi.

Matt fronça les sourcils, faire attention à lui, mais dans quel sens ?

- Dans mon pays, je suis ce que l'on appelle une chasseuse de démon, le sabre que tu vois dans mon dos se nomme " Pourfendeuse", avec elle, je traque le mal partout où il se déplace. Et l'autre fois, il  était au Colisée.

- L'homme en noir ?

- Oui, il est apparu un jour dans mon village et a commis des atrocités, je l'ai poursuivi et traqué au-delà de la mer jusqu'à Provos. Je me suis dit qu'il allait surement tramer quelque chose et je me suis donc infiltrer parmis les combattants.

- Ils sont tous comme toi à Miri ?

- Oh non, je suis... Hum. Disons que je suis particulière, en vérité, je n'aurai pas dû m'emparer de Pourfendeuse, elle appartient aux moines de mon village. Ce sont eux les véritables chasseurs de démon, moi, j'étudie les arts purificateurs... 

Chisana s'arrêta de parler comme si elle en avait trop dit, puis elle se leva regardant Matt comme si elle lisait en lui.

- J'ai remarqué que l'homme en noir avait les yeux fixés sur toi pendant la pause, c'est pour cela que je ne pouvais pas partir sans t'en parler.

- Merci, je surveillerai mes arrières promit. Que vas-tu faire maintenant, retourner chez toi ?

La jeune fille se retourna les poings serrés.

- Pas encore, le mal se cache en Haizea. Je vais le traquer et le détruire.

- Est-ce que l'on se reverra ?

- Je suppose, si nos routes doivent se recroiser alors oui, on se reverra.

Une voiture à six places lévitant au-dessus du sol apparu au coin de la rue, Matt leva la main pour faire signe au chauffeur qui conduisait l'engin. Quand il se retourna, Chisana avait disparu, le jeune noir fut stupéfait de la rapidité avec laquelle elle s'était évaporée et espéra qu'un jour peut être, il pourrait lui rendre la pareille. Le chauffeur de la voiture, un homme avec un béret sur la tête tellement enfoncé que l'on voyait à peine son front s'arrêta près du garçon et l'invita à monter.

- Où est-ce que je vous dépose ?

- A la taverne du Baroudeur, dans les quartiers pauvres.

- Vous savez bien que je ne peux me rendre en cet endroit, les taxis n'ont plus l'autorisation de pénétrer dans les quartiers pauvres depuis l'incident arrivé à l'un de nos collègues, c'est beaucoup trop dangereux. Et puis d'abord n'etes vous pas un peu jeune pour aller boire à la taverne.

- Qui vous dit que j'y vais pour ça. Je suis apprenti chevalier et je vais rejoindre mon supérieur dans les quartiers pauvres, alors s'il vous plaît pouvons nous y aller.

Le chauffeur haussa les épaules, peu importe à qui il avait affaire du moment qu'il gagnait son dû au bout du trajet. Matt monta et s'assit sur la dernière rangé de place, le conducteur regarda si il était bien installé puis il demarra sans en bruit en direction de l'est de la ville. L'adolescent ne put s'empêcher de jeter un œil par-dessus la portière, l'engin lévitait à dix centimètres du sol et à chaque fois qu'il passait à côté d'une personne, il semblait s'écarter tout seul.

- Dites, c'est la première fois que je vois une voiture comme celle-ci, on n'est pas si mal dedans comparé aux automobiles habituel et leur bruit de moteur assourdissant.

- Cela ne m'étonne pas que vous en ayez jamais vu avant elles sont la propriété des services de taxi " En vadrouille", c'est une invention de Siméon Van Arick à qui ont doit la construction des aéronefs à moteur. Son usine à fabriqué six voitures comme celle-ci et elles ont toute été offerte à la société en guise de test. Si elles fonctionnent bien alors une commercialisation débutera d'ici deux à trois ans. Entre nous, je pense qu'elles seront tellement cher que seule les nobles pourront en bénéficier.

- Comment elles fonctionnent ?

- Alors là, je n'en ai aucune idée, il ne faut pas trop m'en demander à moi, je conduis et c'est tout. Enfin... J'en sais quand même un tout petit peu grâce aux ragots des collègues, il parait qu'une nouvelle source d'énergie aurait été découverte dans les mines près du village de Calisor.

Calisor que l'on appelait également le village de mineurs était l'un des endroits où était extrait le charbon qui servait à alimenter la ville en électricité. Matt avait entendu dire que le travail dans la mine était pénible et que les accidents arrivaient régulièrement. En tous les cas, quelle que soit cette nouvelle énergie, elle allait rendre les trajets bien plus agréables.

La ville de Medellin était bâti sur trois îlots délimité par une rivière appelé " la Tarne", la voiture traversa un petit pont pour atteindre l'îlot central où vivait les nobles et où l'on pouvait apercevoir le palais royal ainsi que la majorité des bâtiments gouvernementaux. À chaque fois que le garçon traversait ces rues, il était toujours aussi surpris par la propreté des lieux, tout était clinquant et bien différent des autres îlots. La voiture arriva bientôt en vue des quartiers pauvres, en traversant le deuxième pont, on pouvait apercevoir des gens laver leur linge sale dans la rivière proche de bâtiments délabrés. C'est sur le pont que le chauffeur s'arrêta.

- Et voilà, ça fera 20 marks.

Matt fourra quelques pièces et un billet dans la main du chauffeur qui prit tout son temps pour compter, satisfait, il baissa son couvre-chef et reparti d'où il était venu. Le jeune chevalier se mit en marche vers la taverne, il n'avait plus remis les pieds dans les rues du quartier depuis des années et il craignait un peu de plus pouvoir retrouver son chemin. À première vue, elle n'avait pas tellement changé, les rues n'avaient toujours pas été pavées et une odeur pestilentielle s'en dégageait comme par le passé. Matt croisa un homme à moitié ivre qui faisait la manche d'une main et buvait de l'autre. Il lui donna quelques piécettes et en profita pour lui demander si la taverne du Baroudeur existait toujours. Entre deux hoquets, l'homme répondit par l'affirmatif et lui indiqua le chemin. Arrivé devant la batisse, le jeune noir se revit enfant en train de jouer avec ses amis de l'orphelinat devant la taverne et se faire dégager à plusieurs reprises par le barman. Les lieux n'avaient pas tellement changé, la rue était toujours autant mal famée, les gens passaient leur temps à se battre et vociférer. Matt poussa les deux portes battantes et se rendit au comptoir, un homme panthère était en train de nettoyer des verres avec un torchon blanc. Lorsqu'il vit le garçon, il lui montra aussitôt la sortie.

- Je ne veux pas de gamin dans ma taverne, hors de ma vue.

- Toujours aussi aimable à ce que je vois, tu ne t'arranges pas avec les années Tecalc.

Le barman fronça les sourcils, cette voix lui disait quelque chose, mais il n'arrivait pas à mettre un nom dessus. Soudain, il se rappela, ces cheveux bouclés d'un noir luisant, ce nez en trompette...

- Ne serait ce pas le petit Matthias, si je m'attendais à te voir ici. Cela doit bien faire trois ans non ?

- Quatre pour être exact.

- Oui, oui c'est bien cela. Que viens tu faire ici?

- Je cherche un homme, un chevalier, on m'a dit que je le trouverai dans les quartiers pauvres. J'ai pensé que tu aurais des informations.

- Un chevalier, ici. Peuh, je t'en foutrais. Je ne veux pas de ça dans ma taverne  et les gars non plus.

Les autres personnes présentent dans le bar écoutaient la conversation d'une oreille, à la mention du chevalier tous avaient arrêté leur activité et regardait Matt d'un mauvais oeil.

- Pourquoi est ce que tu le recherches, demanda Tecalc.

- C'est mon instructeur, il doit m'apprendre la voie de la chevalerie.

- Alors ça y est, tu as atteint ton but. Toi et ce petit malotru de Liam ne faisiez que parler de ça.

Matt détacha son épée et la posa sur le comptoir. Tecalc la prit dans ses mains et la reluqua dans son ensemble puis la rendit à son propriétaire.

- Range-moi ça, veut tu. À moins que tu ne veuilles avoir des problèmes. As-tu oublié comment ça se passe ici ? Je vais te rafraîchir la mémoire, les taudis comme nous les appelons est remplis de brigands et de voleurs qui ne désirent que s'enrichir, il y a un mois, ils s'en sont même pris à un chauffeur de taxi venu ramener une vieille dame à son domicile.

Matt se souvint de cette histoire, elle avait été en première page du journal il comprenait maintenant pourquoi son chauffeur n'avait pas voulu le déposer à l'intérieur des quartiers. Le garçon refixa son arme et déposa ses deux bras sur le comptoir impatient d'avoir des réponses.

- Alors tu l'as vu ?

- J'ai bien vu quelqu'un qui m'a posé tout un tas de question sur une Bohémienne qui pouvait voir l'avenir. Il ne m'a pas fallu longtemps pour penser à Gretel, je lui ai donc indiqué où les Bohémiens avaient stationné leurs roulottes, à l'extérieur de la ville près de la grande route.

- C'était quand ? Quand est-ce qu'il est venu te voir ?

- Tu l'as manqué de peu, c'était environ 5 minutes avant que tu n'arrives.

Matt remercia Tecalc et prit le chemin de la sortie.

- Au fait, si tu vois Liam, rappelle lui qu'il me doit de l'argent pour la fenêtre cassé.

- Je lui transmettrai le message quand je le verrai.

La fenêtre dont il était question était près d'une table où jouait aux cartes deux hommes taciturnes, une femme en tenue exotique et au visage très maquillée les regardait jouer d'un air las, elle semblait s'ennuyer au plus haut point. Liam avait cassé la fenêtre en jetant une pierre à travers pour faire diversion et permettre à deux orphelins dont Matt de voler une bouteille de rhum. Ce jour-là, les garçons eurent leur première cuite et la gueule de bois qui s'en était suivi leur avait bien servi de leçon à tel point qu'ils ne recommençèrent plus jamais à boire. Lorsque Matt poussa les deux portes, un bras le stoppa net et le plaqua contre les murs de la taverne. Matt tenta de se dégager, mais l'individu le pressait fortement.

- Lâchez-moi, cria le garçon.

L'individu vêtu d'une capuche qui lui recouvrit le visage posa un doigt sur sa bouche.

- Silence, fait moins de bruit.

Matt se détendit légèrement, car il ne sentit aucune animosité dans la voix de la personne en face de lui, voyant que le garçon se calmait l'individu se découvrit pour faire apparaître un homme aux cheveux chataint qui lui descendait jusqu'au cou et une barbe tailé au millimètre. L'homme prit Matt par le bras et l'entraina dans une ruelle à l'abri des regards indiscret.

- Première leçon pour toi en tant qu'apprenti chevalier, dans les lieux mal famé comme celui-ci n'étale pas ton statut aux yeux de tous.

- Attendez, est ce que vous êtes...

- Oui, c'est bien moi, je suis ton supérieur Loklace Deloc.

Matt regarda attentivement son interlocuteur qui n'avait pas du tout l'air d'un chevalier, au contraire, vêtu de guenille il ressemblait davantage à un habitant du quartier qu'à un membre de l'armée.

- Heureusement que vous avez relâché la pression encore un petit peu et je vous aurai donné un bon coup de pied dans le tibia.

- Ah oui ! Ah Ah Ah, j'aurais bien voulu voir ça. J'ai lu plein de choses à ton sujet, Matthias Kinnes. Sait tu pourquoi je t'ai choisi en tant qu'apprenti ?

- Pas du tout, à vrai dire, j'ai même été assez étonné. Je ne me suis pas montré franchement très talentueux lors du tournoi et entre nous, j'ai failli abandonner avant même qu'il ne commence, c'est mon ami Liam qui m'a redonné confiance.

- C'est bien pour cela que je t'ai choisi, je t'ai observé durant toute la compétition, tu ne manques pas d'abnégation et tu affrontes ton adversaire sans rechigner, cependant, tu manques encore de pratiques. Je suis persuadé que ce cache en toi un talent qui attend de se révéler et c'est à moi en tant qu'instructeur et accompagnateur de te montrer la voie.

Matt fut assez ému par les paroles du Major, peu de personnes avaient réussi à déceler ses capacités et cet homme en peu de temps avait réussi à lui sortir des choses que même lui ne voyait pas.

- Bref, trêve de bavardage, nous avons une mission importante à mener

- Trouvez Mama Gretel, je sais où elle est en plus je la connais personnellement, venez, je vais vous conduire aux Bohémiens.

Matt et Sir Loklace marchèrent jusqu'à la sortie de la ville côté quartiers pauvre. La sortie Est comme elle se faisait appeler n'était jamais gardé, n'importe qui pouvait y entrer de jour comme de nuit pour la simple et bonne raison que la milice ne patrouillait jamais dans les taudis. La protection des habitants étaient à la charge des brigands. En clair, aucun étranger n'aimait trop s'aventurer par ici. A l'extérieur à en environ 300 m de la sortie une dizaine de roulottes stationnait en cercle devant un très grand chapiteau. Des hommes, des femmes et des enfants dansaient et chantaient autour d'un feu. Matt se dirigea vers eux, il interrompit un homme au chapeau de paille et au visage basané qui jouait de la flûte.

- Bonjour, je cherche Mama Gretel, vous savez où je peux la trouver ?

La musique s'arrêta aussitôt, les Bohémiens s'arrêtèrent de danser et regardèrent les deux chevaliers prosté devant eux.

- Qui la demande ? Dis le flûtiste avec un air méfiant.

- Je suis Matt, quand j'étais enfant, je venais souvent écouter vos histoires avec mes amis de l'orphelinat.

- Oh oui, je me souviens de toi. C'est que tu as bien grandi, cela a faire plaisir à Gretel de te revoir et celui derrière toi qui est ce?

Loklace s'avança pour se présenter, mais Matt le devança.

- C'est un vagabond de passage, il a eu envie de connaître son avenir du coup, je lui ai dit que Mama Gretel pourrait sûrement le lui révéler.

- Tu la trouvera dans sa roulotte celle avec les violettes peintes sur la devanture. Fais attention est de mauvaise humeur aujourd'hui, on vient de recevoir un avis d'expulsion.

Matt remercia le flûtiste et se dirigea vers la roulotte. En chemin, Loklace félicita le garçon pour sa réaction, il avait très vite appris sa première leçon. Arrivé à la roulotte, Matt toqua à la porte. Une voix de femme assez âgée leur dit d'entrée, ce que firent les deux chevaliers. La roulotte n'était pas bien grande ni très haute, la tête de Sir Loklace qui mesurait bien 1m85 touchait presque le plafond. Mama Gretel était assise dans une chaise longue et fumait la pipe les yeux rivés par la fenêtre qui donnait sur la place où dansaient ses semblables.

- Bonjour Matt, que me vaut ta visite et surtout qui est ce bel étranger ? Demanda Gretel sans se tourner vers ses invités.

- Comment avez-vous fait pour me reconnaître si vite, la dernière fois que je suis venu vous rendre visite, je devais avoir à peine neuf ans.

- Sache que même si les années passent, une personne ne change jamais vraiment, pour moi, tu seras toujours le petit garçon de l'orphelinat qui venait écouter nos histoires de voyages.

Face à la gentillesse de Gretel, le jeune chevalier regretta amèrement de ne pas être revenu plus tôt, à vouloir absolument réaliser son but, il en avait oublié d'où il venait.

- Vous n'avez pas changé non plus mama. Je vous amène cet homme, car il aurait quelque chose à vous demander.

Mama Gretel se tourna vers Loklace et plongea ses yeux dans les siens. Elle afficha un sourire édenté. Le chevalier remercia Matt et pris les devants, son visage était devenu des plus sérieux.

- Chère Madame, je me nomme Loklace Deloc, major chevalier au service de la famille royale. Je viens vous demander un service et c'est de la plus haute importance.

Le visage de Gretel se rembrunit, elle cracha une volute de fumée qui fit tousser Matt.

- Je vous écoute, mais je vous préviens que si cela ne me plaît pas, vous pouvez retourner d'où vous venez. Nous les gens du voyage n'avons été traité que trop misérablement par la noblesse de votre cité. Vous nous prenez pour des moins-que-rien, la haute société préfère aller à l'opéra, assister à des représentations artistiques et théâtrales, quant à nous, vous nous autoriser à faire nos spectacles qu'en-dehors de la ville.

- Je comprends votre colère et j'y compatis, hélas, je ne peux rien y faire. C'est le sénat qui décide des lois, nous les soldats notre voix ne compte pas quand bien même notre statut est assez haut dans la hiérarchie. Si vous désirez que les choses changent alors écoutez ce que je vais vous demander car cela concerne le royaume, non peut être le pays tout entier.

- Très bien, je vous écoute.

Le major tira une chaise pour faire face à la bohémienne qui avait posé ses coudes sur la table la tête reposant sur ses deux mains croisées.

- Il y a deux semaines, la santé du roi Mélior s'est dégradée, le peuple n'est pas au courant pour éviter que cela ne s'ébruite jusqu'aux provinces frontalières. Certes, le roi est âgé, il fêtera bientôt ses 75 ans et pourtant grâce au bon soin de nos médecins, il a toujours eu une santé de fer. Cependant, pour une raison inexpliquée, il y a deux semaines, il tomba gravement malade et depuis, il est alité jour et nuit. Même nos meilleurs médecins ne comprennent pas la provenance de sa maladie. À la demande du Valido qui craint le pire, il m'a ordonné d'aller trouver votre peuple, car nous cherchons des renseignements, des informations qui seraient utile pour comprendre cette maladie et d'où elle provient. Paraît-il que la connaissance des Bohémiens dans les arts divinatoires n'est plus à prouver ?

Mama Gretel se mit à rire à gorge déployée a tel point que les larmes lui montèrent aux yeux. Elle eut beaucoup de difficultés à reprendre son souffle, Matt se retint lui aussi d'éclater de rire pas à cause de l'histoire de son instructeur, mais parce que le rire de Gretel était contagieux. Face au mécontentement de Sir Loklace, la voyante reprit un air sérieux.

- Excusez-moi pour mon manque de politesses, mais je n'arrive pas à croire que c'est le Valido qui vous envoie, celui-là même qui ne veut pas de nous. Serai ce une blague ? Il refuse notre présence à l'intérieur de la ville et maintenant, il désire notre aide, c'est hors de question.

- Madame, je vous en prie, laissez votre rancœur de côté ne serait ce qu'un instant. S'il existe un moyen de comprendre ce qu'est la maladie du roi, vous devez nous le dire, insista Loklace.

Mama Gretel poussa un long soupir, elle tira un tiroir d'une commode placé derrière elle et en sortit un tas de cartes qu'elle déposa sur la table ronde. La voyante demanda à Loklace d'en prendre huit et de les déposer face cachée au centre de la table. Le major s'exécuta, une fois fait, Gretel retourna les cartes une à une sur l'autre face.

- Hummm... Je vois. Plus elle avançait dans la lecture des cartes, plus son visage se décomposait.

- Que voyez-vous ? Est ce grave ? Demanda Matt

Mama Gretel prit le tas de cartes, en tira quelques-unes et les déposa les unes sur les autres.

- Ce que je peux vous dire, c'est que la crise qui se déroule actuellement à Provos n'est que le commencement d'évènements dramatique qui chambouleront le monde.

- Je ne comprends pas, dit Loklace. Vous pouvez être plus explicite.

Mama Gretel regarda successivement le Major puis Matt, elle insista longuement sur ce dernier. Le garçon se sentit gêné par son regard.

- Regarder ça, dit Mama Gretel en montrant une carte avec une tête-de-mort en son centre et un flacon en dessous.

- Du poison ? Questionna Loklace

- Pas que regarder en bas à droite en arrière-plan, que voyez vous ?

- On dirait un homme, un individu sans visage et recouvert d'une longue cape noire. Oh !

- Cela te dit quelque chose mon garçon ? Demanda Gretel

- Durant le tournoi, entre la première et la deuxième épreuve, j'ai vu un individu similaire avec un masque sur le visage. Il ne cessait de me regarder, mais personne dans les tribunes ne semblait l'apercevoir.

Le Major regarda l'image de l'individu les yeux plissés, personne n'avait mentionner un homme vêtu d'une cape noir pendant le tournoi. Qu'est-ce que cela signifiait ?

- Vous pensez que cette personne aurait empoisonné le roi ? Qui aurait pu faire ça et dans quel but ?

La Bohémienne rangea le jeu de cartes dans la boîte.

- Je ne sais pas, peut être pour répandre le chaos ou perturbez l'ordre établi. Je ne suis pas dans sa tête comment voulez vous que je le sache. Cependant, si vous désirez sauver votre roi, il y a peut-être de l'espoir. Il existe un village à deux jours de cheval d'ici il s'appelle Alone. Prêt du village se trouve la fôret de Doucelune où jaillirait une source miraculeuse pouvant guérir toute les maladies.

- Doucelune, comme dans le conte ? La forêt se trouverait près d'Alone ? Mais pourquoi vous ne me l'avez pas dit dès le départ.

- Vous ne m'avez pas précisé que vous cherchiez un remède, vous m'avez demandé à obtenir des informations sur la maladie, c'est différent.

Sir Loklace regarda la Bohémienne comme si elle se payait sa tête puis il fit signe à son apprenti qu'il était temps de partir.

- Si ce que vous dites est vrai, alors c'est la bas que je dois aller. Merci pour ces informations.

- Un conseil ne vous séparez pas de Matthias, il aura un grand rôle à jouer dans les événements qui vont suivre.

Matt se pointa du doigt étonné par son importance, le major se tourna vers lui le regard interrogateur puis acquiesça d'un signe de tête. Les deux chevaliers prirent congé de Mama Gretel et s'apprêtèrent à sortir de la roulotte quand cette dernière s'adressa au jeune garçon.

- Attends Matt, j'ai une dernière chose à te dire. Le cirque partira dans deux jours, nous avons reçu un avis d'expulsion et devons quitter la ville d'ici 72 h. Comme on ne désire plus notre présence, nous avons décidé de rentrer au pays. Si toi et tes amis avez besoin d'aide un jour, venez nous voir à Mirapolis, notre porte vous sera toujours ouverte.

L'adolescent se demanda pourquoi lui et ses amis auraient besoin d'aide, mais vu le ton insistant de la voyante, il accepta la proposition. Matt et Sir Loklace sortirent de la roulotte, le major lui demanda de l'attendre ici, car il devait faire part de ce qu'il avait appris au valido. L'apprenti chevalier se promena parmi les différentes roulottes en attendant le retour de son supérieur. Il s'arrêta devant l'enclos des éléphants et regarda de derrière les barreaux un homme mettre une énorme quantité de foin à leur disposition. Un peu plus loin de l'enclos, un homme au teint oriental s'entraînait cracher du feu et encore plus loin un autre tentait de dresser des petits lionceaux en les faisant sauter à travers des cerceaux. Par sa fenêtre Mama Gretel tout sourire regardait le jeune chevalier redécouvrir la vie des artistes du cirque, elle repensa à la conversation qui avait eu lieu. Elle avait omis d'annoncer au garçon que son rôle, il le partagerait avec une autre personne. Son visage s'aggrava, elle s'inquiéta soudainement de lui avoir déposé une trop grande charge sur les épaules.

Sir Loklace mit près de deux heures à revenir, il retrouva Matt près du feu au côté d'une femme qui fabriquait un panier en osier, entre temps, le Major s'était changé et avait revêtu une veste blanche au bouton doré, un pantalon noir et des mocassins de la même couleur que la veste. C'était la tenue officielle des chevaliers du lys. Il tirait par la bride deux chevaux, des étalons. Loklace déposa un sac au pied de Matt et lui demanda de se changer, à partir de maintenant, ils allaient parcourir le royaume, ils devaient montrer qu'ils faisaient partie des officiers de Medellin. Le garçon se rendit dans une roulotte et revêtit une veste bleue, un pantalon noir et des bottes de la même couleur. Quand les petits Bohémiens l'aperçurent, ils applaudirent son élégance. Le jeune noir se gratta la tête gênée par sa propre prestance. Sir Loklace sourit face à la scène puis monta sur son canasson, suivit de son apprenti qui grimpa sur le sien un peu maladroitement. Matt dit au revoir au Bohémien et indiqua à son cheval de suivre celui de son instructeur qui était déjà parti au triple galop en direction du village d'Alone.

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